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FEDJ-ERRIH
La face cach�e de Constantine Reportage r�alis� par Lyas Hallas
Publié dans Le Soir d'Algérie le 05 - 02 - 2007

Depuis l�ann�e 2000, la wilaya de Constantine a �radiqu� 6 818 habitations pr�caires. Les bidonvilles du Polygone, New York (4e-Km), Tennoudji� ont �t� ras�s, souvent dans des contextes de fi�vre �lectorale qui omettra, h�las, Fedj-Errih, le plus grand bidonville de la capitale de l�Est et non moins la plaie qui d�figure un versant paradisiaque du Vieux-Rocher. Situ� � quelques encablures seulement du centre-ville, Fedj- Errih est, cependant, une contr�e isol�e qui jouxte les anciennes carri�res de la cit� de l�Emir-Abdelkader (ex-faubourg Lamy) sur le versant rocheux � l�est de la ville de Constantine. Des gourbis � perte de vue incarnent, on ne peut mieux, la mis�re et les conditions de vie tr�s difficiles. Le site abrite 1 280 m�nages selon les chiffres officiels, 1 360 d�apr�s certains habitants de ce bidonville et peut-�tre moins de 1 000, selon d�autres. A ce jour, l�administration n�a proc�d� � aucune enqu�te et/ou recensement fiables dans ce ghetto peupl� de citoyens de divers horizons. Des fonctionnaires, des marchands de l�gumes, des ma�ons, des maquignons� y vivent depuis le d�but des ann�es 1970 dans des taudis inhabitables. Reportage.
�Respirer. C�est ce qui fait la diff�rence entre nous et les morts�, se lamente une m�re de famille, la cinquantaine, au seuil de son gourbi. Sa baraque compos�e de deux �pi�ces� est mont�e de mat�riaux pour le moins insolites. Un assemblage d�cousu de parpaings, plaques de zinc, barriques, pneus, madriers� ceinture le gourbi � moiti� enfoui sous terre, abritant une famille de sept personnes. Les fissures transcendent les murs de haut en bas, entre autres, en raison du glissement permanent du terrain accident� de cette contr�e. Elles sont assez �vas�es qu�un rat peut facilement y p�n�trer. M�me sch�ma � l�autre c�t� de la cour o� les murs de la �cavit� utilis�e comme cuisine sont fonci�rement l�zard�s. Un large creux, �uvre d�un rongeur, transpara�t sur l��cuelle en bois. La bonne dame rompt de nouveau le silence et livre son t�moignage : �La chaleur d��t� est intenable sous le toit en zinc. Les reptiles partagent notre g�te et menacent en permanence la vie de nos enfants. C�est aussi le calvaire en hiver. Cette ann�e, Dieu nous a pr�muni jusqu�ici, fort heureusement, par un climat tendre en pleine saison de froid. Parce que, c�est en hiver que notre souffrance devient insurmontable. Le vent � nous sommes � Fedj Errih � souffle de tous les c�t�s. Aller aux "toilettes" ou se d�placer d�une pi�ce � l�autre rel�ve vraiment de la torture. Quand il neige, nous ne pouvons m�me pas dormir au risque de voir cet abri s�effondrer sur nos t�tes�, d�plore-t-elle les larmes aux yeux. Elle d�voile les crins de ses cheveux gris pour dire qu�elle a v�cu 27 ans dans ce bidonville� depuis son mariage. �Ce qui m�encourage � d�fier cette mis�re est le fait que mes enfants ont tous r�ussi � acc�der � l�universit�. La petite Khadidja est excellente au primaire et j�esp�re qu�elle go�tera un jour aux avantages d�une maison d�cente pour poursuivre ses �tudes dans la dignit�, poursuit-elle en invitant son fils � montrer sa carte d��tudiant, question d�appuyer ses dires. La porte de la baraque d�� c�t� ne se ferme pas. Le g�te en entier est soutenu de l�ext�rieur par des madriers enfonc�s dans le sol. C�est le cas de la majorit� des gourbis avoisinants. La terre a enseveli ces abris. Ils font partie d�un premier �lot compos� d�une dizaine de baraques entour� d�une palissade o� se m�lent ferraille rouill�e et mat�riaux de fortune �rod�s. Le passage qui m�ne vers le bas de Fedj-Errih est impraticable. L�eau qui s��chappe de la conduite d�eau potable de Hamma Bouziane qui traverse le bidonville de Fedj-Errih, d�vi�e de son trac� originel depuis � peine une ann�e, selon un habitant, a donn� naissance � une mare boueuse. Certains locataires de cette contr�e ont affirm� que les fuites provenant de cette conduite en fonte plac�e par la soci�t� chinoise en charge de la r�novation des r�seaux d�alimentation en eau potable � Constantine � un projet estim� � 610 milliards de centimes � sont fr�quentes. Les services de l�hydraulique viennent � chaque fois pour restaurer cette conduite, mais ils ne lui ont pas encore trouv� une solution effective et d�finitive. �C�est le fait des glissements peut-�tre. La soudure se disjoint � chaque mouvement de la terre�, tente d�expliquer un habitant, la quarantaine, qui fait r�f�rence � un technicien de l�hydraulique. Le directeur de la construction et de l�urbanisme (DUC), M. Yazid Koutchoukali, accuse les riverains d��tre derri�re ces fuites. �Ce sont les habitants qui proc�dent � des piquages sur la conduite d�eau�, at- il dit en affirmant que la conduite n�a pas �t� d�vi�e et l�entreprise l�a r�nov�e sur son trac� originel. Les coul�es d�eau traversent l�int�rieur m�me des maisonnettes et causent �norm�ment d�ennuis � leurs occupants, lesquels, avec les moyens du bord, tentent de minimiser les d�g�ts et d�river les eaux inondant leurs abris. � l�int�rieur d�une baraque abritant cinq familles, le grand-p�re d�place un canap� install� dans une �chambre�, occup�e par l�un de ses fils, sa bru et ses trois petitsfils, pour d�voiler le �canal� qu�il a trac� � il est ma�on de son �tat � pour d�vier le cours d�eau, rendre la pi�ce plus au moins habitable et pr�server les meubles de la d�gradation. A proximit� de cette demeure, les eaux d��gouts se d�versent � flots. La soci�t� chinoise, pour installer un relais visant � conforter la conduite, a d�truit la canalisation con�ue par les habitants de Fedj-Errih pour �vacuer les eaux us�es dans un tranch� en bas du bidonville� dans la nature ! Un peu plus bas, pr�s de l�ancienne carri�re Hamza, les eaux d��gouts ont creus� un tranch� aussi profond que les habitants ont d� y �riger une passerelle pour pouvoir circuler entre les deux rives. Dans un gourbi avoisinant qui ne se distingue pas des autres, une vieille femme soul�ve un �couvre-lit� dress� longitudinalement sur l�angle d�une pi�ce pour cacher un trou dans le mur. Son geste �tait suffisant pour t�moigner des conditions insoutenables qu�elle endure avec ses enfants. Azzouz, la quarantaine, l�homme qui nous a accompagn� � l�int�rieur de cette habitation de fortune en l�absence du p�re de famille et ses fils, assure qu�il peut nous conduire chez la plupart des foyers de Fedj-Errih m�me si leurs �tuteurs� sont absents. Joignant l�acte � la parole, il nous invite au profond de �l�intimit� de plus d�une trentaine d�abris. �Ici, les gens se connaissent depuis de longues ann�es, depuis le d�but des ann�es 1970 quand les premi�res baraques, crise du logement oblige, avaient commenc� � pousser. Je me rappelle, quand j��piais en compagnie d�autres enfants le proc�d� des explosions dans les anciennes carri�res � c�t�. Le bidonville fait face, � vrai dire, aux anciennes carri�res : Gants, Alexandra, Lentini� Il y avait � peine une vingtaine de gourbis mais les gens qui ont fui la p�riph�rie de Constantine, notamment Smendou, Beni Ouelbane� � cause des conditions de vie difficiles, ont fini par atterrir dans ce bidonville, d�o� sa dimension actuelle.� Azzouz est un fonctionnaire qui partage sa chambre avec ses trois enfants dont une adolescente de 14 ans. Au m�me titre que ses voisins, il est confront� � un dilemme des plus stressants. D�penser de l�argent pour r�parer ce qui est � r�parer dans des baraques qui ne sont m�me pas �ligibles � la r�habilitation ou attendre un �ventuel recasement et payer les frais d�un logement neuf. �Les gens d�ici sont dans le besoin et les promesses interminables des officiels ne sont plus cr�dibles. Il y a de quoi d�sesp�rer�, r�p�te-t-il. Les vieux figuiers t�moignent des longues ann�es de mis�re � Fedj-Errih o� chaque abri revendique la paternit� de quelques-unes de ces plantes. Un jeune de 27 ans raconte les mauvais souvenirs de son ann�e de terminale au lyc�e. �Je n�avais pas de table, je m�accroupissais et je r�visais mes cours en m�enveloppant dans mon couchage. J��tais oblig� d�introduire mes mains, glac�es, sous la couverture pour pouvoir reprendre un stylo ou tourner les pages d�un cahier. Le fourneau � gaz ne servait � rien dans les nuits glaciales de l�hiver. Nous consommons jusqu�� 7 bouteilles de butane par mois�, t�moigne-t-il.
Certains r�sidants du ghetto ne veulent pas quitter les lieux !
Les animaux domestiques partagent les parcelles de ce hameau avec les �mes qui y habitent. Des poulets, des canards et des oies �pacagent� dans tous les sens � travers les d�charges �parses de ce ghetto. L�odeur naus�abonde qui �mane de certaines �curies agresse les narines des passants. Des meutes de chiens veillent sur ces �tables et nul ne peut s�en approcher. Le contraste que l�on retient aux abords de ces bergeries de mis�re est ind�niablement la pr�sence, �� et l�, de quelques voitures de luxe. Selon les t�moignages recueillis sur place, ces �leveurs conduisent leurs troupeaux de moutons dans des p�turages lointains et engraissent les b�tes bovines sur les lieux. �Ces maquignons, affirment des riverains, ne veulent pas quitter Fedj Errih et abandonner leur �levage. La majorit� de ces �leveurs ont construit des b�tisses de 3 et 4 �tages � Sarkina, � Djebel Ouahch ou ailleurs. Ils tiennent aux gourbis de cette contr�e de mis�re car ils y trouvent leur compte�, explique un vieux retrait�. Des agissements av�r�s qui �chappent cependant au contr�le de la direction de l�urbanisme en raison du d�ficit de l�administration en mati�re d�inspecteurs et d�agents habilit�s en charge du contr�le � Constantine dont le nombre est, respectivement, de 14 et 20 pour toute la wilaya. �La plupart de ces constructions sont illicites et les coordonn�es de leurs propri�taires, qui utilisent des pr�te-noms, ne figurent pas sur le fichier national. De ce fait, on ne peut pas les priver, juridiquement parlant, du logement dans le cadre de l��radication du bidonville�, r�v�le le DUC. Certains habitants de Fedj- Errih soul�vent le probl�me du recensement et reprochent � l�administration de travailler sur la base de chiffres erron�s, communiqu�s par l�association Benbadis, dont la repr�sentativit� est remise en cause par ces derniers. �Ces animateurs arnaquent les gens. Ils renouvellent frauduleusement les adh�sions, per�oivent des cotisations pour les utiliser � tort et � travers, et touchent des pots-de-vin pour inscrire des intrus sur les listes des locataires de notre bidonville. C�est ce qui a gonfl� le nombre de m�nages et retard� notre recasement.� Pour le DUC, �l�administration se r�f�re aux chiffres de l�APC de Constantine �tablis dans le cadre d�une enqu�te administrative r�alis�e � partir des listes d��lecteurs et autres documents, �tant donn� que la situation s�curitaire des ann�es 1990 avait emp�ch� l�envoi d�une commission ad hoc pour recenser le nombre de foyers existants � Fedj Errih�. � la tomb�e de la nuit, le bidonville plonge dans l�obscurit� la plus absolue. Paradoxalement, la majorit� des gourbis est aliment�e en �lectricit� et en eau potable. Ammi El-Hani, la soixantaine, raconte l�histoire du raccordement des m�nages de Fedj-Errih au r�seau d�alimentation en �lectricit� qui remonte � 1986. Il se souvient que 60 r�sidants de ce bidonville avaient cotis� pour financer le plan de masse r�alis� par un expert afin de constituer un dossier qui a �t� remis � la Sonelgaz. A son tour, cette derni�re a �valu� le �projet� � hauteur de 50 millions de centimes incluant l��clairage public. Les autres foyers ont �t� approvisionn�s apr�s, � titre individuel pour la plupart d�entre eux. �La Sonalgaz nous a arnaqu�s ! Nous avons pay� les lampadaires, mais cette soci�t� ne les a jamais install�s�, rench�rit un riverain. A ce sujet, le DUC pr�cise que la l�gislation en vigueur n�interdit pas � la Sonalgaz et aux autres prestataires de fournir leurs services au profit des citoyens quelle que soit la nature de leurs habitations et m�me celles construites illicitement. Il indique que ce probl�me se pose depuis toujours et le gouvernement a donn� derni�rement des instructions dans ce sens pour exiger le permis de construire et le certificat de conformit� avant de raccorder n�importe quel m�nage en �lectricit� et/ou en eau potable. Et d�ajouter que le recasement des habitants de Fedj-Errih, qui n��tait pas une priorit�, sera op�r� une fois les sites pr�vus � cet effet achev�s, ��a sera au cours de cette ann�e 2007, en fonction des livraisons de logements�, a-t-il conclu. �tant inconstructible, le terrain de Fedj-Errih sera bois�, affirme le m�me responsable.


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