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Sur les chemins tortueux de la vérité
Crépuscule des ombres de Lakhdar Hamina projeté à Alger
Publié dans El Watan le 18 - 11 - 2014

Mohamed Lakhdar Hamina, 80 ans, revient au cinéma par la grande porte, avec le long métrage Crépuscule des ombres, projeté dimanche, en avant-première, à la salle El Mougar, à Alger. La Palme d'or de Cannes (1975) n'a pas tourné depuis La dernière image, en 1986Ce long métrage avait été sélectionné au Festival de Cannes, contrairement au Crépuscule des ombres, dont la thématique centrale est le colonialisme et ses méfaits en Algérie.
Le film est dédié au père du cinéaste. «C'est la première fois que je dédie un film à mon père. Beaucoup de monde ne le sait pas, mon père est mort sous la torture de l'armée française dans la région de M'sila», a confié, dimanche, le réalisateur après la projection pour la presse. Dans le film, Lakhdar Hamina interprète le rôle de Abdeljabar, grand-père de Khaled (Samir Boitard). «Ils ont cassé la serrure et sont entrés. Ils étaient étonnés de nous trouver à l'intérieur», dit-il à son petit-fils à propos de l'occupation française de l'Algérie. Khaled, étudiant à la Sorbonne à Paris, sera recruté par l'Ugema et rejoindra le maquis avec ses camarades après un entraînement à Berkane, au Maroc.
Les jeunes maquisards créent la CECA, reprise de l'acronyme de la Communauté européenne pour le charbon et l'acier. La CECA déroute quelque peu les militaires français. Présent dans la région des Aurès, le commandant Saintenac (Laurent Hennequin), convaincu de ce qu'il fait et porté par sa haine des Arabes et des objecteurs de conscience, use de méthodes sales : la corvée de bois. Il demande à ses soldats de tirer dans le dos d'Algériens libérés après des séances de torture.
La corvée de bois tourne mal pour le commandant français, puisque Khaled, arrêté après une opération militaire, sera emmené de force pour être exécuté. Le soldat Lambert (Nicolas Bridet), objecteur de conscience, refuse d'exécuter les ordres. L'exécution d'un prisonnier est un crime de guerre. On ne sait pas à ce jour combien d'Algériens ont été victimes de la corvée de bois, considérée toujours comme un sujet tabou côté français.
Khaled, Lambert et Saintenac vont se retrouver embarqués dans «l'aventure» et doivent affronter la fatigue, la faim, la soif et la chaleur en plein désert. Mais ils doivent surtout se découvrir, se dire des vérités dans un territoire qui peut suggérer l'hostilité pour les uns, l'accueil pour les autres. «Cet enfer, une terre d'hospitalité !» se moque l'officier français, qui semble bien installé dans le rôle du méchant. Khaled lui réplique que la terre devient inhospitalière pour les intrus. Le jeune combattant algérien, Khaled, rappelle à Saintenac les nombreux crimes du colonialisme.
Le dialogue entre les deux personnages dévoile tout le souci du cinéaste de dire des choses sur la période coloniale, de tordre le cou à un certain révisionnisme revivifié ces derniers temps, et de rappeler des vérités historiques cachées ou qu'on veut toujours faire oublier. C'est le cœur-même de la narration dramatique de Crépuscule des ombres qui peut se voir comme une tentative de Lakhdar Hamina, trente ans après Chroniques des années de braises, de continuer de raconter l'histoire de la lutte d'indépendance du peuple algérien. Dans Chronique des années de braises, le récit s'est arrêté à la veille du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954.
Beauté mystérieuse
Le comportement contradictoire et complexe du commandant Saintenac peut suggérer que «la repentance», évoquée pour un temps par les politiques français, n'est toujours pas possible. Et la présence de Lambert rappelle que des Français avaient soutenu la lutte d'indépendance des Algériens et que l'esprit colonial est surtout lié à des intérêts économiques, politiques et géostratégiques. Lakhdar Hamina a pris soin de bien élaborer son récit, choisissant des décors naturels d'une beauté mystérieuse (bien filmés par Alessandro Pesci) et s'inspirant parfois de faits réels.
Le propos du film peut paraître parfois proche du «politiquement correct», mais la fiction est soutenue par une certaine audace, même si les dialogues souffrent d'un encombrement dans le sens où les trois personnages parlent énormément, disent beaucoup de choses sur le passé, s'échangent des arguments comme dans le théâtre. Par exemple, Saintenac s'inquiète sur le devenir de la langue française. «Langue étrangère», lui répond Khaled.
Lakhdar Hamina, qui a écrit le scénario depuis plus de vingt ans, termine son film par une image énigmatique en pleine zone interdite du côté de Reggane (sud-ouest algérien). Une image qui peut relancer tout le film, évoquer que «les fantômes du passé» peuvent revenir et inviter le public aux questionnements. En ce sens, Crépuscule des ombres interroge l'Histoire, ceux qui l'ont écrite et ceux qui l'ont falsifiée. Lakhdar Hamina a pris des risques avec un road-movie manquant d'action, mais chargé sur le plan des dialogues. Le rapport entre des personnages contradictoires, la dégradation de ce rapport, l'hostilité du milieu dans lequel ils évoluent ont donné une épaisseur psychologique et certaine à un récit déjà suffisamment dramatique.
L'Histoire, la grande Histoire, est bien sûr présente, mais il y a aussi autre chose : la nature humaine elle-même. La guerre est d'abord une «bêtise humaine». N'est-ce pas ? «Quand on fait un film, on parle de beaucoup de choses à la fois. Il y a la part du réel et de l'imaginaire. Le film se juge sur son ensemble. Dans Crépuscule des ombres, j'ai créé des situations pour suggérer l'idée que la France devrait grandir en reconnaissant les horreurs qu'elle a commises dans le passé.
Peut-être que les personnages ne l'ont pas dit, mais moi je l'ai inventé pour faire passer mes idées», a précisé le cinéaste, qui a annoncé qu'une série télévisée de cinq ou six épisodes est en préparation à partir de ce film. Interrogé sur la langue française présente dans le film, Mohamed Lakhdar Hamina a précisé qu'il n'aime pas voir les longs métrages doublés. «Je préfère voir les films originaux sous-titrés. Mon film sera sous-titré en langue arabe.
L'officier et l'objecteur français parlent français, je ne pouvais faire autrement. Grand-père, je parle à Khaled, mon petit-fils, en arabe», a-t-il dit, estimant que les Algériens qui parlent français aujourd'hui sont minoritaires. Il a critiqué l'arabisation en Algérie après l'indépendance, précisant que la langue arabe devait être «traitée et parfumée» comme une belle. «Pas comme cela avait été fait avec des marchands d'oignons venus enseigner en Algérie !» a-t-il noté.
«Haines ancestrales»
A propos des décors naturels du film, Mohamed Lakhdar Hamina a estimé que l'Algérie est belle, mais qu'elle est méconnue de ses enfants. «Quand on me dit qu'il existe un ministère du Tourisme, je rigole. La plupart des Algériens du Nord ne connaissent pas le Sud du pays. Ce n'est pas de leur faute. Il n'existe pas d'incitation au voyage, pas de structures. Un pays, ça se gère. Il faut veiller sur ce pays. Nous sommes en danger, car nous avons perdu le sens de notre histoire, le sens de nous-mêmes», a soutenu le cinéaste.
Laurent Hennequin a, pour sa part, estimé qu'il n'existe pas forcément de haine entre les deux personnages, Khaled et de Saintenac, dans le film. «Les deux hommes veulent sauver leur peau. Il y a un côté très humaniste et très universel dans ce film. Au-delà du conflit entre l'Algérie et la France, cela peut correspondre à un autre film qui aurait pu se dérouler dans un autre pays en ce moment avec des conflits qui sont les mêmes et des haines qui sont ancestrales.
Il y a beaucoup de gens qui ne se souviennent plus pourquoi. Parfois, nous avons besoin de plus de Lambert (l'objecteur de conscience) qui viennent raviver les choses et poser des questions aux uns et aux autres : ‘‘Pourquoi veux-tu sa mort?''» a-t-il noté. Qu'en est-il de «la repentance» évoquée dans la fiction ? «Lorsqu'on a dépassé un certain degré de l'horreur, on a définitivement sali son âme. J'ai joué le rôle de Saintenac plus peureux que repenti.
A partir du moment où il est amoindri, il risque sa peau, a faim et a sa soif, cela le rapproche de ses propres peurs et de sa propre foi qui finit par être un poison pour lui», a expliqué le comédien français Nicolas Bridet qui, lui, a apprécié le message universel du film de Lakhdar Hamina. «Mon personnage m'a énormément plu. Les convictions et les valeurs de ce personnage sont proches de ce que je ressens et ce que je suis. Les valeurs qu'il draine sont celles de liberté et de paix.
Des choses qui sont en moi et que j'ai envie de transmettre. Les conflits, les guerres, tout ce qui nous entoure en ce moment va de pire en pire. J'ai du mal à comprendre», a-t-il confié. Samir Boitard a, de son côté, évoqué le caractère «onirique et poétique» des films de Mohamed Lakhdar Hamina. «Avant tout, le film évoque le conflit entre la France et l'Algérie. Le cinéaste a inventé une histoire humaine. Ce qui est intéressant, c'est que le conflit dans le film est plutôt oral, pas armé.
C'est une confrontation de convictions. Et les convictions, c'est très enfermant. La relation entre les trois personnages est d'abord humaine. Le fait de se retrouver dans le vide, dans le désert, oblige ces personnages à mettre de côté leurs convictions et essayer de s'entraider, de vivre avec mère nature (…) Je suis comédien, j'ai essayé de défendre à travers mon personnage le point de vue de Lakhdar Hamina. Je ne connaissais pas l'Algérie. J'ai donc découvert ce pays», a soutenu Samir Boitard.


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