L'université de Mostaganem vient de s'enrichir d'un nouveau romancier en la personne du professeur Abbès Bahous. Ce diplômé de l'université d'Essex, dans la profonde et brumeuse Angleterre, enseignant d'anglais et d'espagnol, grand admirateur des plus célèbres romanciers anglo-saxons, vient de commettre un premier roman qui ne sera sans doute pas le dernier. Publié en France, l'ouvrage de 162 pages se lit d'un trait, tant l'auteur tient en haleine son lecteur qu'il emmène dans un insoutenable tourbillon à travers les villes et les villages de l'Algérie. Bardé d'un titre bref comme l'éclair, «Mes femmes» met en scène des situations d'un réalisme déroutant. Rédigé dans un style dépouillé, fait de phrases courtes et de dialogues percutants. Car les femmes de Abbès Bahous ne sont ni tout à fait modernes, ni complètement modernes, ni totalement affranchies. Elles ont toutes un point commun, la recherche effrénée du bonheur…si possible dans le mariage. Car toutes ses femmes sont célibataires, mais un célibat à la limite de la rupture, car en filigrane, contrairement à Boudjedra, chez notre professeur d'anglais, la femme s'assume pleinement sans toutefois le déclamer. La gageure du romancier réside dans sa capacité à dire sans rien dévoiler. Tout est allusion, tout est suggestion, tout est sous-entendu. Qu'elle s'appelle Yasmina, Hayet ou Halima, la femme ici est encore jeune, épanouie et tourmentée. Parfois, par un passé lourd à porter, parfois, par cet avenir aux contours incertains. Quant à Mourad, le héros malgré lui de ces dames, il est complètement désemparé, on ne le serait moins, perdu dans des choix impossibles où culmine la quête d'un bonheur titubant. Assumant sans conviction son célibat, c'est tout naturellement auprès de sa sœur que Mourad trouve le chemin de la délivrance. Un clin d'œil appuyé à douceur du domicile familial, où transparaît au travers de la sœur – la seule femme à qui Mourad dit tout et dont il avale goulument les moindres remarques – une maman que le temps a souvent occultée alors qu'elle n'a jamais été aussi proche. Le roman de Abbès Bahous se ponctue dans un inéluctable questionnement sur le couple. Où l'auteur évite soigneusement tout ce qui pourrait fâcher, sans pour autant parvenir à cet équilibre introuvable. En cela, il parvient à nous concilier avec le sens réel de la vie, une éternelle quête d'équilibre entre passions et transgressions.