Comme quoi, le travail et la perspicacité conjugués à l'effort et le don de soi restent un levier à tout défi humain quel qu'il soit. Celui de Khalti El Hadja en est assurément un. «C'est en rencontrant à La Mecque, en 1996, un groupe de femmes malaisiennes et indonésiennes qui lisaient le Coran en arabe, alors que ce n'est pas leur langue, tandis que moi qui suis arabe, je ne savais pas le lire, j'ai juré en terre sainte que tant que je serai en vie je ferai tout pour d'abord apprendre à lire et à écrire, et ensuite apprendre le Saint Coran. Dieu m'a donné la force et la foi, et enfin après près de 20 années d'intenses efforts, je suis récompensée», a déclaré en toute humilité la vieille dame de 83 ans, entourée des habitants de son quartier, Ksar El Quadim à El Ménéa, ville distante de son chef-lieu de wilaya Ghardaïa de 270 km vers le Sud. Elle ajoute : «En 1996, alors que je revenais de La Mecque et que j'avais fait ce serment, je ne savais ni lire ni écrire, puisque je ne suis jamais allée à l'école. D'ailleurs, à notre époque, il était impensable au vu des pesanteurs conservatrices de notre région, à une fille d'aller à l'école. Même parmi les hommes de cette époque, rares étaient ceux qui avaient connu les bancs de l'école si ce n'est quelques-uns qui ont fréquentés celle des Pères Blancs. Mais j'ai quand même réussi à dépasser d'abord le regard de la société sur la femme en allant m'inscrire aux cours du soir pour adultes dans le cadre de la lutte contre l'analphabétisme et ensuite à tenir près de vingt ans pour arriver à lire et écrire convenablement et en parallèle commencer à apprendre le Saint Coran que je viens de mémoriser en entier après 18 ans d'efforts et de volonté inébranlable. J'ai enfin et grâce à Dieu, réalisé mon rêve et j'ai tenu la parole que j'ai prise en terre sainte.» Il fallait la voir, Khalti El Hadja, toute éclatante de bonheur, son visage irradiant de joie et de sérénité retrouvée dans l'extase de l'accomplissement d'un vœu à même de rapprocher davantage la créature de son Créateur. Longue vie à toi El Hadja et que ton exemple serve à d'autres femmes et pourquoi pas, aux hommes aussi. Dans la vie on apprend toujours et de diverses manières.
