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Un jour, tous patrons !
La mentalité ansej modifie le rapport des algériens au travail
Publié dans El Watan le 23 - 08 - 2014

A se fier à ce que disent de nombreux jeunes, on y court», peste Samir. «Aujourd'hui, tout le monde veut être ‘maalem' (patron), sans pour autant passer par la case employé», décrète cet entrepreneur dans le BTPH. «Il est vrai que la main-d'œuvre déserte les chantiers et que même les bureaux de recrutement peinent à combler le vide des équipes», renchérit quant à lui Mahmoud, chef de chantier.
Quelle est la raison de cette désaffection ? «La réponse est évidente : à cause de l'Ansej et autre, les jeunes ont pris goût à l'argent facile, au travail ponctuel et sans fournir d'efforts. C'est la génération ‘‘chemise'' (pour la chemise en carton qui contient leur dossier à déposer pour l'Ansej)», assène Samir. D'ailleurs, affirment-ils, il est de plus en plus difficile pour certains entrepreneurs de trouver des ouvriers et des manœuvres. «Quand j'en discute avec certains d'entre eux, ils me répondent qu'ils ne voient pas pourquoi s'échiner sur un chantier pour 1500 DA la journée, alors que d'autres voies sont possibles pour gagner plus d'argent et à moindre effort ! », explique l'entrepreneur.
Et l'une de ces «voies » de plus en plus privilégiée est la création d'entreprise. «Mais quelle entreprise ! L'on donne de l'argent à un jeune, il achète une petite camionnette ou un minibus – les fameuses Spouka, et il fait du transport. Alors même que les lignes sont déjà saturées. Et là, il travaille quand et comme il veut, sans soucier des réels besoins publics en la matière», critique Mahmoud. Et si le constat semble flagrant dans le domaine de la construction, il l'est aussi dans d'autres domaines.
D'ailleurs, il devient tout autant compliqué de trouver un ouvrier, au-delà de sa qualification, dans des branches où il faut se «salir les mains» : maçon, peintre, plombier, etc. Cette «mentalité Ansej» a-t-elle modifié le rapport des Algériens au travail et tout particulièrement chez les jeunes adultes ? «Cela commence beaucoup plus tôt, car il y a un système de rente généralisée qui s'est installé», estime le professeur Abderrezzak Benhabib, directeur de recherche en économie à l'université de Tlemcen.
«L'on a coutume de dire que les Algériens - ou tout du moins certains - ne veulent pas travailler, qu'ils rechignent à l'effort. Mais les racines sont beaucoup plus profondes et commencent dès le jeune âge. L'école est gratuite, les études sont gratuites, les soins et services sont gratuits», énumère le professeur. Et ce système «d'assistanat» perdure, ancrant dans l'esprit collectif que «l'Etat doit tout, fait tout». Ce qui se répercute sur l'état d'esprit avec lequel les jeunes se lancent dans l'aventure de création d'entreprises via financement. Et c'est d'ailleurs à cette conclusion que le professeur Benhabib est arrivé, au terme d'une étude quant à l'entrepreneuriat féminin.
«Assistanat» pour une prise de risque nulle
«Cette étude, qui a duré plus de deux années, porte sur les déterminants environnementaux et individuels de l'entrepreneuriat. Il nous est apparu que le premier handicap pour, par exemple, l'entrepreneuriat féminin, est la famille», entame-t-il. Mais, et à l'inverse de ce qui peut généralement freiner la création d'une entreprise, «la variable prise de risques est quasiment nulle», dit-il, avant d'étayer : «En Algérie, ce qui peut entraver un individu dans l'entrepreneuriat se révèle être environnemental - famille et autres- et non pas les risques pris ou la peur de l'échec.»
Le professeur Benhabib explique cette «contradiction» des facteurs par le fonctionnement même de l'Ansej et de la perception qu'en ont les citoyens. «L'on vous donne de l'argent mais sans obligation de résultat. C'est cette image qui, à tort ou à raison, fausse les différentes variables en la matière», estime-t-il.
«Cette absence de prise de risque motive d'ailleurs le choix même du projet : transport ou services», explique pour sa part Saïd Ziane, professeur en psychologie à l'université Alger II, qui a pris part à une étude du Cread autour de ce type de dispositifs. «La sécurité du projet dicte ce refuge vers des projets ‘‘faciles''.» «Les jeunes et même les banques et financiers ne veulent pas prendre de risques, en termes de créativité et d'innovation, car l'on considère l'aspect physique d'une entreprise avant toute chose», analyse-t-il. Ce qui laisse une trace certaine sur la psychologie du travail de ces personnes.
«L'impact que peuvent avoir les crédits type Ansej, Cnac, Angem, ANDI et autres, est lié à la perception de l'individu quant à, non pas la création, mais la viabilité, la rentabilité et la gestion», ajoute-t-il. Il s'agit donc de savoir si derrière le dossier se trouve un réel projet de vie, «d'intelligence économique», précise M. Ziane, ou s'il ne s'agit que de gagner de l'argent, sans création de richesse, sans valeur ajoutée pour la communauté et sans productivité. Et donc sans retour sur investissement pour les bailleurs de fonds.
D'autant plus que «depuis l'année 2000, il est calculé que l'Etat a financé une entreprise sur deux», rappelle Abderrahmane Abedou, directeur général adjoint du Cread. Et si le modèle algérien est particulier justement de par son caractère public, il a eu le mérite, pour M. Abedou, de parvenir à une mutation radicale dans le comportement des jeunes et dans leur rapport à la vie active.
La compétitivité pour répondre avant tout aux besoins publics
«Aussi imparfait que soit ce dispositif, il n'en demeure pas moins qu'il a inculqué les notions de travail libre, indépendant et entrepreneurial dans une société où, il y a encore quelques années, les seules entreprises, PME et autres, étaient l'héritage de quelques privilégiés», s'enthousiasme-t-il.
«Le couloir indépendant se développe et il n'est plus l'apanage de ‘fils de' et d'enfants des hautes sphères», insiste-t-il.
«Et l'avantage des petites entreprises, c'est que le patron lui-même peut faire le travail, surtout s'il est manuel. Car notre économie a besoin de personnes qui répondent aux besoins d'utilité publique, via les petits métiers et services. Mais à une condition : laisser le marché de l'entrepreuneriat faire sa mue et décider des créneaux porteurs et des besoins de la société», conclut M. Abedou. M. Ziani abonde dans le même sens.
«Pour éviter de se retrouver avec plus de patrons que de travailleurs, il est indispensable d'adopter une stratégie globale de création d'entreprises, et une gestion selon les besoins de la société, afin de créer un équilibre dans les offres. Et ce en sus de développer les métiers qui n'existent pas», considère-t-il. Une compétitivité salutaire, au vu des sommes engagées par l'Etat, qui garantirait un réel « retour sur investissement». Ce que certains balaient d'un revers de main.
Car au-delà de l'approche économique, même teintée de psychologie, de tels dispositifs d'aide, c'est l'aspect politique qui semble primer avant tout. Et pour cette «paix sociale», l'on fait fi de l'état de marche de l'économie nationale, ou encore du devenir des entreprises dont on a aidé à la création. «C'est simple, les gens ne jouent pas le jeu. La majorité des entrepreneurs versent dans l'importation tous azimuts. Ou, au mieux, une petite unité de montage est installée.
Dans ce contexte de traficotage et de bricolage généralisé, que peut faire l'Etat ?», note M. Benhabib, perplexe. Le dilemme est donc là, selon lui. «Si l'on va vers plus de sévérité, l'engouement diminuera, et par la même, cela élargira les brèches que l'on tente de colmater grâce à ces financements», prédit-il.


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