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The Star Wars Holiday Special (Georges Lucas, 1978)
A la recherche des films perdus
Publié dans El Watan le 03 - 08 - 2012

Le cinéma regorge de ces films censurés, traficotés et parfois perdus dans des caves souterraines où la lumière de la pellicule est restée de marbre. Cet été, retrouvez chaque semaine notre feuilleton sur ces films qui continuent de susciter des mystères et dont les histoires tristes et rocambolesques démontrent qu'il est toujours possible, en 2012, de croire en l'innocence du 7e art.
Il m'arrive très souvent de me balader sur Didouche Mourad, moins pour aller conter fleurette avec le bitume de cette «avenue» truffée de bruits et de fureur, que pour marcher sans trop savoir où mes pas m'emmèneraient. Un jour, je croisais un vieil ami, sourire aux lèvres, transpirant d'avoir trop couru et me prenant dans ses bras : «ça y est, je l'ai trouvé !» Comment rendre un cinéphile heureux ? En lui remettant le film introuvable par excellence, obtenant en quelques minutes satisfactions et adrénalines survitaminées. Se trouvant devant moi, affichant une mine adorablement décalée, il me montra un DVD, tel le trésor tant recherché et enfin déniché. Un film de Georges Lucas, datant de 1978, et qui ne fut jamais exploité en salles. Ce programme, scénarisé et légèrement supervisé par Lucas, s'intitulait Star Wars Holiday Special (au temps de La Guerre des étoiles en VF) et fut diffusé sur CBS le 17 novembre 1978 et sur TF1 le 1er janvier 1979, soit plus de 12 mois après la «première». Internet n'existant pas, il aura fallu du temps aux fans de La Guerre des étoiles (1977) pour découvrir ce nouvel opus. Il en faudra un peu moins pour constater la nullité indéniable de ce film qui ne ressemble à rien et qui dans la foulée ne vaut rien !
Un nanar
L'histoire se déroule entre les épisodes 4 et 5, et inclut les sempiternels personnages de ce qui allait devenir la saga planétaire que tout le monde connaît. La réalisation fut confiée à Steve Binder, un «yes man» (homme à tout faire d'un studio de cinéma) tandis que Lucas écrirait le scénario. Le résultat fut à la hauteur de ce qu'un «nanar» pouvait apporter. Car aujourd'hui, le film existe et l'on peut le trouver sur différents sites du net, au grand désespoir d'un Lucas qui continue manu militari de renier cette bizarrerie. En découvrant le résultat, Lucas ne peut qu'admettre le ridicule d'un film où l'on voit la famille Chewbacca au grand complet avec un p'tit focus sur les repas familiaux (maman chewie qui prépare la tambouille pour bébé chewie), une princesse Leïa qui, dans un final légendaire, pousse la chansonnette avec une voix de fausset, des sketchs pensés comme des saynètes, mais qui à aucun moment sont drôles. Le tout magnifié par des apparitions de vedettes du musihall US des années 70 maquillés en «vert» pour paraître «extra-terrestre». Résultat des courses : un des plus beaux nanars du cinéma.
Le succès interminable de La Guerre des étoiles a certainement donné trop de confiance à un Lucas devenu en quelques mois le plus grand businessman du cinéma US. D'où ce film, conçu pour la TV, et qui aurait pu donner une resucée dantesque pour le cinéma. Cela ne se fera pas, et Lucas fera en sorte de retirer toutes les copies de ce film, quitte à dépêcher des espions sur la Toile pour bloquer le film. Tant pis pour lui, mon pote a réussi à le choper sur un site privé…


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