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Le barde oublié
Identité : Sur les traces du poète Hadj Khaled
Publié dans El Watan le 21 - 06 - 2014

Hadj Khaled Benahmed (1850-1914), dit El Mendassi Seghir, un des grands maîtres du melhoun au Maghreb, nous est revenu, cette année, par deux fois. D'abord, avec deux superbes qasidas étrennées pour la première fois par le chanteur chaabi Sid Ali Driss. Ensuite, avec deux commémorations liées au centenaire de sa mort à Aïn Témouchent, sa région de naissance et de décès.
L'association Joudour (Racines) de la ville lui a consacré une rencontre à caractère général tandis que le club littéraire de la maison de la Culture a organisé une table-ronde centrée sur un projet ambitieux à plus d'un titre : reconstituer et publier le Diwan de Hadj Khaled. Un véritable chantier quand on sait que seulement quelques-unes de ses œuvres ont été intégrées, en 1928, par Mohamed Kadi Ibn El Hadj Belkacem dans Al kenz al meknoun fi echchiîr al Melhoun, anthologie des plus sublimes poèmes de l'élite des maîtres du melhoun. Le panel ciblé des débatteurs regroupés à la maison de la Culture s'est livré à de fructueux échanges sur le mode de la okadia (joute poétique) et de la gaâda (causerie conviviale). Venus de plusieurs wilayas, les chioukh étaient réunis autour de deux spécialistes incontestés du melhoun : l'universitaire Ahmed Amine Dellaï et le musicologue Boumediene Lechlech.
Les deux animateurs ont eu fort à faire pour garder le cap de la table-ronde, les chioukh étant des adeptes de la dissipation et de la digression, mais surtout capables de prendre la mouche pour un rien. Leur soutirer leur savoir et les faire participer à une œuvre commune n'est pas évident. Il faut, cependant, en passer par là parce que la difficulté dans l'étude du melhoun est qu'il figure très peu dans les archives de la Bibliothèque nationale. Sa transmission comme sa conservation se faisaient, en effet, par la tradition orale, celle des hafadha (mémorisateurs) et, parfois, par la transcription sur des cahiers manuscrits très jalousement gardés par ceux qui en ont hérités et qui, pour beaucoup, font de la rétention. Mais encore, dans le cas de Hadj Khaled, le pari de reconstituer son œuvre relève de la gageure en raison également des caractéristiques de sa poésie. Elle n'était pas composée pour être chantée mais déclamée, d'où une diffusion moins large.
L'absence de mélodie, qui constitue un appui au travail de mémorisation, se révèle un sérieux handicap. En outre, la poésie de Hadj Khaled est d'un niveau d'élaboration telle qu'elle s'est avérée ardue à mémoriser par les hafadha. Le poète la destinait essentiellement au cercle restreint de ses pairs parce qu'il s'agit véritablement de haute littérature : «On n'est plus dans la chanson», assurent les débatteurs. Pour appréhender les sujets d'inspiration de Hadj Khaled, il est nécessaire de se référer à son époque. C'est celle de la sombre fin des résistances populaires à l'invasion coloniale.
C'est l'ère des vaincus et des enfants de vaincus, une période de vide, celle de la génération des béni-oui-oui. Une période de décadence entre 1871 et avant la naissance du mouvement national. Elle a fait de Hadj Khaled un écorché parce qu'il a gardé un sens élevé de la dignité dans une période d'indignité, ce qui transpire de sa poésie», indique Amine Dellaï.
A cet égard, dans son Diwan, l'on distingue quatre catégories. Il y a la poésie érotico-mystique, celle que l'on confond avec le ghazal, parce qu'elle en a les caractéristiques. Ainsi, le poète décrit La Mecque sous les traits d'une belle bien-aimée, la pierre noire étant son grain de beauté alors que son khimmar est le voile qui couvre la Kaaba. Souvent, les poètes donnent la clé dans la chute de leur ode mais, parfois, ce n'est pas le cas. Il faut alors interroger la vie de l'auteur pour savoir s'il a eu une vie sentimentale. La deuxième catégorie est la poésie sapientiale ou hikma, une poésie édifiante en matière de sagesse. Ensuite, il y a la poésie satyrique, dite hidja ou tegchab qui pourfend avec férocité les travers de la société ou d'individus. Enfin, il y a le medh (incantation religieuse).
De ce qui précède, il ressort que la tâche confiée à un comité parmi les participants pour reconstituer l'œuvre de Hadj Khaled alias El Mendassi Seghir, en vue de sa publication avant fin 2014, ne risque pas d'être aisée. Mais s'il en est ainsi, question naïve en apparence, pourquoi s'y astreindre ? Sans se démonter, Amine Dellaï rappelle d'abord l'importance du statut du poète et la fonction sociale de la poésie dans la société d'antan. Son rôle était considérable car elle constituait l'unique mass media, faisant office de radio, de journal, de télévision, de cinéma et de livres, tous réunis. De fait, elle était un vecteur de vulgarisation du «savoir savant» au profit de la masse.
A titre d'exemple, défiant l'espace et l'absence de moyens de communication, à l'ouest du pays, en matière d'événement national, le poème Galou laârab (Les Arabes ont dit) rapportait le martyr de Salah Bey survenu à l'est du pays. Quant à la poésie épique, elle narrait, à sa façon, les hauts faits de l'histoire musulmane. C'est donc dire combien peut être instructive l'étude de ce corpus pour la sociologie. Mais, pour notre interlocuteur, il ne s'agit pas simplement d'étudier ce patrimoine : «Il n'est, par ailleurs, pas question de faire un travail de muséologie au sens étroit du terme. Il ne s'agit pas de le transcrire et de le conserver dans des ouvrages mais de le valoriser parce qu'il véhicule un contenu identitaire et des repères que nous avons perdus; d'où, d'ailleurs en partie, les calamités qui se sont abattues sur notre pays parce que notre jeunesse a perdu ces repères et s'est engagée dans des combats qui n'étaient pas les siens».
Le chercheur indique clairement l'impact que pourrait susciter un tel travail dans la réalité sociale et il en signale les perspectives bien plus larges que son objet. «Le sujet est vaste et peut nous emmener très loin car, après le substrat amazigh, le substrat bédouin est le second élément de notre identité à avoir fait les frais d'un déni. L'objectif est de remettre en vogue cette poésie en donnant les clés, pour promouvoir un retour au terroir, à l'humus de notre pays. Il est heureux que, parfois, lorsqu'ils sont fatigués de faire de la chansonnette sans lendemain, les raïmen reviennent aux grands textes du melhoun parce qu'ils savent que c'est un gage de qualité. Il est tout aussi heureux que Sid Ali Driss ait revisité cheikh Hadj Khaled et cela, à double titre, sachant que les chanteurs de chaâbi ont surtout favorisé la sauvegarde et la diffusion du melhoun marocain.»


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