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«Il y va des destinées collectives comme des trajectoires individuelles»
Stéphane Babey. Auteur de France Algérie, l'impossible divorce*
Publié dans El Watan le 02 - 12 - 2014

L'auteur, Stéphane Babey, a su tardivement que son père (dont il ne porte pas le nom) était algérien.
Il est décédé quelque temps seulement avant qu'il ne retrouve la trace de celui qui s'était séparé de sa mère française alors qu'il était enfant. Après plusieurs voyages en Algérie et plusieurs livres où il rend hommage aux sources de sa vie, il vient de publier France Algérie, l'impossible divorce, aux éditons du Rocher.
-Pour la première fois, vous vous adressez dans votre dernier ouvrage à votre père directement sous forme de lettre. C'est un cri ou une douleur : «oui, mon père était algérien !»
Ni un cri, ni une douleur, et moins encore une quelconque revendication. Au contraire, c'est une lettre d'amour, après avoir dépassé les souffrances du passé. Mais cette lettre est surtout une lettre à l'Algérie, tant je suis convaincu qu'il y va des destinées collectives comme des trajectoires individuelles. Le message essentiel de cette lettre est que la double culture est une richesse qu'il faut savoir faire fructifier.
-Voyage après voyage, vous vous faites une idée neuve sur l'Algérie, en vous y associant. Il semblerait que vous désirez ne faire plus qu'un avec ce pays que vous voulez vôtre. La mue est-elle facile ?
Ce n'est pas une mue. Simplement l'accomplissement d'une identité composée de deux branches indissociables. L'identité n'est pas une construction malheureuse ou une pathologie comme essaient de le faire croire des esprits chagrins et fermés, tels que Finkelkraut ou Eric Zemmour. Il faut avoir le cœur sec et l'esprit obtus pour penser que l'identité ne peut être faite que d'un seul bloc. Sa complexité, ses différentes composantes sont au contraire une source de bonheur.
-Effet boomerang, vous regardez avec beaucoup de lucidité, depuis Alger, votre premier pays, la France... Votre regard se fait acerbe. Quitteriez-vous le pays maternel pour le pays paternel ?
D'abord, aimer son pays exige d'abord de la lucidité. Et je ne peux qu'observer avec une profonde tristesse, pour ne pas dire une certaine révolte la France se laisser peu à peu gagner par la haine de l'autre et le repli sur soi prônés par les tenants de l'extrême-droite, dont la porosité avec une partie de la droite est chaque jour plus grande. Ceux-là veulent entraîner la France dans une impasse. A titre personnel, je n'entends certainement pas abandonner une part de mon identité au profit de l'autre. Elles sont indissociables. Et si vous parlez de double nationalité, ceux qui en France veulent l'interdire sont ceux qui prônent la xénophobie. Je dois beaucoup à la France et à l'Algérie aussi. Ce sont deux parties de moi. Je ne m'amputerai jamais. Ce serait indigne vis-à-vis de la France et indigne aussi vis- à-vis de l'Algérie.
-Vous avez beaucoup d'empathie pour les immigrés algériens en France ; pourquoi ?
J'ai en commun avec eux une forme d'exil. Mais je sais aussi la difficulté de leurs parcours, l'ostracisme dont ils sont souvent victimes. J'ai toujours eu une forme de fraternité quotidienne avec eux. Leur situation en France est souvent inacceptable. C'est là un combat social qui doit être mené.
-Vous avancez une analyse critique du pouvoir algérien. Ce regard extérieur peut-il être fondé et sur quoi ?
Il faut être aveugle pour ne pas voir la coupure qui existe entre le pouvoir et le peuple algériens. Le président Bouteflika a su mener à terme un processus de réconciliation nationale indispensable. Désormais, d'autres enjeux se posent, d'autres défis sont à relever. Il ne m'appartient pas d'en dire davantage, car c'est aux Algériens de conduire la destinée du pays et à personne d'autre. Or, je n'ai pas la nationalité algérienne. J'ai trop de respect et d'amour pour l'Algérie. J'ai confiance en elle et en son peuple au-delà des difficultés.
-Vous fustigez le colonialisme avec une appréciation nouvelle, du moins dans la forme, notamment sur la sémantique comme, entres autres, «présence française» qui atténue la réalité de la «présence coloniale», et entraîne une forme d'anesthésie face au pillage «sans vergogne». Que voulez-vous démontrer ?
En France, certains ne cessent encore d'alimenter la nostalgie de l'Algérie française et ce n'est pas acceptable. Je l'ai dit, aimer son pays exige d'être lucide à son égard. Le colonialisme était un crime d'Etat et la guerre d'Algérie n'est que le résultat de la cécité des autorités françaises face aux légitimes aspirations de liberté. Cela est indiscutable et la France doit l'assumer pour enfin construire une relation de pleine confiance, intime avec l'Algérie. Elle le doit notamment aux cinq millions de Franco-Algériens. Ceux qui se vautrent dans la nostalgie, dans le refus des responsabilités, trompent le peuple et entretiennent un climat de haine à l'égard de l'Algérie mais aussi des Franco-Algériens. Prendre l'histoire en otage, la séquestrer, compromet l'avenir.
-Vous mettez en avant le concept d'«urgence franco-algérienne». Sur quoi repose votre constat, alors qu'on assiste, depuis 2012, à un ballet incessant de représentants du pouvoir français en Algérie et que les relations n'ont jamais été aussi intenses. Quel est donc le petit plus qui manque ?
Au-delà des relations que vous évoquez à juste titre, la France traverse une crise morale grave. Le repli sur soi, la peur de l'étranger sont à l'ordre du jour. L'Algérie est souvent méconnue, au pire méprisée. Des amalgames sont savamment entretenus. De l'immigration au terrorisme islamique, certains n'hésitent pas à jeter le discrédit sur l'Algérie réelle. Cela est très préjudiciable. Or, nos destins sont mêlés. Ce qui manque, c'est une connaissance de l'Algérie, de cette Algérie réelle, parfois complexe pour un Français. Le plus grand danger actuellement, ce sont les préjugés et les amalgames entretenus par certains.
-Bien sûr, dans le rapprochement vous n'oubliez pas de citer les rapatriés d'Algérie. Estimez-vous qu'ils ont fait un mauvais choix durant le soulèvement algérien ?
Je n'ai pas à juger ceux qui — si nombreux — ont subi cette histoire qui se fait à coups de revolver, pour reprendre l'expression du poète René Char. Bien des rapatriés sont des hommes meurtris par l'histoire. Nous devons savoir les différencier de la question de la responsabilité politique du pouvoir français qui, elle, est indiscutable. L'enjeu, aujourd'hui, c'est de dépasser ces moments douloureux pour fonder une relation solide entre la France et l'Algérie qui ont tant à faire ensemble.
-Camusien vous restez, et ce sont les plus belles pages du livre lorsque vous revenez à Tipasa. Avec le recul, comprenez-vous aujourd'hui les difficultés à maintenir la caravane Camus ?
D'abord, je n'ai jamais cautionné le mot de «caravane». Ensuite, ceux qui ont voulu politiser Camus se sont trompés de combat. Je dirais qu'ils ont renforcé ma conviction sur cette nécessité de dépasser l'histoire et d'en finir avec cette prise d'otage du passé. L'histoire, ce n'est pas ressasser inlassablement la haine, mais accepter ce passé pour bâtir l'avenir. Ce que j'ai surtout constaté à ce niveau, c'est le décalage entre le peuple et ces quelques censeurs qui n'ont toujours pas compris.
-C'est un ouvrage très personnel que vous offrez à vos lecteurs. N'avez-vous pas hésité à vous confier, au risque parfois de l'impudeur ?
Quand on aime, il faut parfois savoir le dire. Qu'y a-t-il d'impudique à exprimer l'amour que j'ai pour l'Algérie, mais aussi, d'ailleurs, pour la France ? Vous savez, j'en avais surtout marre d'entendre tant de Français caricaturer l'Algérie. Ce livre est une réponse aux préjugés que j'entends chaque jour. C'est important de dire que ce pays me rend fier et de dire qu'il a de belles et grandes choses à apporter à la France, mais aussi au monde en général.

Stéphane Babey, France Algérie, l'impossible divorce, éditons du Rocher, Paris novembre 2014.


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