Standard and Poor's (SP), la principale des trois grandes agences d'évaluation financière, qui laissait planer depuis décembre dernier le risque d'un abaissement des notes souveraines de la plupart des 17 Etats de l'Union monétaire, a fini par en dégrader neuf la semaine dernière, replongeant ainsi toute la zone euro dans la tourmente. Le coup le plus dur a été ressenti en France, deuxième économie européenne, privée au même titre que l'Autriche, de son prestigieux triple A et qui se retrouve notée AA+. Les notes de l'Italie et l'Espagne ont été dégradées de deux crans, celles de la Slovaquie, de Malte et de la Slovénie d'un cran, tandis que les dettes du Portugal et Chypre étaient reléguées au rang d'investissements «spéculatifs». L'Allemagne, la Finlande, le Luxembourg et les Pays-Bas ont pu conserver la meilleure note possible dans la zone euro, mais hormis l'Allemagne et la Slovaquie, tous les pays de la zone sont menacés d'une nouvelle dégradation d'ici fin 2013 par SP, selon la presse française.. L'abaissement de la note financière d'un pays se traduit, en principe, par une hausse des taux d'intérêt auxquels il refinance sa dette. Pour la France, la première épreuve déterminante est attendue jeudi. Paris espère lever 7,5 à 9,5 milliards d'euros, sur 178 milliards d'emprunts prévus cette année. Le Premier ministre François Fillon a estimé que la perte du AAA n'aurait pas de «conséquences immédiates pour la vie quotidienne des Français», soulignant dans un entretien au Journal du dimanche (JDD) le niveau «historiquement faible» des taux appliqués à la France, légèrement au-dessus de 3%. Il a ajouté que «la France reste un pays sûr» financièrement. La Commission européenne a jugé la décision de SP «aberrante» car tombée à un moment où le risque d'aggravation de la crise semblait s'éloigner. Pour se défendre, Moritz Kraemer, le responsable de l'agence pour la notation des dettes européennes a déclaré que «l'environnement politique dans la zone euro n'a pas été à la hauteur des défis croissants engendrés par la crise». Par ailleurs, «l'efficacité, la stabilité et la prévisibilité de la politique et des institutions politiques européennes ne sont pas aussi solides qu'il le faudrait», juge SP.Les dégradations de SP risque d'avoir de lourdes répercussions pour le Fonds européen de stabilité financière (FESF) qui risque lui aussi de voir son triple A s'envoler dans les prochains jours, souligne la presse française. Cela, alors même que le cas de la Grèce, épicentre de la crise depuis 2010 n'a pas été réglé. Les banques, engagées sur l'effacement de la moitié de la dette grecque qu'elles détiennent, menacent de revenir sur leur engagement à une restructuration volontaire. Faute d'accord, une faillite incontrôlée du pays pourrait intervenir fin mars. Mais les inquiétudes sur la zone euro devraient selon les experts de s'étendre au reste du monde et notamment les pays du Maghreb dont le tourisme et les transferts de fonds de leurs immigrés devraient en patir. A ce propos, l'économiste Camille Sari a souligné dans l'une de ses déclarations à la presse qu'en « en 2011, le nombre de touristes européens a baissé de 80 % en Egypte, de 40 % en Tunisie et au Maroc» Par ailleurs les transferts d'argent des émigrés maghrébins devraient se réduire. «En Espagne et en Italie, le niveau du chômage et la crise poussent beaucoup de Maghrébins à rentrer au pays. C'est à la fois une perte et un poids pour l'économie.» Pour l'ensemble du continent africain, on estime qu'il sera affecté par le biais des banques européennes, dont les prêts représentent 82 % de ceux accordés aux économies africaines, soit 380 milliards d'euros.