Les artistes franco-algériens Sheryfa Luna et Wahid ont animé la première soirée Well Sound à Alger. A vant quand j'étais gros est le dernier spectacle de l'humoriste franco-algérien Wahid. Il a lancé mardi soir au chapiteau de l'hôtel Hilton d'Alger les soirées Well Sound. Sur scène, Wahid s'est plaint avec un humour vif de ses formes généreuses. Il a abordé la drague des filles, les années d'école, la pratique de la gym, l'apprentissage de l'anglais, les soirées au cinéma, son voyage au Maroc, la «cousine» du bled… «J'ai un frère qui a commandé une fille du bled pour ses 38 ans !», a-t-il lancé. La mauvaise sono a mis parfois mal à l'aise l'artiste. «Travail d'Arabe», a crié Wahid. Protestation dans la salle. «Wallah al adhim, j'adore le travail d'Arabe, ça ne me dérange pas !», a répliqué l'humoriste. L'humour de Wahid est très franco-français. L'artiste, révélé par le Comedy Club de Jamel Debbouz, s'inspire des scènes de tous les jours, fait dans le stand-up conventionnel et tente de fédérer tous les avis. Peut-on rire de tout en France ? «On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. S'il existe des personnes qui ne rigolent pas, je passe à autre chose. A la base, on vient rire ensemble. On ne vient pas rire sur quelqu'un. Si je touche quelqu'un, je m'arrête !», a répondu Wahid lors d'un point de presse avant le spectacle. Interrogé sur la polémique soulevée en France sur l'humoriste Dieudonné, Wahid précise qu'on ne peut pas rigoler sur les gens «s'ils ne l'acceptent pas. On m'a souvent posé cette question. Je n'ai pas voulu répondre. Ce soir, je vais le faire : sur scène, Dieudonné est au-dessus de tout le monde. Il est exceptionnel. Il n'y a rien à dire ! Les plus grands comédiens français pensent la même chose. On ne va pas se voiler la face. Mais après, je ne suis pas d'accord avec tous les débordements qu'il peut y avoir. Il y a certains mots que je n'aurais pas acceptés. Cela dit, il y a eu un matraquage de folie que je n'aurais pas aimé subir en tant qu'être humain et en tant qu'artiste». Wahid a appelé à soutenir les jeunes humoristes algériens qui ne s'expriment actuellement que sur internet. «En Algérie, il y a du talent. Il faut l'accompagner», a-t-il plaidé. Wahid est revenu – c'est inévitable – sur le match historique Algérie-Allemagne en 8e de finale de la Coupe du monde de football au Brésil : «L'équipe algérienne m'a rendu très fier. J'avais les larmes aux yeux. Nous avons perdu, mais j'étais content. Ils ont joué comme des hommes et nous ont rendus fiers dans le monde entier. J'ai klaxonné, sorti mon drapeau. J'ai tout fait à Paris. Nous sommes des Algériens, nous sommes les Fennecs !» A propos des protestations de l'extrême droite française après les manifestations de joie des Algériens de France, Wahid a eu cette réponse : «Ils ont posé leur drapeau chez nous pendant 132 ans. Nous avons bien le droit de déposer nos drapeaux pendant quelques minutes chez eux. Ceux qui critiquent n'ont pas compris qu'en France, il existe plusieurs origines. C'est ce qui fait la force de ce pays. En 1998, les Arabes, les Noirs et les autres ont célébré la victoire des Bleus. Certains ne sont pas bien lorsqu'on est heureux !» «En Algérie, nous avons une équipe de foot extraordinaire. Ils se sont bien battus. Quand l'Algérie a perdu, j'étais déçue, j'avais mal», a confié Sheryfa Luna, qui a assuré la deuxième partie de la soirée. Après un spectacle de danse indienne, Sheryfa Luna est montée sur scène interpréter des chansons en hommage à son père, à son fils de six ans et à l'amour. Elle a repris le tube Il avait les mots, accompagnée par son frère Ahmed à la guitare, a chanté Je Reviendrais (dédiée à l'Algérie) et Si tu n'étais plus là. «Je viens chanter, mais aussi redécouvrir mon pays. Il y a deux ans, j'ai visité Bordj Bou Arréridj, la région de mon père, où j'ai rencontré ma grand-mère pour la première fois», a-t-elle dit lors d'une rencontre avec la presse. Sheryfa Luna s'apprête à sortir un cinquième album en septembre prochain, Il était une fois, à travers lequel elle revient à la pop urbaine, la musique de ses débuts. Elle a confirmé sa volonté de se retirer de la scène musicale. Les soirées Well Sound se poursuivront jusqu'au 26 juillet. «Nous dédions les soirées Well Sound 2014 aux jeunes. Les genres musicaux qu'aiment les jeunes sont donc présents. Il y a donc beaucoup de rap. De l'humour avec Abdelkader Secteur et Phil Darwin. Il y aura de l'animation en début de soirée avec des troupes venues d'Inde et d'ailleurs. Nous avons également des têtes d'affiche comme Kader Japonais, Zahouania, Gaâda Diwan Béchar. Nous n'avons pas oublié les jeunes artistes algériens comme Freeklane, El Day, Djmawi Africa, Tata Full, BB Blues», a précisé Mervet Ouchene, responsable de la communication.