Beaucoup de familles s'y sont installées depuis le début des années 1990 et leur nombre ne cesse d'augmenter. Les occupants des bidonvilles de la cité El Wiam se préparent à vivre un autre été suffocant. Leur baraquement de fortune est loin de les protéger de la canicule, qui s'annonce insupportable. L'année dernière, ils avaient beaucoup souffert dans leur demeure faite de rangées de parpaings et couvertes d'un toit en eternit. Des demeures qui les cachent des yeux des passants, tout en leur donnant le sentiment «d'habiter sur un trottoir». C'est du moins ce que nous avons appris auprès des habitants de cette cité, située entre deux routes et entourée de nouvelles constructions, constituées de villas et d'immeubles de plusieurs étages. Les habitants de la cité El Wiam, qui affirment avoir subi les affres de la décennie noire, indiquent que «la peur de mourir égorgés n'est plus, mais le malheur et le mal-vivre sont toujours présents». «Chaque jour, nous mourrons à petit feu», nous dira un père de famille, victime du terrorisme. «Je suis parmi les premiers à m'être installér dans ce site. Les responsables de la commune sont au courant de notre souffrance. Ils nous ont promis des solutions, sans que rien soit fait à ce jour», raconte-t-il. «A l'intérieur de la maison, nous entendons les moindres frémissements de l'extérieur. Chaque jour que Dieu fait, nous avalons des quantités énormes de poussière. Nos enfants sont malades, nos nuits sont agitées et nos journées insupportables», continue-t-il. D'autres habitants de ce bidonville se plaignent de l'oubli qui frappe cette cité «inhabitable». «Nous sommes des SDF d'un autre genre. Nous vivons sur la voie publique, avec l'avantage d'avoir un minimum d'intimité», ironise un jeune résidant. Ajoutant que la cité a été raccordée illégalement au réseau d'AEP, l'électricité est disponible et les foyers ont été branchés, par les propres moyens des occupants, à un réseau d'assainissement destiné aux quartiers limitrophes. Il n'empêche que les conditions de vie y sont insupportables. «Nous sommes vulnérables en été et en hiver», explique un résidant. En fait, la fragilité des toitures met les familles en état d'alerte à chaque précipitation. Pis encore, ces gourbis sont glacés en hiver et se transforme en chaudière l'été. Les habitants, qui y survivent, vivent dans l'espoir de jours meilleurs, mais loin de leur bidonville. «Nous avons rencontré tous les maires qui se sont succédé à l'APC. Nous nous sommes entretenus avec le wali délégué. Hélas, notre mal risque de perdurer encore durant de longues années.» La plupart des familles s'y sont installées depuis le début des années 1990 et leur nombre ne cesse d'augmenter. «Aujourd'hui, 40 familles habitent ces bidonvilles et leur nombre est appelé à augmenter encore davantage en raison des nouveaux mariages», explique-t-on.