Alors qu'entre autres pièces archéologiques, les neuf têtes de statues volées au mois de février 1996 du théâtre romain de Guelma faisant office de musée, n'ont pas encore été retrouvées, bien que la piste tunisienne devant remonter la filière des voleurs soit connue, voilà qu'un autre coup dur vient d'être porté au patrimoine archéologique dans la wilaya d'El Tarf. Des objets archéologiques d'une inestimable valeur allaient prendre la poudre d'escampette vers la Tunisie, quand, agissant sur renseignements, les éléments de la gendarmerie de Bouchegouf dans la wilaya de Guelma, y ont mis le holà, a-t-on appris lors d'un point de presse animé hier par le commandant de groupement de la wilaya de Guelma. De fait, la compagnie de la gendarmerie de Bouchegouf a procédé, le 2 septembre dernier, au démantèlement d'un réseau spécialisé dans le trafic des objets archéologiques. K.M., 20 ans, G.A., 38 ans, B.R. 33 ans et H.K., 43 ans, ces quatre personnes, dont les trois premiers sont originaires d'El Tarf et la quatrième de Annaba, qui étaient à bord d'une voiture de marque Renault 19, ont été arrêtées au lieudit Aïn Kouhaila, située sur la RN16 reliant Bouchegouf à Souk Ahras. Lors de la fouille du véhicule, les éléments de la gendarmerie y ont découvert 69 pièces de monnaie en bronze datant de l'époque romaine, – on a pu y reconnaître des sesterces (menue monnaie) –, 20 autres pièces en métal blanc, 2 épées, l'une de 74 cm de long et l'autre de 104 cm, et une statuette en bronze représentant un cavalier. Selon leurs aveux, les mis en cause tentaient de vendre ces objets pour la somme de 5 millions de dinars. Outre cela, ils avaient aussi en leur possession un dessin représentant deux statues devant peser, selon toujours leurs aveux, 3 et 5 tonnes ; ils avaient l'intention d'encaisser des arrhes auprès d'un éventuel acquéreur de nationalité tunisienne, avant de les voler (les statues) de la réserve de Béni Salah pour les lui livrer. Lors de la perquisition effectuée à leurs domiciles, les gendarmes y ont découvert un obus et 15 douilles d'obus remontant à la période de la guerre de Libération nationale. Présentés hier devant le parquet de Bouchegouf, les quatre mis en cause seront écroués pour « trafic et recel d'objets provenant de fouilles illégales ».
