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Mourad Goumiri. Politologue
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Publié dans El Watan le 29 - 05 - 2015

- Selon vous, pourquoi ce changement et pourquoi intervient-il en ce moment précisément ?
Le changement de casting est intervenu à partir du moment où la lutte entre clans du pouvoir montre clairement un affaiblissement du clan présidentiel au profit des autres. Il faut bien comprendre qu'il s'agit d'une lutte clanique et non pas de changement de système et encore moins de Pouvoir. L'enjeu s'est le remplacement du Président elliptique, qui n'est plus capable assumer ses charges présidentielles. L'ordre de bataille réside dans la capacité de chaque clan de contrôler le plus d'appareils constitutifs du Pouvoir apparent.
Dès lors, le FLN et le RND sont des officines à maîtriser pour le prochain «grand roc» de cette partie d'échec où chaque protagoniste avance ses pions. Si le clan du Président semble maîtriser la donne au FLN, avec son «fou du roi» dénommé Saadani (lire le verdict de la justice sur la légalité de la tenue d'un congrès illégal, conformément aux statuts), le clan présidentiel ne peut faire «échec et mat» avec le contrôle du RND qu'un autre clan du pouvoir a décidé de s'approprier. Si Ahmed Ouyahia s'est clairement positionné aujourd'hui en faveur du clan opposé au Président, en jouant sa carrière politique, il n'a pas pu le faire sans feuille de route garantie, connaissant sa veulerie absolue.
Bensalah, plus rusé, ne veut pas trancher pour un clan sauf... pour le vainqueur, d'où sa démission ! Il tient donc la canne par le milieu et attend de voir vers qui le rapport de force va basculer, étant parfaitement conscient qu'il détient une carte majeure car il est, constitutionnellement, celui qui assurera l'intérim du pouvoir en cas de déchéance du Président, carte qu'il peut avantageusement négocier avec chacun des clans.
- Un possible retour d'Ouyahia est-il envisageable à la tête du parti ?
C'est la feuille de route qu'il détient, depuis toujours entre les mains, pour le compte d'un clan du Pouvoir. Il joue son va-tout, que Dieu le préserve, dans cette arène sanglante !
- D'après vous, ce changement est-il intervenu car les deux hommes (Ouyahia et Bensalah) ont des projets différents ou pour d'autres raisons ?
Aucun d'eux n'a de projet. Ceux sont des pions sur l'échiquier et ils jouent, autant que possible, leur rôle respectif. Il faut noter, cependant, qu'à ce jeu-là, Ouyahia a plus d'expérience car ayant été recruté dès l'ENA.
- Ce changement va-t-il influer sur l'avenir du parti ?
Lorsqu'on a suggéré au couple Zeroual-Bechine de créer ce parti, il n'a jamais été question de créer une formation politique digne de ce nom, mais de simplement contrecarrer les «dérives» attribuées à feu A. Mehri qui avait eu le courage de lancer un dialogue national via Sant'Egidio pour, pensait-il, éviter un bain de sang à notre pays. Comment donc voudriez-vous que cet appareil dirigé, à l'époque, par Benbaïbèche, directement sorti d'une souche d'un laboratoire clandestin, puisse avoir une quelconque influence, sauf celle décidée par les «docteurs Mabuse» qui l'on créé ? Les autres responsables sortent du même laboratoire.


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