Deux établissements pénitentiaires vont être réalisés à l'avenir dans la wilaya de Boumerdès. Et pas n'importe où. Le premier sera implanté aux Issers, sur une surface à vocation agricole qui s'étend sur 5 hectares. Une parcelle qui se trouve sur la rive de l'oued traversant le côté ouest de la ville. Le choix de cet endroit pour abriter une telle infrastructure avait suscité moult interrogations au sein de la population locale. Les plus âgés des citoyens de la localité évoquent avec nostalgie l'époque où les terres de la région proliféraient en produits maraîchers. Aujourd'hui, tout est bétonné. Le mur de clôture de la future prison est visible à partir de la RN 12. «Je me demande pourquoi l'édifice n'est pas réalisé en amont pour préserver les terres agricoles, car si ça continue comme ça, il arrivera un jour où l'on ne trouvera même pas où cultiver une patate», prévient Seddik, un ancien cadre dans une entreprise étatique, qui se plaint, plutôt, du manque d'une bibliothèque et d'une maison de jeunes dans cette localité. L'on se rappelle que même la commission de l'agriculture de l'ancienne APW avait émis un avis défavorable quant à la réalisation, sur ce site, de l'établissement en question. «Le site devant abriter le projet est situé en dehors du PDAU. L'entreprise a entamé les travaux avant l'heure et sans le respect des procédures réglementaires», peut-on lire sur le rapport examiné par l'assemblée en janvier 2012. Le 2e établissement pénitentiaire sera, lui aussi, accueilli par un terrain fertile, précisément au lieudit Haouch El Rai, à 2 km à l'ouest du centre-ville de Khemis El Khechna. Le terrain prévu initialement s'étend sur 15 ha, mais un responsable local affirme «qu'il a été porté à 30 ha pour ériger d'autres infrastructures d'accompagnement». Les travaux de construction ne sont pas encore entamés car le terrain abrite des bidonvilles renfermant plus de 300 familles. «Heureusement qu'il y a des bidonvilles là-bas, sans quoi on aurait déjà bétonné les lieux», dira Belkacem, qui espère le transfert du projet vers un autre lieu. Une proposition qui a été d'ailleurs faite par des élus de l'APW sortante, mais qui n'est pas encore prise en considération pour préserver ces terres agricoles et nourricières. Il y a une semaine, le ministre de l'Agriculture a affirmé sur les ondes de la radio que «plus de 150 000 ha de terres fertiles ont été détournés de leur vocation première depuis l'indépendance».