Le mémorandum d'entente que l'Union européenne et l'Algérie doivent signer bientôt dans le domaine de l'énergie pour aboutir à un partenariat stratégique devrait sceller des relations vieilles de près d'un demi-siècle. En effet, depuis 1964, le gaz algérien est livré sur le vieux continent sans interruption, malgré des situations exceptionnelles que le pays a vécues, notamment dans les années 1990. Cette donnée a fait en sorte que l'Algérie demeure un fournisseur fiable du continent européen, un statut reconnu par les observateurs et les analystes de l'industrie du gaz. La volonté de l'Union européenne de sécuriser ses approvisionnements et d'obtenir de ses fournisseurs traditionnels des garanties à long terme est légitime et se trouve au cœur de la politique énergétique de l'UE. Surtout dans son volet diversification des sources. Si le vœu de l'UE de sécuriser ses approvisionnements a été bien enregistré par les autorités algériennes, il reste que le secteur du gaz est très complexe par le volume des investissements qu'il nécessite. De par la nature du marché gazier qui n'est pas aussi «liquide» que le marché pétrolier, il est pratiquement impossible d'engager des investissements lourds sans garantie d'un débouché assuré. Sans cette assurance, le risque est grand de voir des investissements non rentabilisés. Et c'est là qu'intervient le principe du risque partagé ou la garantie d'un débouché, comme ce fut le cas avec les contrats à long terme qui avaient permis, durant des décennies, un approvisionnement sécurisé et des prix stables, loin des aléas de la volatilité du marché et qui ne pénalisent ni le producteur ni le consommateur. Ce schéma est aussi valable pour les énergies renouvelables puisque l'UE a marqué sa volonté de les inclure dans sa consommation énergétique à hauteur de 20% d'ici 2020. Pour l'Algérie, l'énergie produite à partir du solaire est une option pour l'exportation vers l'Europe. Sauf que là aussi, le partage du risque et l'assurance d'un marché sont deux éléments importants. L'ouverture du marché européen garantirait les investissements énormes que nécessite, par exemple, le projet Desertec et donnerait lieu à un équilibre des intérêts entre les deux partenaires. Le texte de l'accord, qui est pratiquement finalisé depuis le mois de janvier, doit être signé à Alger à l'occasion de la venue du commissaire européen à l'Energie, Günther Oettinger, dès que l'agenda le permettra. Il constituera la première étape d'un partenariat stratégique dont les effets devraient être bénéfiques pour les deux parties.