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Layadi Berbes (Mila)
Les oubliés de la montagne
Publié dans El Watan le 18 - 02 - 2006

La magnificence et la beauté fascinante des panoramas limitrophes qui s'offrent au visiteur à partir de Layadi Berbes, une commune de 99,48 km2, perchée à une altitude de 1100 m, détonnent curieusement quant à une terrifiante réalité qui n'a d'égale que les stigmates indélébiles de la décennie noire encore perceptibles chez les riverains.
La localité, que la bêtise humaine a affublée de commune, est distante de près de 50 km à l'extrême-ouest du chef-lieu de wilaya, et ressemble de prime abord aux petits hameaux nichés dans les massifs montagneux du Djurdjura ou des Aurès, comme elle peut rappeler, par bien des aspects, les paysages désertiques des sierras désolées du far west américain. Du haut de ce promontoire, l'on peut balayer du regard les chaînes montagneuses aux pics enneigés de la bande nord surplombant majestueusememt les communes de Tassala Lemtaï et Minar Zarazza frontalières avec la wilaya de Jijel. Au sud-ouest, se dressent les imposants monts d'Alfa (djebel El Halfa) à la végétation luxuriante, théâtre, entre 1957 et 1958, de combats acharnés livrés par les moudjahidine au colonialisme ; et à l'arrière-plan, vers les fins fonds ouest, apparaissent Djebels Babor (wilaya de Sétif). Et comme pour bien illustrer son implacable isolement au milieu de ces reliefs accidentés, voire hostiles, Layadi Berbes n'est desservie que par la grâce de quelques J5 et un bus de transport scolaire ; et n'est accessible que par le seul CW n°5 qui la relie, 12 km à l'est, à son chef-lieu de daïra, Aïn Beïda Ahriche et 15 km à la ville de Ferdjioua. Au sortir de la RN77A (Ferdjioua-Jijel), nous amorçons une pénible ascension au piémont de la montagne, en empruntant un chemin vicinal cahoteux qui devra nous faire accéder à Layadi Berbes-centre par une autre pénétrante, mais aussi à la découverte de Hammam Ouled Achour, surnommé Zouabak, la seule source de recettes qui engrange à la municipalité quelque chose comme 1,6 million de dinars par an auxquels s'ajoute le revenu dérisoire de la mise en location de 13 locaux commerciaux. Mais peine perdue, nous nous ravisons de poursuivre notre harassante aventure au bout de 8 km de montée, en raison à l'impraticabilité du parcours. Sur les 17 mechtas disséminées sur le territoire de la commune et qui lui sont rattachées, mechta Ayad, Aïn Defla et Hammam Ouled Achour sont les plus importantes agglomérations.
Désolation rime avec misère
Tout au long d'un autre itinéraire choisi par notre accompagnateur, Abdelmadjid Ayad, le P/APC en l'occurrence, il n'y a pas âme qui vive, sinon que le véhicule qui crapahutant sur ce chemin monstrueusement accidenté a dû s'arrêter au passage d'un troupeau d'ovins, dont la vieille conductrice risqua à notre direction un regard mi-indifférent, mi-curieux. De nombreuses maisonnées bâties en pierre et recouvertes de tuiles, sinistrement abandonnées, défilaient devant nous au fur et à mesure que nous progressions vers notre but. A quelques encablures du chef-lieu de la commune, objet de notre destination, nous croisions à proximité d'une école, sur un terrain vague faisant office d'aire de jeu, des potaches s'adonnant à des ébats joyeux qui nous dévisagèrent longuement. Vers 13 h, la localité est, à s'y méprendre, en état de siège. C'est à se demander si l'endroit n'a pas été déserté par la majorité de ses occupants. Les regards scrutateurs que nous décochaient quelques jeunes adossés en proie au désœuvrement trahissent le mal-vivre et la frustration sous ses multiples facettes. La désolation et le désespoir sont à l'évidence à leur paroxysme dans cette partie de la wilaya qui a évacué de son lexique, ironie du sort, à l'ère des miracles de l'Internet, jusqu'à la signification d'une salle de jeu ou des équipements de loisirs et de détente. « Pour tromper leur déprime et noyer leur spleen, la plupart des jeunes du village s'exilent chaque jour à Ferdjioua et ne rentrent chez eux que tard dans l'après-midi », nous raconte le maire.
La donne terroriste
De 12 000 âmes en 1977, la population de la commune de Layadi Berbes passera à 7672 en 1987 et 7198 en 1998. Aux attentes et espoirs bafoués longtemps entretenus par les citoyens et leurs vaines tentatives de sortir de la panade, est venue se greffer la donne de l'insécurité induite par les descentes punitives des hordes sanguinaires. La région a, à l'instar de beaucoup de contrées de l'Algérie profonde, eu son lot de victimes et de malheurs. Trois personnes, dont un ex-membre de délégation exécutive communale (DEC), ont été assassinées. Vers l'année 1995, un gendarme et un patriote ont été happés par la nébuleuse terroriste suite à une embuscade tendue à un convoi militaire, à la sortie est du chef-lieu de commune et qui a failli tourner au carnage, sans parler des enlèvements et des rackets. Plusieurs dizaines de familles habitant dans les douars isolés, tels mechta Benzerka, Ouled Redjem et Mordj Erromane ont pris, à leurs corps défendant, la poudre d'escampette abandonnant biens et maisons. Deux écoles primaires ont dû mettre la clé sous le paillasson tandis que deux autres n'ont jamais ouvert leurs portes en raison de la fuite massive de la population rurale craignant les représailles de l'hydre sanguinaire. Le P/APC résumera tout en métaphore cette situation de survie : « La communauté de Layadi Berbes a été colonisée à deux reprises : l'invasion française et la barbarie intégriste. »
Un développement à reculons
« Sans une prise en charge effective de l'épineuse équation des routes affreusement disloquées et l'indisponibilité d'assiettes foncières, la commune de Layadi Berbes ne sortira jamais de l'ornière », soulignera le premier responsable de l'APC. Hormis le dispositif attractif des projets de proximité et de développement rural (PPDR), qui a jusqu'ici permis à 93 bénéficiaires de lancer leurs projets en attendant l'établissement des décisions d'attribution pour les 72 dossiers récemment validés, sur un total de 900 demandes, le marasme socioéconomique est omniprésent et aucune perspective de relance ou de développement ne semble se profiler à l'horizon. Le secteur des forêts a, certes, réalisé un ambitieux programme de travaux sylvicoles qui a touché 100 ha ainsi que la plantation d'oliviers sur une superficie de 145 ha et la réalisation d'une fontaine publique, mais les habitants de la région d'Oued Lahbib, isolés de part et d'autre du oued qui porte le même nom, attendent depuis des lustres la réalisation d'un pont qui réglera le problème de l'enclavement. Pourtant, 33 familles de mechta Chouf et une quinzaine d'autres de mechta Boukhallad ont, selon l'édile, manifesté le vœu de rentrer au bercail en vue d'une éventuelle intégration au PPDR. « Le choix du terrain pour l'implantation de 20 locaux commerciaux et l'inscription d'un centre de santé, en 2003, censé renforcer les quatre salles de soins existantes, sont restés hélas un vœu pieux », nous confie le maire. Pourtant 50% à 60% de la population active émarge au chômage et les jeunes sont tout au plus réduits à faire tapisserie. En deux décennies, la commune n'a bénéficié, en tout et pour tout, que de 18 logements sociaux en 1987 et 20 évolutifs en 1993. « La municipalité de Layadi Berbes est évacuée de tous les programmes de développement. De l'argent de la relance économique au programme du président de la République, en passant par les perspectives prometteuses tant louées du quinquennat 2005-2009, il n'y en a point », résume notre interlocuteur. En rupture de ban avec les délégations officielles et les walis qui vont et viennent, c'est à se demander si la commune de Layadi Berbes, pourtant l'une des plus déshéritées circonscriptions de toute la wilaya, ne traîne pas derrière elle une quelconque malédiction. Le retour progressif des riverains qui ont subi les affres du terrorisme devra, de notre point de vue, inciter les pouvoirs publics à reconsidérer la copie du développement local à l'endroit des contrées oubliées qui pâtissent le plus du sous-développement, à travers la mise en œuvre de programmes spéciaux de relance socioéconomique. Même la zerda, traditionnellement organisée chaque année au mois de mai dans la région, est ressuscitée à la faveur de la paie retrouvée et des dizaines d'initiés venant de Tébessa, Khenchela et Batna y affluent pour s'attacher la baraka de cheikh Hadjizi et rester dans ses bonnes grâces. Une façon comme une autre pour les adeptes de Layadi Berbes d'exorciser la scoumoune en attendant... des jours meilleurs.


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