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«Il peut y avoir une exploitation propre et de genre de gisements»
Nasser Rarrbo. Ancien cadre supérieur à Sonatrach
Publié dans El Watan le 19 - 12 - 2011

Nasser Rarrbo est un ancien cadre supérieur à Sonatrach et secrétaire général de l'Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH). C'est aussi un ancien membre de l'Union internationale de l'industrie du gaz (UIIG).
-D'abord qu'est-ce que le gaz de schiste ?
Il faut préciser que le gaz de schiste, c'est du gaz naturel qui est tout à fait identique au gaz naturel dit «classique» ou conventionnel (c'est-à-dire constitué à plus de 97% de méthane) que distribue par exemple Sonelgaz dans les foyers et industries algériens et qui provient en majorité de Hassi R'mel. Il présente les mêmes caractéristiques que le gaz naturel classique et il sert aux mêmes usages tels que la production d'électricité ou le chauffage domestique.
La principale différence réside entre les 2 types de gisements : conventionnel et non conventionnel. Cette différence se situe dans la perméabilité des roches dans lesquelles le gaz naturel est retenu prisonnier.
-Les Etats-Unis ont été les premiers à exploiter le gaz de schiste au point de bouleverser le marché mondial du gaz. Comment évoluera cette industrie naissante dans le monde ?
D'abord, juste une petite précision, il n'y a pas de marché mondial du gaz comme pour le pétrole brut.
Mais il existe 3 grands marchés régionaux (Amérique du Nord, Europe et Asie Pacifique). Bien sûr, ces marchés ne sont pas cloisonnés, mais ils ont leur propre logique de fonctionnement.Et des échanges de certaines quantités de gaz naturel peuvent avoir lieu, en fonction des prix spot de ce produit dans la région et sans grand impact sur le marché.
Pour revenir à votre question, il faut dire que l'Amérique du Nord est le plus grand marché du gaz naturel au monde, avec 30% de la consommation mondiale. Contrairement au pétrole, le gaz consommé en Amérique du Nord provient quasi exclusivement de la production locale. En 2008, 77% du gaz provenait des USA et 22% du Canada et seulement 1% d'importation en GNL. De ce gaz consommé, plus de la moitié de la production domestique (soit 300 milliards de mètres cubes en 2008) provenait des gaz non conventionnels.
Et l'avenir est des plus prometteurs pour ce type de gaz : les réserves prouvées sont estimées à 3600 milliards de mètres cubes et ont permis de plus que doubler l'estimation des ressources disponibles en Amérique du Nord, à 85 000 milliards de mètres cubes. Le gaz de schiste devrait représenter, selon l'AIE, 60% de la production américaine en 2030 et 15% de la production mondiale.
Si le US Department Of Energy (DOE) prévoyait, il y a quelques années, un recours important d'importations de GNL, celles-ci, en fait, ont chuté de 22 à 8 milliards de mètres cubes, entre 2007 et 2008, réorientant les quantités disponibles de GNL vers l'Europe.
En 2009, soit en l'espace d'une année, les Etats-Unis sont devenus le premier producteur de gaz dans le monde, déclassant la Russie qui se retrouve en 2e position. Selon les estimations de l'AIE, les Etats-Unis ont produit en 2009, 624 milliards de mètres cubes (soit + 3,7%) sur un an et la Russie 582 milliards de mètres cubes (-12%).
De plus, les Etats-Unis vont devenir exportateurs ! La société Cheniere Energy Partners vient de signer il y a quelques jours avec l'espagnol Gas Natural Fenosa un contrat de vente de GNL de 5 milliards de mètres cubes par an pendant 20 ans (à partir de 2017). Ce contrat vient après celui signé avec BG Group signé en octobre 2011 pour la livraison de 3.5 millions de t/an de GNL.
Dans le monde, l'AIE estime les réserves globales de gaz non conventionnels à 921 000 milliards de mètres cubes, soit plus de 5 fois les réserves prouvées de gaz naturel conventionnel.
-Cette industrie n'en est qu'à ses premiers balbutiements, mais elle est sujette à de nombreuses polémiques pour son impact sur l'environnement. Est-ce que cette menace est exagérée ? Le gaz de schiste est-il plus polluant que les autres produits énergétiques ?
Tout à fait d'accord. Cette nouvelle industrie fait actuellement l'objet de vives polémiques entre l'industrie et les défenseurs de l'environnement. Il n'y a qu'à voir les moratoires qu'ont lancés les gouvernements français et du Québec sur l'exploration des gaz de schiste.Mais précisons que ce n'est pas le gaz de schiste qui est la cause de la pollution, n'oubliez pas que c'est du gaz naturel comme celui que distribue Sonelgaz. Par contre, c'est l'utilisation de la fracturation dite hydraulique qui se fait par injection d'eau (2000 à 20 000 m⊃3; par cycle de fracturation) sous forte pression (plus de 76MPa) avec du sable fin et des produits chimiques pour empêcher les fractures de se refermer qui est remise en cause.
La polémique s'est amplifiée aux Etats-Unis quand six Etats ont réuni des preuves sur plus de 1000 cas de contamination de la nappe phréatique. C'est ce que révèle le film documentaire Gasland réalisé par le cinéaste Josh Fox, qui a voyagé dans 32 Etats des USA pour rencontrer des habitants touchés par l'exploitation des gaz de schiste.
Il faut d'abord souligner que cette industrie naissante s'est développée, pratiquement sans balises réglementaires aux USA (pays de la libre entreprise et du free mining où l'Etat n'est pas propriétaire du sous-sol). D'autre part, ce sont de petites sociétés et des indépendants qui l'ont développé, en minimisant les coûts pour des gains très rapides.
Ainsi, vous avez les ingrédients pour la survenue d'accidents écologiques et autres. Il faut également souligner que la liste des produits chimiques qui sont injectés dans la fracturation hydraulique est confidentielle et relève, d'après l'industrie, d'un secret de production.
Le principal problème est la contamination des nappes phréatiques principalement par du gaz naturel et à un degré moindre par quelques produits chimiques. Or, les nappes phréatiques se situent à une profondeur de 100 à 200 mètres de la surface ; et les gisements de gaz de schiste se situent à des profondeurs de 1000 à 3000 voire 4000 mètres. Et c'est à ces profondeurs que se réalise la fracturation.De plus, lors du forage, le puits doit être cimenté surtout sur les 200 premiers mètres, pour éviter tout contact avec la nappe phréatique.
Ainsi, si la nappe phréatique a été contaminée, c'est que les tubes et la cimentation des parois du puits ont été mal faits. Pourtant, il existe des méthodes de vérification notamment par la diagraphie du puits.
De mon point de vue, un encadrement et une efficace réglementation technique en la matière, ainsi que la communication de la composition des fluides de forages par les acteurs de l'industrie, constituent des conditions préalables à une exploitation qui respecte l'environnement et la sécurité. Il peut y avoir une exploitation propre de ce type de gisements.
-L'Algérie a annoncé le lancement d'une opération pilote d'exploration du gaz de schiste pour 2012. Est-ce qu'elle peut devenir un acteur important dans ce nouveau marché ?
Il est toujours un peu délicat de répondre à ce genre de question tant que l'on n'a pas réalisé des travaux d'exploration pour avoir une idée des potentiels. Un ancien responsable de la Division exploration de Sonatrach m'avait dit au début de ma carrière :
«On ne connaît réellement les capacités d'un gisement que lorsque le dernier baril (ou la dernière molécule de gaz) sera produit, à ce moment-là, on pourra dire ce gisement contenait tant de réserves».
Ainsi, l'agence en charge de l'énergie aux Etats-Unis (Energy Information Administration) a rendu public en 2011 un rapport donnant le potentiel de développement des gaz de schiste en étudiant 48 bassins dans 32 pays (hors des Etats-Unis). Le rapport s'intitule «World Shale Gas Resources : An Initial Assessment of 14 Regions Outside the United States».
Le rapport a estimé les réserves techniquement extractibles de gaz de schiste. Parmi les 48 bassins étudiés, figure le bassin de Ghadamès qui couvre le Sud-Est algérien, le Sud tunisien et l'Ouest libyen. Les réserves techniquement extractibles de gaz de schiste pour l'Algérie sont estimées à 6 223 milliards de mètres cubes, soit plus que les réserves de gaz naturel conventionnel.
Mais il faut signaler que le niveau de connaissance des réserves mondiales de gaz de schiste est encore faible, l'intérêt pour cette ressource étant relativement récent.
Pour revenir au bassin de Ghadamès, je voudrai juste signaler qu'une petite société canadienne, la Cygam Energy Inc. et Perenco Tunisia viennent de réaliser avec succès le premier forage et la première fracturation hydraulique dans un réservoir de gaz de schiste dans le champ de El-Franig dans le bassin de Ghadamès (sud tunisien). C'est la première fracturation hydraulique d'un réservoir de gaz de schiste réalisée dans le nord de l'Afrique.
Pour l'Algérie, il faut attendre les résultats des travaux d'exploration qui seront entamés en 2012 par Sonatrach et ENI pour avoir une idée des potentialités en gaz de schiste que recèlerait notre pays.


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