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Les films naissent dans le secret et peuvent le rester tant qu'un seul guichet décidera de leur existence
Fatma-Zohra Zamoum. Réalisatrice
Publié dans El Watan le 17 - 04 - 2015

Comment faire assassiner un film par ceux censés promouvoir le cinéma : c'est ainsi qu'on peut résumer l'entretien avec cette réalisatrice exigeante et innovante, dont la fiction historique, Azib Zamoum, une histoire de terres, sera bientôt présentée au public.
- Cela fait des mois que vous n'arrivez pas à finaliser votre film qui se déroule en partie en Inde, Rajasthani Raï, road-movie musical. Problème de financement ?
Cela fait presque trois ans que je tourne en rond en matière de production. Et cela me désole, d'autant que ce projet est innovant. C'est en gros l'histoire d'un chanteur de raï sympathique, mais qui frappe sa femme (cela peut rappeler des faits réels, mais c'est une pure fiction). Il va donner un concert en Inde et le scandale éclate sur place, son agent essaye de lui trouver une communication positive et ça se complique avec plein d'aventures de musique et de rencontres humaines, mais ça finit bien…
Rajasthani Raï est à l'arrêt depuis octobre 2012, car le Fdatic, tout en acceptant le scénario, a émis des réserves sur sa faisabilité. Je me suis pliée au jeu de répondre aux objections, car je respecte les règles, mais toutes mes démarches sont restées vaines. J'ai déjà eu des financements du Fdatic pour d'autres films, qui ne représentaient que le quart du budget et les gens du Fdatic ne se sont jamais demandé comment on allait faire le film, et là tout d'un coup, ils l'ont fait.
C'est étrange. Sans vouloir stigmatiser la précédente commission ou les responsables du cinéma, je me désole publiquement, comme j'ai pu le faire chez eux par ailleurs. Et je le fais, car ceux qui suivent mon travail me demandent sur quoi je travaille et je ne sais plus quoi dire. J'ai écris le scénario fin 2011, dès que j'ai terminé Kedach Ethabni pour gagner du temps sur celui de production et de fabrication qui sont toujours trop longs. J'ai même raté le Festival d'Oran parce que je faisais une recherche pour écrire le scénario.
- Pourquoi le Fdatic fait-il référence aux tournages à l'étranger comme empêchement ? Il y a eu pourtant Nahla, Djamila, Camp de Thiaroye et d'autres productions ou coproductions algériennes tournées à l'étranger…
Cela a été l'un des arguments du blocage, mais je tiens à signaler que le film se tourne aussi en Algérie, selon les nécessités de l'histoire. Et le tournage en Inde a été pensé pour durer le moins possible. L'Algérie a fait par le passé des films qui ont été tournés à l'étranger, parfois pour une identité algérienne forte comme dans Nahla ou Djamila et d'autres pour communiquer avec le cinéma international comme Z, Le Camp de Thiaroye ou Fleur de Lotus.
Et ces films sont devenus légendaires justement parce qu'ils sont audacieux et innovants. Tous les pays appliquent des critères pour le financement des films : la nationalité des réalisateurs, un contenu culturel national, le développement du secteur et un tournage local. D'autres, très peu nombreux, aménagent ces critères, mais ils ont des objectifs diplomatiques et de rayonnement (la France, la Norvège depuis peu) ou un projet industriel (l'Allemagne et les pays scandinaves) ou le désir de faire des affaires (l'Inde, la Chine, les USA).
En Algérie, il est devenu difficile de lire la démarche. Légalement, rien n'interdit un «film international» avec tout ce que cela veut dire de spécificités pour chaque projet (un sujet validé, un réalisateur algérien et un producteur algérien sont des garanties suffisantes, le reste n'est qu'aménagement). La loi est interprétable pour permettre de faire des films ou obstruer leur faisabilité. Et c'est là qu'on peut jouer pour promouvoir l'innovation, la créativité ou la routine.
- Pourquoi une autorité publique finance massivement les films commémoratifs (d'une qualité dénoncée par ceux-là mêmes qui les réalisent, comme l'a fait Rachedi), alors que cette même autorité refuse d'encourager de l'inventivité, la créativité ?
Depuis les années 2000, beaucoup de sociétés de production ont été créées et cela a coïncidé avec des rendez-vous commémoratifs où des budgets pharaoniques sont alloués et cela donne : les techniciens qui nous demandent de nous aligner sur les tarifs des gros budgets, alors qu'ils ne sont pas plus compétents que des techniciens moins chers à ramener d'Europe, le matériel est très coûteux à la location, du parasitage spéculatif, des films prétexte et un microclimat aberrant. Ahmed Rachedi fait bien d'en parler, quand il prépare un film pendant un an, il mobilise tous les techniciens d'Alger.
Et pour une finalité inconnue en matière de cinéma. Un milieu culturel sain est une combinaison entre volonté et régulation publique et un privé inventif et dynamique du technicien à l'exploitant en passant par l'amateur. On se trompe souvent sur la situation du cinéma français, le CNC qui finance environ 200 films par an reçoit plus d'argent de l'exploitation des films américains en salles qu'il n'en a des films français.
Espérer qu'un petit film d'art et essai qui sort sur 20 copies rapporte, c'est bien, car la proposition au public est riche, mais penser en même temps à taxer les tickets des films américains qui sortent sur 800 copies, c'est ça l'intelligence. Quant au cinéma indien, il s'autofinance totalement sans l'Etat, par la dynamique des financeurs privés et celle du marché de salles en Inde. Et cette industrie qui produit 1000 films par an ne compte que sur son marché intérieur pour s'autofinancer et prospérer. Et même la sortie des films américains ne lui rapporte rien qui soit de l'ordre de la survie.
Où sommes-nous dans tout ça ? Je ne sais pas, mais je sais que de nombreux pays mettent en avant des solutions pour améliorer leur attractivité, leur innovation, leurs idées et sont des schémas financiers très complexes, car la concurrence est rude, cela va des facilités douanières, aux financements incitatifs, aux tax shelters ou abattement d'impôts, à une vraie vision au national et à l'international.
- En plus, et selon le fonctionnement du Fdatic, ce dernier demande de prouver l'existence de partenaires étrangers pour financer, or rien ne peut convaincre le partenaire étranger si on n'a pas un montage financier…
Cela tombe sous le sens, un montage financier, c'est obtenir un accord, un montant, puis un autre, puis un autre, etc. jusqu'à boucler le budget. Et quand on échoue à boucler le financement, on repense le film pour le faire avec ce qu'on a ou on change de stratégie de recherche.
Il y a maintenant des financements alternatifs tels que crowdfunding, des financements remboursables et autres options de partage de droits avec coproducteurs et MG de distributeurs pour compléter les budgets. Mais pour ça, il faut d'abord assurer à domicile, pour emprunter au langage du football. Après un an et demi de démarches au national et à l'international pour trouver des partenaires, ce qui a été fait et transmis à la commission, celle-ci m'a à nouveau écrit en mai 2014 pour me signaler qu'elle arrivait à fin de mandat, et que comme je n'ai rien fait, «même pas le film» (sic), elle décidait qu'il devenait infaisable.
Déjà qu'avec le premier courrier, au national, il m'était impossible légalement de signer avec la télévision, qui a accepté le scénario fin 2013. Et de démarcher des sponsors pour trouver des solutions alternatives, alors avec le second cela devenait presque un projet suspect. Cette situation de blocage des financements du cinéma a été générée par un verrouillage législatif de l'ancienne ministre, «aucun film de cinéma ne peut se faire sans le financement du ministère de la Culture».
La nouvelle ministre étant du domaine, nous espérons qu'elle permettra que des films de cinéma se fassent avec des partenaires divers et indépendants les uns des autres, à partir du moment où le texte est validé par le ministère, et cela même si la commission décide de ne pas le soutenir financièrement pour X raisons. Ce que je retiens de ces difficultés, c'est l'obligation de l'acharnement comme mode d'existence au national (c'est triste quand on sait ce qui nous attend à l'international) mais aussi que dépendre d'un seul guichet est la porte ouverte à toutes les dérives.
Il suffit qu'un membre d'une commission n'aime pas quelqu'un, il peut le condamner à ne pas travailler pendant le temps de son mandat. Il suffit qu'un ministre ait un différend avec quelqu'un pour que les fonctionnaires le lui fassent oublier. Nous devons nous battre contre ce risque, qui existe et qui existera toujours, si un tel pouvoir est donné de façon exclusive à un guichet. Les films naissent dans le secret et peuvent le rester aussi longtemps qu'un seul guichet décidera de leur existence.
Comme disait Mohsen Makhmalbaf, lors de la projection du film Le Président, à Paris dernièrement : «En Iran, j'avais la censure morale et maintenant que je vis à Londres, j'ai la censure économique.» Souhaitons que nous n'ayons en Algérie ni l'une ni l'autre. Et pour cela, il faut multiplier les guichets et les possibilités de financements alternatifs.
- Est-ce qu'on perçoit justement la signification d'un film dans les arcanes administratives ? Le fait qu'il s'agisse d'un élément culturel, industriel, diplomatique et de connexion avec le monde ?
Honnêtement je ne sais pas. Les personnes qui travaillent dans l'administration sont dans un tel engrenage de procédures et de paperasse qu'elles en arrivent à oublier la finalité. Et si tout devient procédure, l'art s'enfuit. Quant à comprendre ce qui se passe dans le monde en matière d'industrie cinématographique, de volontarisme politiques et commerciaux, je n'en suis pas sûre.
Même si ces personnes ont de la culture, voyagent et participent à des colloques internationaux, elles sont toujours invitées par les institutions d'Etat et elles ne peuvent pas percevoir de quelle façon le privé s'implique dans la vie culturelle, c'est une question d'opportunité d'expérience. Elles ne savent pas ce qui fait marcher le marché local et ne peuvent pas connaître les efforts individuels pour le faire vivre.
J'ai vu au marché du Festival de Berlin un membre d'une société de distribution iranienne entrer dans toutes les salles de projection du marché juste pour noter le titre du film, le genre, sa nationalité et le nombre de spectateurs. De ces données dépendront sûrement les quatre ou cinq films à produire en Iran pour l'exportation l'année suivante. C'est un travail de tous les instants et il implique une bataille pour exister sur des marchés très agressifs où nous n'avons pas de place.


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