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Survivant mais paralysé
Violence routière
Publié dans El Watan le 03 - 08 - 2012

Toujours plus d'accidents, toujours plus de morts. La violence routière continue de faire des victimes. Ceux qui en réchappent sont souvent gravement blessés et doivent apprendre à «revivre» autrement, avec leur handicap. C'est le quotidien de Meriem, Abderrahmane et Linda.
Il est allongé sur son lit, la tête surelevée par des coussins. Il ne peut bouger ni les jambes ni les coudes et peut à peine faire remuer les doigts. Abderrahmane a 43 ans. Cela fait dix mois qu'il est hospitalisé. Sa paralysie ne disparaîtra jamais. L'hospitalisation permet juste d'éviter que les organes vitaux ne soient touchés. Il y a un an, Abderrahmane était agriculteur. Son exploitation de pomme de terre et de datte à Oued Souf lui permettait de faire vivre sa famille. Sa femme venait d'accoucher d'un sixième enfant. Un jour, il monte en voiture avec des amis. Le conducteur roule à plus de 160 km/h quand la voiture dérape dans un virage.
Le véhicule heurte un rond-point. Sous la violence du choc, la roue de secours, mal attachée dans le coffre, est projetée dans le dos de Abderrahmane. Le conducteur et l'autre passager sont indemnes. L'agriculteur, lui, est paralysé à vie. Aujourd'hui, son occupation quotidienne est la rééducation. Il muscle ses épaules avec les kinésithérapeutes pour arriver à se soulever dans son lit. Il faut le retourner sur son matelas toutes les trois heures pour éviter les escarres. Les infirmières lui ont posé une sonde urinaire. Il est complètement dépendant. Sa famille, sans aucune ressource désormais, doit compter sur la générosité des associations et de quelques cousins éloignés ; difficilement acceptable pour un père de famille. Abderrahmane refuse de se plaindre mais il a un message à faire passer : «Les gens font trop de vitesse. Il faut respecter le code de la route.»
Paralysie
En Algérie, les accidents de la route tuent plus de 10 personnes par jour. Mais ces chiffres cachent la réalité de ceux qui survivent, gravement blessés. Linda, 34 ans, a le visage souriant et paisible. Mais la vie de cette jeune femme de Tizi Ouzou est un combat permanent. Il y a deux ans, elle monte en voiture en famille. Quatre enfants et quatre adultes se serrent sur les sièges. «Le véhicule s'est engagé dans une descente pour semer un autre conducteur, mais les freins ont lâché, et il n'y avait plus de contact. La voiture est entrée à toute vitesse dans un mur», raconte-t-elle doucement. Ce jour là, Linda perd connaissance. Elle est opérée des cervicales et du fémur dans la journée. Elle se réveille à l'hôpital et découvre la gravité de l'accident par elle-même. «Je voulais me gratter le nez et je n'y suis pas arrivée. J'ai compris que je ne pouvais pas bouger. Je n'ai rien dit aux médecins, mais j'ai pleuré», sourit Linda. Pour l'équipe médicale, la jeune maman souffre de tétraplégie complète. Autrement dit, elle ne récupérera jamais. Mais au bout de 15 jours, les médecins constatent une légère amélioration. Il y a de l'espoir. Elle passe des heures à manier les poids pour renforcer le haut de son corps. «ça prend du temps, et parfois je n'avais plus de courage. Au début, j'ai récupéré très vite. Ensuite, il fallait des mois pour améliorer un petit détail. C'est décourageant», explique-t-elle.
Amputée
Une fois, elle a changé d'hôpital, parce qu'il n'y avait plus de place pour elle. Là, son état a régressé. «J'étais en colère, mais je ne baisse pas les bras, jamais !» Au bout d'un an et demi, Linda remarche, avec l'aide d'un déambulateur. Elle ne s'en contente pas pour autrant. «J'ai peur de tomber. Il faut que je renforce les muscles de mes jambes pour arriver à marcher avec des cannes. Je veux reprendre mon travail. Je n'aime pas être coincée entre 4 murs. Je veux sortir, blaguer, aller faire mes courses !» Malgré les améliorations, la jeune femme sait que l'accident a bouleversé sa vie et celle de sa famille. «Tout le monde autour de moi a dû changer de rythme, surtout mes parents. Ma mère est devenue ma garde-malade pendant six mois. Ce n'est facile pour personne.» Assise dans un fauteuil roulant, Meriem vit à Sidi Bel Abbès. En juillet 2011, elle roule sur l'autoroute et dérape en freinant devant une zone de travaux non annoncés. La voiture est complètement écrasée. Meriem tombe dans le coma. Les médecins l'amputent du bras droit. Ses jambes sont paralysées. Elle passe des périodes de plusieurs mois chez elle, entre deux hospitalisations. «Chez moi, il y a des escaliers. Alors mon mari et mon fils me portent», chuchote Meriem.
Contagieux
Le centre de rééducation de Tixeraïne, sur les hauteurs d'Alger, accueille les victimes d'accidents de la circulation grièvement blessées. Dans le pavillon des hommes, 10 patients partagent la même chambre. Eux n'en parleront pas. Mais le professeur Amara Djelloul qui dirige le service admet que beaucoup d'hommes vivent mal les conséquences de la paralysie, surtout l'incontinence et l'impuissance sexuelle. «Beaucoup de couples finissent par divorcer», explique-t-il. Quelquefois, la paralysie n'est ni comprise ni acceptée par la société. «Il nous arrive de faire des certificats de non-contagion pour permettre à des enfants d'aller à l'école», raconte le médecin, agacé. La vie quotidienne à l'hôpital peut aussi être pénible. «Nous n'avons que des salles de soins collectives avec des douches communes. Il n'y a aucune intimité», s'emporte le professeur. Les divertissements sont limités. Sur l'écran de télévision, des judokas en kimono bleu et blanc tentent de décrocher une médaille olympique. Dehors, quelques jeunes hommes sont réunis autour d'une partie de dominos. Le premier, allongé sur un lit, a perdu ses jambes en tombant d'un tracteur. A côté de lui, vêtu d'un tee-shirt rouge, un adolescent souriant fait tourner son fauteuil roulant. Il a 17 ans. En 2008, un accident de la circulation l'a rendu paraplégique. En face, un homme, lui aussi en fauteuil, est venu de Timimoune pour un contrôle. Il est paralysé depuis dix ans.
En tenue bleue, Bilal, 25 ans, est le dernier arrivé dans le groupe. Il y a deux ans, sa moto a été renversée par une voiture. Son ami, qui conduisait, est décédé. Lui s'est fracturé le bassin. Il arrive tout juste à marcher et malgré la rééducation, sa cheville est bloquée. Il a été opéré à nouveau cette semaine, alors il est revenu à l'hôpital. Bilal est célibataire. Depuis l'accident, impossible de travailler, alors il «bouge». Son quotidien, c'est l'ennui. «J'ai voulu remonter sur une moto un jour, et je me suis brûlé le mollet avec le pot d'échappement, rigole le jeune homme. J'ai compris la leçon. La moto, plus jamais.» Quelques mètres plus bas, au milieu des pins, le centre a aménagé un petit terrain de sport. Un parcours de marche accidenté, des toboggans pour les enfants et un terrain de basket. C'est là que trois patients se sont entraînés avant d'intégrer l'équipe nationale de basket handisport pour devenir champions d'Afrique. Quand le professeur Djelloul parle d'eux, son visage s'éclaire, un peu comme si ce stade donnait un peu d'espoir. «Je suis content», sourit-il.


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