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«Il doit y avoir une très forte implication de l'Etat à tous les niveaux»
Abdennour Nouiri. Professeur en commerce
Publié dans El Watan le 14 - 07 - 2014

Abdennour Nouiri, directeur du laboratoire Marketic de Hec Alger, aborde dans cet entretien les conditions dans lesquelles évolue la sphère commerciale nationale. Il revient également sur les raisons qui freinent l'implantation des grandes surfaces en Algérie et relève la nécessité de mettre en place une véritable politique d'urbanisme commercial. Il s'agit, de l'avis de l'expert, de penser sur plusieurs décennies le développement de la distribution.
-Le commerce de détail vient en tête des secteurs d'activité qui comptent le plus grand nombre d'immatriculations. Quelle lecture en faites-vous ?
Deux raisons peuvent avoir boosté ces immatriculations. Tout d'abord en amont, il y a eu la simplification du dossier d'inscription au registre du commerce, qui a pu pousser certains de ceux qui agissaient dans l'informel à vouloir régulariser leur situation. Rappelons-nous qu'auparavant, c'était un véritable parcours du combattant qui rebutait les candidats à cette inscription. La seconde raison est inhérente au développement des villes qui est accompagné nécessairement par la création de commerces de proximité. Le programme de réalisation de logements est important en Algérie et il touche toutes les régions. Ajoutons-y l'opération «cent commerces par commune», et l'on comprendra que le commerce de détail a de beaux jours devant lui.
En soi, c'est une bonne nouvelle que beaucoup de détaillants aient rejoint la légalité. Pour nous chercheurs, il sera plus aisé de mieux appréhender la croissance future de ce secteur de la distribution de détail. Mais nous devons quand même mettre un bémol à cette recrudescence des petits détaillants. D'une part, ce n'est pas la preuve que notre production locale est en hausse et, d'autre part, l'absence de schéma directeur dans l'implantation des magasins entraîne une certaine anarchie. Ce sont des quartiers entiers qui sont dévolus à une même activité (sanitaire à Dély Ibrahim, téléphonie mobile à Belfort, etc) ce qui déséquilibre l'offre dans les autres produits, d'où la nécessité d'un urbanisme commercial.
-Parallèlement, le développement des grandes surfaces tarde à se faire et reste limité aux grandes villes. Pourquoi ce blocage à votre avis ?
Il y a de multiples raisons qui freinent l'implantation des grandes surfaces en Algérie. Tout d'abord, il y a le peu d'attractivité de notre pays pour les grandes enseignes internationales. Pour ces dernières, l'approvisionnement de leurs magasins doit se faire à raison de 60% au minimum sur le marché local.Or, notre production ne peut répondre à cette demande. Jetez un œil sur les rayons des supérettes : plus de 70% des produits offerts à la vente ont une origine étrangère. D'un autre côté, certaines de nos études ont montré que le consommateur algérien est très attaché au commerce traditionnel personnifié par l'épicier de quartier avec lequel il entretient des relations humaines très fortes.
La différence de prix minime entre les grandes surfaces existantes et l'épicerie n'incite pas en outre le consommateur à entrevoir des achats groupés en grande surface. Ces achats sont conditionnés par l'existence d'un pouvoir d'achat substantiel, la possession d'une voiture (les grandes surfaces en règle générale sont localisées à l'extérieur des villes), d'un congélateur, mais aussi par un travail des femmes accru (qui ne leur permettrait pas de cuisiner au jour le jour, d'où appel aux produits surgelés). Sur un autre plan, les difficultés pour implanter des supermarchés voire des hypermarchés sont telles qu'elles rebutent bien des investisseurs. Commençons par le manque de terrains d'assiette disponibles dans et autour des grandes villes.
Ajoutons-y le prix de cession qui est prohibitif et l'on comprendra pourquoi les grandes enseignes ne se bousculent pas au portillon quand il s'agit de créer des chaînes de magasins en Algérie. A cette difficulté majeure, ajoutons la bureaucratie ambiante (dédouanement trop long des marchandises importées par exemple) et la frilosité des banques qui hésitent à suivre des projets dont l'issue n'est pas toujours assurée (voir la chaîne Blanky qui est en voie de disparition).
Le paiement par chèque et électronique freine considérablement l'implantation des grandes surfaces chez nous. La troisième famille de facteurs freinant le développement de la grande distribution a trait à la concurrence du marché informel (paiement sans facture, ce qui défavorise les enseignes dûment établies) et à cette propension à vendre des produits contrefaits à l'origine douteuse. Enfin, il y a lieu de signaler le manque de formation de la plupart des gérants de supérettes ou de supermarchés. Des observations nous ont montré que même au niveau des grandes enseignes locales, le merchandising est peu appliqué. Les gérants de supérettes répugnent à se mettre sous une enseigne commune (approvisionnement par centrale d'achat, donc baisse des coûts) de peur de perdre leur liberté d'action, notamment en matière de fixation des prix.
-Justement, le ministre du Commerce a lié la hausse des prix de certains produits à l'absence des grandes surfaces…
Dans les pays où est bien implantée la grande distribution, une concurrence féroce a lieu entre les enseignes. Vous voyez régulièrement des publicités comparatives entre les grandes chaînes en France (Auchan, Système U, Carrefour, Leclerc…). Cela induit une baisse des prix, mais nécessite en amont des achats bien négociés auprès des fournisseurs locaux et étrangers. Evidemment que cette absence de concurrence laisse libre cours à une envolée des prix, des marges substantielles étant prélevées à tous les niveaux de la distribution (importateur, grossiste, semi-grossiste, détaillant).
-Quels sont les facteurs sur lesquels il y a lieu de jouer pour développer la grande distribution et atteindre le niveau des pays voisins ?
Il doit y avoir une très forte implication de l'Etat à tous les niveaux. Tout d'abord, lutter férocement contre le marché informel en multipliant les contrôles qui doivent être suivis d'effet pour les contrevenants (vente sans facture, contrefaçons, non-respect des règles de la commercialité). Mettre en place une véritable politique d'urbanisme commercial en Algérie pour penser sur plusieurs décennies le développement de la distribution en général et de la grande distribution en particulier. Favoriser les moyens de paiement moderne, entre autres la carte de crédit qui est un des éléments permettant de ne pas perdre trop de temps aux caisses des supermarchés.
Inciter certains industriels à investir dans des secteurs complémentaires de la grande distribution (caddies, rayonnage, caisses enregistreuses avec scanner, etc). Bien sûr, avoir une politique incitatrice envers les grandes enseignes dans l'attribution de terrains d'assiette (aux abords de l'autoroute Est-Ouest entres autres). Inciter les grandes écoles de gestion et universités à offrir des formations bien ciblées dans le domaine de la grande distribution. L'Etat peut aussi orienter le développement de la production nationale par des facilitations de tous ordres pour faire baisser le ratio des produits importés. Comme on le voit, les pouvoirs publics ont du pain sur la planche et la balle est dans leur camp.


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