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Pour avoir des films de qualité, il faut créer un climat de liberté
Djamel Eddine Hazourli. Critique de cinéma
Publié dans El Watan le 30 - 03 - 2012

Pendant vingt-trois ans, Djamel Eddine Hazourli, critique de cinéma, a animé l'émission «Cinérama», la seule émission sérieuse et régulière sur le septième art de la radio algérienne. Un espace de débat et de réflexion sur le cinéma resté ouvert, y compris durant les années difficiles en 1990. «Cinérama» a été brusquement supprimée de la grille des programmes sans raison apparente. Mais Djamel Eddine Hazourli continue à s'intéresser plus que jamais au cinéma. Il est présent dans tous les grands rendez-vous du 7e art.
- Quelle importance a, selon vous, le Festival d'Oran du cinéma arabe (FOFA), le plus grand rendez-vous cinématographique actuellement en Algérie ?
L'existence même du festival est une réussite. Chez nous, un festival, qu'il soit sur le cinéma arabe, africain ou international, est nécessaire, vital. Nous avons besoin de festivals de cinéma pour faire revenir le public dans les salles de projection et lui faire (re)découvrir le septième art, le cinéma qui a des choses à dire. Un festival aide aussi à faire changer le regard du public qui s'est habitué à la télévision. Le cinéma n'est pas la télévision. Aujourd'hui, on ne sait pas faire la différence entre un téléfilm et un long métrage. C'est pour cela que lors des projections au Festival d'Oran, il y a eu des réactions d'un public de télé. Ceux qui aiment le cinéma doivent parler autour d'eux de ce qu'est un film et de ce qu'est la culture cinématographique. Tout cela doit revenir en Algérie. L'Algérie est le pays du cinéma. Nous sommes le seul pays arabe qui a eu un nombre élevé de prix dans les festivals internationaux malgré le peu de films produits. A Venise, Moscou, Berlin, Ouagadougou, Cannes et ailleurs… L'Egypte, qui produit dix ou vingt fois plus que nous, n'en a pas autant. L'Algérie a décroché autant de distinctions grâce à la qualité de son cinéma. Nous pouvons aller plus loin. Il faut découvrir de jeunes talents. La preuve est Abdelnour Zahzah. Il a suffi qu'il réalise un film intelligent (Garagouz), pour avoir plusieurs récompenses. Cela dit, le prix ne fait pas le cinéma, mais il aide à ouvrir les yeux. Nous sommes heureux lorsque l'Algérie réalise de bons résultats en football. Il faut avoir la même réaction par rapport à la culture.

- Que faut-il faire pour produire plus de films de qualité ?
Il faut d'abord aller vers les jeunes, leur laisser la libre initiative. Ils ont beaucoup de choses à raconter. Pour avoir des films de qualité, il faut créer un climat de liberté, créer des coopératives de cinéma à défaut de mettre en place des écoles. Cela peut se faire dans le cadre de l'ANSEJ. Le cinéma rapporte aussi de l'argent. Pourquoi ne pas donner aux jeunes la gérance des salles de projection après les avoir formés. Il est impératif d'avoir des salles de cinéma à l'intérieur du pays, à Tamanrasset, à Biskra, Timimoun... Je vis à Constantine et je n'ai pas cette occasion d'aller voir des films dans une salle. Alger est dotée de peu de salles de projection. Ces actions cinématographiques à l'intérieur du pays peuvent nous faire découvrir de jeunes talents. Nous avons aimé le cinéma à l'âge de huit ans. Si nos enfants ne regardent pas les films dans une salle à cet âge-là, l'avenir du cinéma est compromis en Algérie. Compromis aussi parce que nous n'avons pas de cinéma à l'école.

- Il y a des salles gérées par des communes, la plupart fermées ou abandonnées, alors qu'il est plus profitable qu'elles soient récupérées par le secteur de la culture…
Le jour où les maires ont pris en main les salles de cinéma, ce jour-là, l'activité dans ces lieux est morte. Les salles de cinéma ne doivent pas être gérées par les APC. Des APC qui ont d'autres chats à fouetter. Une salle de cinéma doit être sous la responsabilité de jeunes ou de moins jeunes qui sont formés pour le faire. Gérer une salle est un métier. Le ministère de la Culture doit récupérer toutes les salles. Ailleurs, les salles d'art et d'essai sont gérées par les ministères de Culture. C'est un service public. Le but n'est pas de gagner de l'argent. Les gestionnaires libres ont le droit de le faire en programmant des films qui peuvent rapporter des bénéfices… Le cinéma intelligent, le cinéma qui ouvre les yeux sur le monde et sur nous-mêmes, le cinéma attractif, le cinéma d'action vont tous ensemble. C'est une manière de «former» le public au septième art. Il reste que la diffusion cinématographique est l'affaire de l'Etat, ce n'est pas celle des indépendants.

- Faut-il créer une école de cinéma ?
Absolument ! Nous avons besoin d'une école de cinéma. Mais l'école, ce n'est pas tout. Il faut qu'il y ait de la passion pour le grand écran. L'école doit s'ouvrir à ceux qui veulent réellement faire du cinéma. Il est important d'assurer l'après-formation. Où va le jeune cinéaste ? Que fera-t-il ? Comment sera organisée la production de films ? Ces questions seront posées (…). Il y a un engouement des jeunes. Lorsque je faisais l'émission «Cinérama», beaucoup d'auditeurs, qui ont des idées, qui ont écrit des scénarii, m'appelaient pour faire du cinéma leur métier. Manquaient à ces personnes que les clefs que peut donner une école de cinéma où des cinéastes peuvent venir débattre sur leurs productions. A cela s'ajoutent les cours théoriques sur le septième art, son histoire, la critique, etc. Toutes les formes d'écriture cinématographique ont été faites. Aujourd'hui, on construit autour de toute cette culture cinématographique. Cela est également valable pour la littérature. Il est aussi important de construire une infrastructure pour le cinéma, des studios. Nous avons des espaces extraordinaires que tout le monde nous envie et qu'on n'exploite pas. On peut créer des postes de travail autour du septième art. En Egypte, le cinéma emploie presque un million de personnes. C'est une industrie florissante. La Turquie est en train de prendre le relais, y compris à travers la télévision. La Corée du Sud commence également à marquer sa présence dans les pays arabes à travers les séries télévisées doublées. On doit revenir à notre image à nous. Si cela continue, nos enfants, les adultes de demain, seront complètement «déculturés» (…). Pour ce qui est de la critique du cinéma, certains pensent qu'elle doit accompagner la production. Je suis contre. La critique est un métier à part. Il doit exister même si la production nationale est faible. Le critique, qui peut aider le spectateur à regarder intelligemment un film, y compris sur petit écran, est un fil liant le cinéma au public. Ce public doit lire constamment sur le cinéma. Le jour où un nouveau film est projeté, il sera au rendez-vous !

- Faut-il encourager la coproduction notamment entre pays maghrébins ?
L'Algérie a toujours été ouverte à la coproduction. Elle a aidé des cinéastes tunisiens, maliens, sénégalais, égyptiens… Mais il n'y a jamais eu de retour. Nous avons passé une période difficile durant les années 1990. Il y a une infrastructure au Maroc qu'il faut peut-être utiliser dans le cadre de la coproduction. Dans ce pays, où il existe une véritable industrie et où l'Etat aide le cinéma, il y a des studios en plein air et des studios fermés. Tout cela se répercute sur la qualité des films marocains produits actuellement. Il est important d'aller vers des partenariats entre les pays du Maghreb puisque les Tunisiens ont également une certaine expérience. Tourner ou monter au Maroc revient moins cher que de le faire en Italie ou en France. Actuellement, on constate qu'un long métrage est produit par six ou sept pays européens. Cependant, il faut que nous ayons nos propres moyens de production aussi.

- «Cinérama», émission phare à la radio, Chaîne une, que vous avez animée pendant des années à partir des studios de Constantine, a été arrêtée. Pourquoi ?
La manière avec laquelle l'émission a été arrêtée ne m'a pas plu. Ni merci ni au revoir ! Cela est blessant après plusieurs années de production et de relation avec le public. Vous connaissez les conditions de travail à la radio durant les années 1990. L'émission, qui a perdu un ami, Hakim Tâakoucht, assassiné par les terroristes, a joué un rôle de résistance au moment où les gens refusaient de passer à l'antenne. J'ai vécu des moments de grande émotion avec les auditeurs. Des femmes à la maison appelaient «Cinérama» pour parler des films. Pour moi, le cinéma est un prétexte pour rassembler les gens et créer des liens entre eux. Des personnes se sont connues à travers «Cinérama» parce qu'elles partagent la même passion, le septième art. Si l'équipe qui dirige actuellement la Chaîne une change, il est possible que l'émission revienne. Car on ne peut pas travailler avec des gens qui vous méprisent et qui, indirectement, méprisent le public, car ils ne se sont pas mis à son écoute Je suis un enfant de la radio où j'ai été formé. J'ai fait plusieurs émissions autres que «Cinérama». Celle-ci a réussi grâce à ma passion. Mais la passion ne suffit pas.


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