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Réaction tardive du gouvernement
Alors que le conflit intercommunautaire perdure à Ghardaïa
Publié dans El Watan le 29 - 12 - 2013

Le gouvernement a enfin réagi sur le conflit intercommunautaire qui secoue la vallée du M'zab depuis plusieurs jours. Une réaction tardive en raison notamment de la situation chaotique qui règne sur le terrain marquée par l'apathie gouvernementale. Le ministre de la Communication évoque une initiative du Premier ministre pour ramener le calme durablement sans donner de détails ni de délai pour l'application de ce plan.
A près presque une semaine d'affrontements, d'air vicié, chargé de haine et de gaz lacrymogènes, Ghardaïa retrouve peu à peu son calme. La ville s'est réveillée, hier, sur un matin gorgé de soleil. Première image qui nous interpelle : le dispositif de police qui quadrillait la ville a été fortement allégé. Des camions de la police nationale et autres engins des forces antiémeute sont disséminés à travers les points stratégiques, mais les uniformes se font plus discrets. Le cordon de fourgons bleus qui enserraient le commissariat central a disparu comme par enchantement. Le principal de l'arsenal policier reste concentré autour du «pont SNTV» qui enjambe l'oued M'zab, tandis que les forces de la gendarmerie occupent une partie du vieux marché. Certains gendarmes restent postés sur les toits de la vieille ville. Pendant un laps de temps, un hélicoptère a bourdonné dans le ciel, sans doute pour surveiller les foyers de tension. Hormis ces symptômes, la vie reprend ses droits.
Pas de ceinture de sécurité
Visiblement, les services de sécurité ont été instruits de jouer l'apaisement. Preuve de ce relâchement : ces derniers jours, beaucoup d'automobilistes à Ghardaïa ne se donnent pas la peine de mettre leur ceinture de sécurité, et ils franchissent allègrement les points de contrôle sans se faire admonester. Nous en avons fait nous-mêmes le test en toute «impunité». Un automobiliste s'écrie : «Ils n'ont pas intérêt à me demander de mettre la ceinture ! Ils étaient là en spectateurs pendant qu'on se faisait piller et agresser. Et puis, si je la mets, je risque d'être bloqué en cas d'attaque.»
Les rues qui étaient désertes ont retrouvé leur animation. De gros bouchons se sont même formés au long de Theniet El Makhzen.
En parcourant cette rue, le visiteur est fatalement ému par les quatre ou cinq magasins pillés et incendiés au plus fort des troubles qu'a connus la ville, et qui exhibent ouvertement leurs tripes. Autre fait marquant : même si plusieurs magasins, restaurants et autres enseignes de téléphonie mobile ont rouvert, un nombre important de commerces reste fermés. Pis encore, plusieurs commerçants ont continué à vider leurs boutiques. C'est le cas de ce propriétaire d'un grand magasin de quincaillerie. «Je ferme mon commerce. Je ne fais pas confiance. C'est l'insécurité totale. Même si les choses se sont calmées, rien ne dit que ça ne va pas reprendre. En 2013, nous avons connu trois événements violents. Makach lamane !» témoigne ce commerçant, avant de nous confier : «Je vais stocker la marchandise chez moi, à Benoura.»
Dans la paix de Beni Isguen
Des marchands de fruits et légumes exposent leurs cageots à même le trottoir au milieu d'une foule de chalands. Il y a moins de tension sur le pain, une denrée qui a terriblement manqué au plus fort des affrontements après que plusieurs boulangers eurent fermé. Des minibus de transport de voyageurs sillonnent la ville en desservant les localités périphériques. Les rares cafés disponibles sont bondés. Des cybercafés se réveillent de leur torpeur.
Nous glissons sous le porche de la splendide vieille ville de Beni Isguen, véritable joyau de l'architecture mozabite. Derrière les remparts de la cité ancestrale, c'est la paix totale. La ville natale de Moufdi Zakaria n'a guère été touchée par les derniers incidents, nous assure-t-on. Au bureau des guides, situé juste à l'entrée, on guette les rares touristes qui tiennent encore à leur virée de fin d'année à l'ombre de l'obélisque ocre surplombant la ville.
«Habituellement, en cette période de l'année, nous recevons jusqu'à 2000 touristes. Cette année, c'est mort», glisse un cadre de l'Office de tourisme de Beni Isguen. C'est un homme d'un certain âge, professeur à la retraite de son état, extrêmement cultivé et d'un commerce agréable. C'est aussi un ancien membre du Comité des sages de Ghardaïa. Notre hôte précise d'emblée : «Ce qui s'est passé n'est pas une guerre confessionnelle. Il n'y a jamais eu de problème entre Malékites et Ibadites. Les Mozabites ont été partout en Algérie. Il y a bien des Malékites là-bas, pourquoi il ne s'est jamais rien passé ?» Et d'insister sur le rôle des structures traditionnelles pour encadrer les jeunes en citant comme exemple Beni Isguen justement et son organisation sociale impeccable. «On ne demande que la sécurité», répète-t-il.
«Ce n'est pas une guerre confessionnelle»
Selon lui, il y a forcément des «facteurs sociaux qui expliquent les derniers événements». «Moi, je m'occupe du social, je ne veux pas parler politique», lâche-t-il. Dans son bureau, un jeune s'affaire devant un ordinateur à peaufiner un dépliant touristique. «Je forme les jeunes au métier de guide. C'est un métier qui exige une parfaite exemplarité. Nous devons assurer la transmission de nos valeurs. Même les étrangers sont épatés par l'efficacité de nos structures. Toutes les décisions se prennent dans notre conseil. Tout se fait d'une façon consensuelle», affirme-t-il. L'ancien professeur défend ardemment l'éco-tourisme. «C'est ce qui fait la force et la beauté de Beni Isguen», exulte-t-il. L'apprenti guide enchaîne : «Il y a des mots-clés qui font mal, comme ‘‘sira'e madh'habi'' (conflit confessionnel), alors qu'il est juste question d'une mafia qui veut semer le trouble dans notre ville.» Nos interlocuteurs ne comprennent pas comment la situation a dégénéré aussi vite. «Nous vivions en harmonie même avec les Juifs qui étaient établis ici. Nous avons toujours été des gens pacifiques et travailleurs», souligne le professeur.
La place du marché déserte
Nous glissons maintenant dans le dédale des allées du vieux marché, autre lieu emblématique de Ghardaïa. A Haï El Moudjahidine, anciennement Zqaq Lihoud, l'un des quartiers les plus secoués par les dernières frictions, des drapeaux sont accrochés à certaines bâtisses comme un appel à l'unité. Des grappes de jeunes font les vigiles devant leurs maisons, certains armés de gourdins. Mais l'hostilité est moins perceptible, moins épidermique.
Partout où nous passons, les riverains se montrent accueillants et courtois. Il est pourtant une image qui en dit long sur l'ampleur du mal qui a été fait : la place du marché est complètement déserte. Au milieu gisent des étals dépareillés. Vides. Sous les arcades sont postés des policiers nonchalants. Et tout autour, dans toutes les petites rues ponctuées de centaines de magasins, les rideaux sont baissés en signe de grève.
Ça et là est placardé l'appel de l'Union générale des commerçants et des artisans (UGCA) pour une grève illimitée jusqu'au rétablissement de la sécurité dans la ville. Discussion avec un groupe de jeunes vendeurs. «Nous observons la grève comme tout le monde. Nous ne pouvons pas reprendre le travail dans de telles conditions», disent-ils à l'unisson en accablant la police. Au détour d'une venelle, une large banderole est déployée devant le siège local de la LADDH, avec un tonitruant : «Libérez Mohamed Baba-Nedjar !» du nom d'un jeune injustement condamné à la perpétuité pour un crime qu'il n'a pas commis, selon la Ligue. Pour le reste, le marché est mort. Même les locaux du FLN et du RND sont «en berne». Le seul point où la vie s'anime, c'est le bureau du FFS, situé à la bordure de l'agora marchande. «Nous avons frôlé la guerre civile»
Le secrétaire fédéral, Hammou Mesbah, n'est guère rassuré par ce retour au calme. «Nous avons passé trois nuits absolument infernales !» souffle-t-il, avant de lancer : «Nous avons frôlé la guerre civile.» M. Mesbah poursuit : «La situation s'est améliorée du point de vue des confrontations, mais nous sommes toujours sous pression». «Les notables de la ville ont demandé le couvre-feu, mais cela ne va rien régler puisque le voyou ou celui qui sème la zizanie fait ses calculs pour s'y soustraire. Nous sommes en période de vacances. Demander le couvre-feu n'est pas raisonnable. Nous voulons le renforcement du service d'ordre, et qu'il y ait des patrouilles régulières, surtout dans les quartiers chauds.» Dans la foulée, Hammou Mesbah charge sans ménagement la police locale. «Pour moi, le coupable numéro un reste les services de police de Ghardaïa, et les vidéos le montrent clairement. On a perdu toute confiance en la police. La preuve, quand la gendarmerie est venue, en une heure, elle a contrôlé la situation.»
Le secrétaire fédéral du FFS déplore aussi le peu d'engagement des notables. «Aucun d'entre eux n'est descendu sur le terrain pour ramener ses affidés à la raison. On ne les trouve jamais dans les moments difficiles. On ne les voit que dans les zerdas et à la veille des kermesses électorales», assène-t-il. Hammou Mesbah n'écarte pas l'hypothèse que cette flambée de violence soit le fait d'un «conflit de haut niveau entre deux clans (du pouvoir)». «Ils ont essayé à Bordj Badji Mokhtar, ça n'a pas marché. A Ghardaïa, ils lui ont trouvé son point faible. Depuis l'indépendance, on vit au rythme des conflits. Ils veulent entraîner la région vers l'anarchie pour faire passer leur message, et c'est le simple citoyen qui paie.»
«Journalistes en danger»
Dernière image de ce samedi précaire : à l'heure où nous écrivons ces lignes, des confrères de différents organes ont improvisé un sit-in devant le siège de la wilaya en brandissant un écriteau sur lequel on peut lire : «Assahafiyoune youtalibouna el himaya» (les journalistes demandent la protection). Sur une autre pancarte, ce cri d'alarme : «Assahafiyoune fi khatar» (les journalistes sont en danger). Référence aux violences dont ont été victimes des reporters dans la couverture de ces événements. A bon entendeur…


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