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«Nous avons atteint le plafonnement qui précède le déclin»
Farid Hemida. Docteur océanographe, spécialiste en halieutique à l'Essmal
Publié dans El Watan le 27 - 01 - 2013

Dr Hemida nous apportait, en 2009, ses observations sur l'état, qu'il qualifiait d'alarmant, des ressources halieutiques en Algérie. Quatre années plus tard, la situation n'a guère changé à ses yeux.
- En tant que scientifique, comment voyez-vous la situation actuelle de nos ressources halieutiques ?

Il m'est difficile de répondre à cette question, vu que les résultats des campagnes d'évaluation n'ont jamais été mis à notre disposition. Cependant, je peux dire que les évaluations à l'aide de modèles analytiques réalisées par nos projets de recherche montrent que les différents stocks (pélagique, benthique) sont en déclin. Je peux vous affirmer donc que la situation des ressources halieutiques est alarmante. Les statistiques officielles du ministère de la Pêche, relevées par l'ancien océanographe, M. Lalami, qui était la référence en la matière à cette époque, montrent qu'entre 1964 et 1969, la production annuelle halieutique était de l'ordre de 20 000 tonnes. Dans les années 1970, elle est passée à 30 000 tonnes par an.
Pour les années 1980, je n'ai pas d'informations, mais durant la période allant de 1990 à 1996, la production était de 110 000 tonnes. Durant l'année 2001, il a été recensé 133 000 tonnes de production. Globalement, on peut dire qu'il y a eu augmentation de la production. Mais si l'on prend ces chiffres par périodes, on constate que l'évolution n'est pas exponentielle, puisqu'elle passe de 10% à 230% pour se stabiliser ensuite à un taux de 30% dans les années 2000. On sent de ce fait qu'il y a un plafonnement. Parallèlement à cela, il y a eu une augmentation de l'effort de pêche à travers l'augmentation du nombre de bateaux qui est passé de 300 à 5000 unités. Théoriquement, la production doit être proportionnelle à l'effort d'exploitation. Mais en pêche, il s'agit de «vivant» qui réponde à l'effort d'une certaine manière, jusqu'à un point optimal, puis tend vers la diminution. Le stock que nous exploitons, sous l'effet de l'augmentation de l'effort de pêche, va conduire à une production qui va en augmentation. Mais, après un certain moment, plus l'effort augmente, plus la production va diminuer. C'est le schéma classique de toute pêcherie. Actuellement, nous assistons à un plafonnement de la production qui précède le déclin. D'ici quelque temps, cela ne m'étonnerait pas que la production diminue encore plus.

- Quelles sont les espèces qui deviennent aujourd'hui rares ou qui auraient complètement disparu ?

Il y a des espèces qui se raréfient (tout le monde cite la sardine, ancien plat du pauvre), tous les clupéiformes sont concernés (allache, alose, anchois). Certains poissons ont complètement disparu des zones chalutées : le faux merlan (Micromesistius poutassou) par exemple. Il serait illogique de ne considérer ce phénomène de raréfaction ou disparition que pour les espèces d'intérêt commercial. Il existe certainement d'autres espèces marines appartenant à des groupes zoologiques différents qui subissent le même sort. Certains requins caractéristiques des barrières coralliennes se sont installés dans le bassin algérien et en ont disparu depuis les années 2004-2005. On ne saurait oublier de signaler l'apparition d'espèces complètement inconnues il y a quelques années et qu'on qualifie d'envahissantes ou d'exotiques : je mentionnerais des espèces qui ont fait l'objet de publications de ma part, entre autres la cornette bleue (Fistularia commensoni) en 2008, poisson qui semble se plaire dans nos eaux ; le poisson chirurgien (Acanthurus monriviae), le poisson cordonnier, le bossu, etc. Il y a aussi un crabe que tous les pêcheurs très renseignés sur la diversité faunistique n'ont jamais vu. Il s'agit du crabe Percnon gibbesi, observé par des scientifiques et par moi-même à Jijel et dans l'Algérois. Tout cela doit être considéré pour agir de manière appropriée et donc tous les acteurs de la scène pêcherie doivent contribuer pour apporter des éléments de réponse. La solution n'est pas entre les mains du biologiste ou du pêcheur, mais dans l'approche partenariale, qu'on qualifie aussi d'approche écosystémique.

- Comment devrait-on résoudre le problème de la surpêche ?

Le problème de surexploitation est facile à résoudre de façon à ce qu'il y ait un retour à la normalité. Il faut préciser que cette surexploitation est de type économique qui n'est pas très grave. Mais la surexploitation de type biologique est irréversible. Je pense qu'il faut aller vers un transfert de l'effort de pêche vers d'autres fonds et inciter, voire obliger, les pêcheurs à aller exploiter d'autres zones, après un travail de prospection qui, lui, relève des autorités. Il y a lieu aussi de rassurer les pêcheurs qui hésitent à aller vers ces nouveaux fonds par peur de risquer leur vie ou leur matériel. Certes, la marine intervient lorsque des marins sont en difficulté. Mais procède-t-elle aussi au sauvetage du bateau ? Nous avons également préconisé des mesures qui relèvent toujours de l'administration, comme la nécessité d'avoir une image nette et précise de la ressource. Nous savons qu'il y a actuellement 133 000 tonnes de production par année. Mais nous n'avons pas de détails sur cette ressource halieutique, de quoi elle est composée. Notre stock est plurispécifique et il nous faut une approche multispécifique à partir d'une collecte de données. Malheureusement, la collecte de l'information est mauvaise et se fait actuellement de manière globale. C'est la précision et le sérieux accordés à la collecte des données qui vont décider d'une bonne ou d'une mauvaise gestion de la pêche.
J'ai bon espoir que la nouvelle politique gouvernementale puisse remédier à la situation à travers les récentes orientations de la pêche.

- Que pouvez-vous nous dire sur la campagne d'évaluation faite par les Espagnols ?

La prospection que les Espagnols ont faite dans cette campagne est une prospection selon la technique de l'aire balayée. Ils ont évalué la ressource halieutique algérienne à 700 000 tonnes, mais nous ne savons pas comment on doit la gérer, du moment que nous n'avons pas des donnés détaillées telles que celles se rapportant à la mortalité des animaux marins, les espèces capturées et autres. C'est pourquoi je peux affirmer aujourd'hui que nous n'avons pas une connaissance approfondie de l'état de nos ressources halieutiques. La seule option raisonnable pour laquelle il faut opter dans de pareils cas est la prudence. L'administration du secteur est en train de mettre en œuvre, en priorité, des mesures sociales, notamment à travers des formules de l'Ansej. C'est quelque chose de louable. Mais cela ne doit pas se faire au détriment du stock. Elle a recruté des ingénieurs halieutes, mais les décisions qu'elle prend ne sont pas adaptées aux réalités du terrain-.


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