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«L'Algérie doit d'abord œuvrer pour la valorisation de ses réserves en gaz conventionnels»
Reghis Rabah. Consultant, économiste pétrolier
Publié dans El Watan le 19 - 12 - 2011

-Est-il judicieux pour l'Algérie de se lancer dans l'exploitation du gaz de schiste ?
Il s'agit plutôt de rentabilité et de vision stratégique en matière de politique gazière. L'Algérie dispose de 761 754 km2 de terrain vierge auquel il faudrait ajouter plus de193 610 km2 déjà en prospection. Elle doit d'abord œuvrer pour la valorisation de ses réserves en gaz conventionnels par attirer plus d'investisseurs dans ces zones. Elle vient justement de faire en octobre dernier une importante découverte d'un gisement de gaz condensat près de Béchar. Une autre découverte en association avec Ruhras et E§P Gmbh est en cours de délinéation dans le bassin de Berkine près d'Illizi. Quant à l'exploitation du gaz de schiste, elle est actuellement très controversée dans le monde.
Tous les pays, y compris la Russie Fédérale, vont l'abandonner. La France qui couvre ses besoins en gaz à 98% des importations vient de le faire, il y a un près d'un mois. Le peu de pays qui continuent à l'exploiter le font par manque de substitution comme le cas de la Pologne. Dans le fond, il existe une forte poussée des verts qui contestent son mode d'exploitation comme celui du gaz du charbon d'ailleurs. Pourquoi ? Parce que le gaz dit conventionnel se forme d'abord dans des roches dites «mères», il migre par la suite vers d'autres roches «réservoirs». Ces dernières sont poreuses et perméables. Pour ne pas laisser échapper ce gaz à travers les fissures vers la surface, elles sont couvertes par des roches dites «couvertures».
Un simple forage vertical suffit de le diriger vers la surface. Le gaz de schiste, quant à lui, se forme de la même manière dans des argiles ou marnes litées feuilletées, mais très peu perméables. Donc, il ne les quitte pas. Pour soutirer ce gaz, la seule solution est de descendre jusqu'à cette roche mère et de la casser (fracturer) en utilisant une technique dite de fracturation hydraulique pour permettre à ce gaz de s'échapper vers le haut. Cette opération se fait avec de l'eau très chaude mélangée à du sable qui permettra aux fractures de rester ouvertes et surtout à très haute pression. Il faut des compresseurs puissants et 10 000 à
15 000 m3 d'eau par forage.
Cette quantité est difficilement disponible, car la plupart des gisements dans le monde sont situés à proximité des centres urbains. Pour bien pénétrer la roche, les forages verticaux sont couplés à d'autres, horizontaux. Ce maillage dégrade le paysage. L'écart de pression entre la tête et la couche est tellement important qu'une petite fissure dans le ciment de l'espace annulaire du puits peut permettre à coup sûr à ces gaz d'y s'échapper pour contaminer les nappes phréatiques.
Ces deux inconvénients majeurs ont découragé de nombreux pays à ne pas l'exploiter pour le moment jusqu'à l'apparition d'autres techniques. L'Algérie, qui ne maîtrise pas cette fracturation hydraulique, déjà en difficulté, n'a aucun intérêt à s'y encombrer opérationnellement et risquer de compromettre les réserves d'eau pour les générations futures.
Ensuite, l'Algérie investit depuis 1963 dans des infrastructures diverses : recherche, extraction, transport, liquéfaction et traitement divers. Son objectif est la valorisation de son gaz et ne trouve nullement son compte dans des créneaux sans avenir. Elle maîtrise les quatre procédés de liquéfaction et en dispose des unités pour cela. Tout le pôle oranais est dédié à ce genre d'activité, dont la première unité de liquéfaction (Camel) a été lancée en 1964.
Elle s'est fortement expérimentée dans les différents modes de transport et dispose de filiales spécialisées pour cela. Des sommes considérables ont été investies dans des infrastructures portuaires. Ces efforts ont fait d'elle, à travers elle, sa société nationale Sonatrach la première compagnie en Afrique, classée 12e dans le monde. Elle est le 4e exportateur mondial de GNL, 3e en GPL et 5e en gaz naturel. Ce palmarès devra l'encourager à l'expertise du domaine dans lequel elle excelle au lieu de s'aventurer dans l'inconnue.
-Quel est le potentiel du gaz de schiste en Algérie ?
Il est très difficile d'avoir en Algérie des chiffres crédibles sur ses potentialités. L'expérience de la polémique autour des réserves de pétrole est édifiante. Cependant, le ministre de l'Energie et des Mines lors de la conférence organisée par Cambridge Energy Research Assocites, qui s'est tenue en mars 2011, a précisé à un journal américain que l'Algérie disposait de réserves de gaz de schiste qui peuvent dépasser de très loin certains champs américains. Or, l'Amérique du Nord dispose des réserves en gaz de schiste évalués à plus de 115 trillions de mètres cubes contre à peine 9,9 trillions de mètres cubes de gaz conventionnel. Le total mondial des réserves en gaz de schiste est estimé à 349,5 trillions de mètres cubes contre 187,1 trillions de mètres cubes de gaz conventionnel. Par recoupement donc, on peut situer le potentiel de gaz de schiste en Algérie à plus de 7,5 trillions de mètres cubes contre 4,5 trillions de mètres cubes de gaz conventionnel.
-Le gaz de schiste peut-il constituer pour l'Algérie à long terme une source de revenu importante ?
Tout dépend de ce que l'on entend par le long terme. S'il s'agit d'un horizon prévisible sur 10 ou 15 ans, la réponse est non, pour la simple raison que les prix du gaz et les techniques sur cette période n'auront pas suffisamment évolué pour permettre une exploitation rentable du gaz de schiste. Au-delà de cette période, les marchés du gaz seront complètement dérégulés. En effet, la dérégulation du marché gazier initiée aux Etats-Unis puis au Royaume-Uni et maintenant en Europe a largement remis en cause le système des transactions traditionnelles du gaz, car elle vise deux objectifs : d'abord maintenir un opérateur unique pour la gestion du transport et de la distribution de façon à ne pas dupliquer les réseaux.
Ensuite, ouvrir l'achat et la vente du gaz à la concurrence. Il en résulte tout d'abord une moins bonne visibilité sur le long terme par rapport à l'existence d'un opérateur unique par région ou par pays. En effet, la concurrence ne permet plus de savoir avec précision ce que sera pour chacun des opérateurs la demande dans 5 ans et encore moins dans 10 ans. L'idée de s'engager dans les contrats long terme devient ainsi plus risquée. Donc, la première conséquence de la dérégulation est la réduction des contrats de 10 et moins contre celui de 20 et plus qui se faisait auparavant.
La deuxième conséquence de ce processus et l'émergence d'un marché «spot» du gaz naturel qui permet des échanges ponctuels au jour le jour dans les principaux nœuds, qu'on qualifie couramment de «hub»
On peut citer le Henry hub aux Etats-Unis, le National Balancing Point (NBP) en Angleterre, Zeebrugge en Belgique et le Title Transfert facility (TTF) aux Pays-Bas. Il existera probablement un marché avec un prix directeur de gaz. C'est à ce moment-là qu'on pourra revenir à ces gisements de gaz de schiste parce que les prix deviennent intéressants et la technique de leur exploitation aura évolué.
-Quel impact aurait le développement de l'industrie du gaz de schiste sur le marché du gaz conventionnel ?
Il est clair que le gaz de schiste, pour les pays qui n'auront pas de contraintes sociétales pour le développer va inonder le marché gazier et sans aucun doute influencer son prix. Il faut souligner justement que les Américains n'ont pas caché leur intention dès le début de cette découverte en 2008. Le rapport Barclays, qui est une banque d'affaires spécialisée dans les analyses perspectives, déclarait que «les gaz de schiste vont établir et définir un nouveau coût marginal (plus bas) qui fera pression sur l'économie du gaz conventionnel. L'objectif, ajoute-t-il, est la surabondance de ce gaz sur le marché servant à maintenir les prix autour du niveau actuel.» Il se trouve que des contraintes d'environnement vont sans aucun doute contribuer à ralentir pour le moment le développement de cette ressource.
L'Algérie a pour le moment tout intérêt à développer le montage de partenariat pour s'imposer dans son marché traditionnel qui reste l'Europe de par sa proximité. Dans le forum des pays exportateurs de gaz FPEG, elle aura à surveiller les Russes pour leur gazoduc Southstream et qui ne sont que membres observateurs dans cette assise et le Qatar qui tente d'investir le marché européen. Ces deux pays totalisent, à eux seuls, près de 56% des réserves de l'ensemble des pays de ce forum. Les voies sont simples pour un pays comme l'Algérie qui n'a plus intérêt dans les contrats long terme. Elle doit monter des partenariats pour vendre son savoir-faire et lancer les jalons de l'après-pétrole, transformer son gaz pour créer de la valeur ajoutée, tenter de s'intégrer dans la distribution du gaz en Europe, et vendre là où le prix est le plus haut pour valoriser son gaz et non le brader quitte à le laisser dans le sous-sol.


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