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Archéologie : Ce n'est pas en Algérie qu'on forme des Indiana Jones
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Publié dans El Watan le 29 - 05 - 2015

Les profs trouvent que l'enseignement de la discipline s'améliore. Les étudiants déplorent que la théorie comme les fouilles ne soient pas aux normes internationales. Qu'apprend-on en archéologie ? El Watan Week-end a enquêté. Peut-on devenir un archéologue reconnu si on n'a… jamais fait de terrain ? Voilà en une question, posée par les étudiants, tout le malaise de l'enseignement de la discipline en Algérie.
Car si les cours ne manquent pas –l'archéologie est enseignée à l'Institut, mais aussi dans les universités de Guelma, Constantine, Sétif, Chlef, Tipasa, Médéa et Tlemcen– l'Institut d'archéologie d'Alger reste le seul dans le pays «à enseigner l'ensemble des spécialités reconnues : l'archéologie préhistorique, l'archéologie antique, l'archéologie islamique et la restauration et conservation», souligne Salim Drici, enseignant à l'université d'Alger II.
Pourtant, des stages de terrain obligatoires sont inscrits au programme. «Les études archéologiques reposent sur le terrain. Mis à part les sorties de courtes durées, telles que les visites et les cours qui se font aux musées ou dans certains sites de proximité, l'étudiant a droit à un stage pratique de plusieurs jours où il pourra s'initier au relevé architectural, aux techniques de fouille, aux coupes stratigraphiques et aux dessins céramiques», explique encore l'archéologue. Yacine, un diplômé de l'Institut d'archéologie d'Alger, s'interroge : «Il faudrait que le terrain, archéologiquement parlant, existe !
Les seules expéditions pédagogiques, dont on bénéficie, sont, soit des visites touristiques, soit des travaux de désherbage et de nettoyage des sites archéologiques». Il est rejoint par Rym, aussi étudiante à l'institut. «A l'université, on nous apprend uniquement la théorie, mais ce qui se passe sur le terrain est complètement différent de ce que on nous apprend à la fac.» Yasmina Chaïd Saoudi, professeur d'archéologie à l'université d'Alger II, reconnaît que cela reste «insuffisant et que ces stages doivent être recadrés», notamment suite au nombre croissant d'étudiants.
Pour elle, si les programmes, périodiquement réactualisés, correspondent dans leurs intitulés et leurs contenus aux avancées des sciences en archéologie, «leur mise en œuvre nécessite encore beaucoup d'efforts». Elle assure que si certaines difficultés rencontrées sont d'ordre purement pédagogique, «d'autres sont liées à des facteurs, comme la logistique, la durée réelle des heures d'enseignement, le niveau linguistique et culturel des étudiants». A titre d'exemple, l'enseignante pointe du doigt «le choix du terrain qui, en l'absence de définition des priorités et surtout en raison d'un manque de moyens, ne peut traduire et développer facilement les contenus théoriques».
Terrain
En effet, selon elle, étant donné que les priorités de la recherche scientifique ne sont pas ciblées, les enseignants «vont dans toutes les directions, ce qui est loin de résoudre nos interrogations», confie-t-elle. Pour Yacine, «ouvrir un chantier de fouille digne de ce nom est tout un projet scientifique. Il ne suffit pas de creuser la terre et d'en sortir des vestiges, il faut être compétent». Ce dernier explique que si les cours ne sont pas en adéquation avec le terrain, c'est tout simple, car «la plupart des professeurs n'ont aucune expérience de terrain. Tout est une question de compétence.
Or, d'après ce que j'ai pu voir jusqu'à présent, on est encore loin, et les quelques pseudo-fouilles réalisées jusqu'à présent le montrent». Un avis largement partagé par Zinedine, étudiant en deuxième année magister, spécialité restauration des monuments à l'Institut d'archéologie d'Alger. L'étudiant se désole : «Malheureusement, la pratique n'a pas réellement sa place dans l'université algérienne.» L'autre problème, lié à la pratique, touche directement l'enseignant, responsable de tout le déroulement de la mission.
Yasmina explique encore : «C'est lui qui quémande son autorisation de fouille, cherche un hébergement et un restaurateur pour ses étudiants et gère les autres soucis, tout en assurant sa tâche de recherche et de formation. Il doit aussi se substituer au laborantin préparateur, au chimiste, décrire son objet, le comparer, etc.». En fait, au lieu que l'enseignant soit juste un maillon dans une chaîne où chacun remplit une tâche bien précise, il se substitue à tous les acteurs.
Pour ne rien arranger, les stages se concentrent pour le moment au nord du pays. «Le Sud, avec tout ce qu'il présente comme art rupestre, monuments funéraires et formations géologiques et paléontologiques, nous est encore inaccessible, sauf dans le cadre d'un partenariat de recherche très restreint», dénonce Yasmina. Néanmoins, souligne-t-elle, «les enseignants s'investissent pleinement dans ce domaine et font de leur mieux pour que leur recherche avance et que les étudiants acquièrent un peu d'expérience durant leur cursus».
Chantiers
Enfin, aucun budget n'est alloué aux chantiers de fouilles organisées par l'Institut d'archéologie. «Ce sont les enseignants qui s'arrangent en engageant leurs frais de missions (2500 DA/jour) et bien sûr tout le matériel fourni par l'institut ainsi que les moyens de transport», souligne Salim Drici. Malheureusement, «si de nombreuses actions ont été engagées par le ministère de la Culture ces dernières années, sur le terrain, beaucoup reste à faire et nous manquons cruellement d'exemples de réussite traduisant cette volonté», se désole Yasmina.
Pour Salim Drici «le problème ne réside pas dans l'encadrement ni dans les textes, mais dans le mode de gestion et la définition des priorités». Une des questions à soulever est notamment celle du recours aux étrangers. Exemple : sur la fouille menée place des Martyrs, le ministère de la Culture a fait certes intervenir des chercheurs du Centre national des recherches archéologiques (CNRA) ainsi que l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels (l'OGBEC), mais il a aussi fait appel à l'Institut national de recherches archéologiques préventives, ce qui ne plaît pas à tout le monde.
Salim Drici estime qu'il est intéressant «d'avoir un regard avisé d'un spécialiste quand il fait défaut chez nous», mais il affirme néanmoins que «de nos jours, il y a assez de compétences pour gérer l'ensemble des chantiers». Par ailleurs, ce dernier estime que l'idéal serait de créer «une passerelle entre le ministère de la Culture et l'Institut d'archéologie et l'ensemble des départements qui ont un lien direct avec le monde de l'archéologie, profitable pour l'ensemble des parties». Farid Ighilahriz, le directeur du Centre national des recherches archéologiques, ne voit d'ailleurs aucun inconvénient à faire participer les étudiants en archéologie aux fouilles réalisées et explique : «Les étudiants sont libres de demander de participer aux projets en cours.
On les fait d'ailleurs participer, quand cela est possible.» Yacine estime que cela n'est pas suffisant et assure : «Ce qui est certain, c'est qu'il reste beaucoup à faire pour que l'archéologie en Algérie devienne une discipline à part entière vu l'incompétence de ceux qui tirent les ficelles dans ce domaine.»
Fouilles
Le jeune étudiant qui se dit «dégoûté» de tout ce qui se passe dans ce domaine compte partir à l'étranger pour réaliser son projet de doctorat. Cela n'étonne pas Rym qui confie : «En Algérie, il est très difficile pour un archéologue de trouver un poste dans le domaine dans lequel il évolue, c'est pour cela que la majorité d'entre nous cherche à fuir le pays pour s'installer dans les pays où ce domaine est réellement reconnu.» Ce qui implique, à l'image de ce que qui se passe dans toutes les disciplines, un diagnostic sur le niveau.
«C'est lors de ma participation au projet de fouille de la place des Martyrs d'Alger qu'a entrepris le Centre national de recherche en archéologie (CNRA) en partenariat avec l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives –France-) que j'ai pu constater à quel point notre enseignement de cette science est à côté de la plaque», explique Yacine. Ce dernier assure avoir plus appris en quelques mois au contact des archéologues français qu'en plusieurs années à l'université. «Aujourd'hui, je regrette toutes les années que j'ai perdues à l'université alors que j'aurais pu m'enfuir ailleurs pour réaliser mon rêve de devenir un vrai archéologue», conclut-il.
Si récemment plus de 3500 sites archéologiques sahariens ont été localisés et mis hors de danger suite à une opération d'archéologie préventive dans les régions de Reggane et de Tadmaït, dans la wilaya d'Adrar, beaucoup se demandent encore comment se passent ces fouilles et ce qu'on enseigne concrètement aux étudiants en archéologie. C'est auprès de Yasmina Chaïd Saoudi, professeur à l'Institut d'archéologie d'Alger 2, qu'on obtient une réponse.
Elle confie : «A partir de la présente année universitaire, le tronc commun, qui reste pour l'étudiant une étape d'imprégnation des contenus, est passé d'une étape de familiarisation en sciences sociales à une étape de familiarisation avec les sciences archéologiques; ce qui se traduit pour nous par un gain de temps très appréciable». En effet, c'est lors du tronc commun que l'étudiant aura droit à un large éventail de modules, tels que les sciences préhistoriques, sciences de l'antiquité, sciences médiévales, les méthodes de restauration «qui englobent l'ensemble des spécialités afin qu'il puisse d'abord prendre connaissance de la richesse historique et civilisationnelle de l'espace dans lequel il évolue, et puis en toute évidence pour pouvoir choisir la spécialité qui lui convient», explique Salim Drici, professeur à l'Institut d'archéologie d'Alger 2.
Alors que certains spécialistes, à l'image de Samir Khalloudi, pointent du doigt «l'ignorance et surtout la négligence qui règne dans le domaine de l'archéologie en Algérie, notamment en termes d'archéologie préventive et la protection du patrimoine archéologique», désormais, les cours dispensés «se focalisent sur le patrimoine de toutes périodes confondues afin que l'étudiant puisse prendre soin de son patrimoine identitaire et culturel», affirme Salim Drici.
A côté de ça, et durant le premier palier de son cursus universitaire, «l'étudiant apprend non seulement à déterminer un objet, que ce soit une pièce de monnaie, une stèle, un os… mais prend aussi connaissance les différentes techniques de fouille», précise Yasmina Chaïd Saoudi. L'étudiant aura l'opportunité d'approfondir ses connaissances en termes d'objets anciens et apprendra «à coordonner des objets puis à les mettre en valeur sur le plan scientifique», conclut la professeure.
Il lui sera aussi «impératif, confie Salim Drici, qu'il sache lire l'historicité d'un monument, l'incidence sociale, religieuse et économique d'un objet trouvé au cours d'une fouille, gérer les collections muséales en les inventoriant puis les exposant pour un public profane et puis l'étudier afin qu'il soit témoin parlant d'une phase historique» s'il souhaite être embauché par le ministère de la Culture, qui reste le premier recruteur de ses étudiants pour ses musées et sites archéologiques et ses directions dans tout le pays.


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