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Alger réhabilite le nanar
Culte
Publié dans El Watan le 13 - 09 - 2013

Pourquoi des milliers de personnes se réunissent-elles pour voir un film raté? Pourquoi s'attarder sur un genre qui n'en est pas un pour la majorité des cinéphiles et autres spectateurs ? Pourquoi consacrer autant d'espace à un événement qui se tient aujourd'hui, à 18h, à la filmothèque Riad El Feth, dans le cadre du ciné-club «Ciné Qua Non» ? Explications.
Quand on lui pose la question, il esquisse toujours un sourire. Qui ? Yves Le Corre, affichant 37 ans, «mais paraissant 36», taille moyenne, coupe au carré, épaules larges. Journaliste culturel, mais surtout critique de cinéma. A la question «Pourquoi le nanar ?», Yves répond : «Pour commencer, une définition s'impose. A quoi donc ressemble un nanar ? Les nuances, guillemets et autres points de suspension s'imposent d'emblée tant ce type de film évolue au cœur d'une véritable zone d'ombre cinéphilique. A priori, le nanar se tiendrait à la croisée des chemins entre le navet, la série B, Z autant que le cinéma bis. Ce ''transgenre'' s'ingénie à tenter de proposer une ''version'' maladroite d'un genre, voire d'un sous- genre, issu d'un succès (des films cultes tels que Mad Max, Terminator, Alien ou autres Rambo...). Le nanar se pose en copier-coller plein d'enthousiasme (l'enthousiasme comme l'opportunisme est essentiel à la démarche) de ces films qu'il plagie et se propose avec une telle naïveté, une telle énergie, qu'il finit par attirer l'affection d'un public étrangement constant, toujours plus nombreux et même de plus en plus féminin.»
Peluches roses
Aujourd'hui, donc, se déroule dans l'enceinte de la filmothèque Zinet, une programmation assez spéciale, consacrée – excusez du peu – au nanar. A l'image du ciné-club «Ciné Qua Non» et de ses organisateurs, aussi iconoclastes que «bizarres», cette soirée nanar verra la projection d'un chef-d'œuvre du genre, l'irracontable, le magnifique, le perturbant Turkish Star Wars avec l'Alain Delon local, le bien-nommé Cüneyt Arkin, le tout présenté par Yves Le Corre. Pourquoi ce film ? Quand on s'approche de Régis Brochier, fondateur du plus important site sur le genre, nanarland.com, la réponse peut paraître mordante : «Pour faire une bonne soirée entre potes, Turkish Star Wars, c'est le point d'entrée parfait, tellement plein de tout ce qui fait un nanar qu'il y a moyen de devenir accro à ce type de soirées par la suite. En plus, il est très facile à trouver sur Youtube notamment où l'on commence à trouver des choses. Il y a tout dedans et même plus. On a beau s'attendre à un truc extrême, il m'a quand même pris par surprise. On faisait le site depuis quatre ou cinq ans, on pensait qu'on avait fait un peu le tour de pas mal de choses et d'un coup, on voit ça et on se dit : d'accord ça existe et c'est accessible ; ça remet les choses en perspectives.
Bonne pizza
Le remake turc de Star Wars suffit déjà pour vendre le film, non ? Des gars qui prennent des casques de moto et se mettent devant des draps qui diffusent des images véritables de Star Wars puis vont se battre contre des nounours en peluche rose. On dirait qu'ils n'ont renoncé à aucune idée malgré le manque de moyens et ça fait partie des trucs les plus incroyables qu'on ait vus.» Il ne faut surtout pas se méprendre. Le nanar est un «truc» assez particulier qui serait l'extraction du cinéma, son penchant sadomaso, son cousin bâtard, la chose qu'on cacherait, tant la honte est largement peu assumée. Mais ce qui fascine, c'est la sempiternelle définition de l'art, superbement respectée, à savoir le côté social. Voir un nanar seul n'a aucun sens, d'où la profusion de soirées impromptues, composées de potes, autour d'une bonne pizza, face à un poste TV, en tentant d'oublier les tracas du quotidien. «Je connais un gars, on va le nommer Erwan, ingénieur de 36 ans, qui retrouve, une fois par mois, avec un petit groupe d'amis : chez les uns, chez les autres autour d'une pizza afin de partager ce goût décidément particulier. Et ils prennent tout ça au sérieux, allant même jusqu'à organiser des soirées spéciales, type ''Nouvel an'' ou ''Début de l'été'', témoigne Yves Le Corre. Il existe même une élection du président de la fédération de nanar de la ville dans laquelle vit cet Erwan.
Ciné-club
Cette année, c'est une femme qui s'est fait élire ! On pourrait croire les films introuvables, mais internet et les sites de partage de vidéos ont fait beaucoup pour que ces ''œuvres'' ne tombent pas dans l'oubli. Le genre compte de grands réalisateurs à succès comme Michael Bay (qui s'est récemment excusé pour son Armageddon tout en annonçant un remake des Tortues Ninjas, ndlr) ou Roland Emmerich (qui regrette également les incohérences d'Independance Day mais pense à développer le film en série TV, ndlr). Et puis des chaînes TV comme NRJ 12 ou NT1 qui passent des nanars en prime time et qui alimentent avec beaucoup de talent nos délires. Après, ce que cela reflète de leurs programmations...» Mais là où la fascination pour le genre devient un leitmotiv collectif, c'est dans la mise en place de soirées au sein d'institutions réputées pour leur «sérieux» cinéphile. Prenez par exemple Jean-François Rauger, directeur de la programmation de la Cinémathèque française. Il n'en a pas l'air comme ça avec sa présence indéniable, son sens de la répartie, son encyclopédie du cinéma intégrée dans son cerveau et ses choix aussi intrigants qu'utiles. Il n'en a pas l'air surtout quand on découvre des soirées excentriques qu'il organise. Et ça fonctionne suffisamment pour que le public, quelles que soient ses tendances, vient à se rapprocher de ce genre cinématographique. Récemment, un ciné-club s'est ouvert du côté de Bab El Oued, preuve flagrante que l'Algérie cache des aficionados du genre. Et ce soir, à partir de 18h, à la filmothèque Zinet, se réuniront des visages de tous horizons pour mater, tranquillement, un film d'une telle nullité, que sa poésie force le respect. Pourquoi donc le nanar ? Pour oublier la semaine pourrie. Il est rare de nos jours d'assister à ce genre de projection (serait-ce une «première» depuis des décennies ?). In fine, mon p'tit doigt me dit que ce ne sera pas la dernière fois que nous verrons un nanar chez les Fennecs.
Ciné-Club Ciné Qua None
Téléphone : 021.911.079.


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