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Cimetières A Alger, on n'a plus de place pour enterrer nos morts
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Publié dans El Watan le 12 - 06 - 2015

Près de la moitié des cimetières d'Alger, particulièrement ceux du centre-ville, sont saturés. Le gouvernement a prévu d'en construire de nouveaux. Mais en attendant, les Algérois doivent choisir d'enterrer leurs morts à l'extérieur ou demander l'autorisation d'ouvrir une tombe de ma mère qui voulait être enterrée à El Kettar.
Je suis pourtant un résident de Bab El Oued ! Je ne me le pardonnerais jamais.» Faute de place, Youcef, comme bien des Algérois, s'est retrouvé dans une situation complexe à un des moments les plus difficiles de sa vie. «Sur les 138 cimetières d'Alger, 58 sont saturés», affirme Abderrahmane Boussoualim, directeur de l'administration, du contrôle de gestion et de l'informatique, qui chapeaute toutes les EPIC d'Alger.
Les cimetières de Garidi, Ben Omar, Sidi M'hamed, El Kettar, Sidi Messaoud Hraoua, Ben Aknoun, Beni Messous, Sidi Naâmen, Sidi Lakhel de Saoula, Sidi Yahia, Ouled Belhadj de Saoula, le grand rocher de Aïn Benian, Zouara de Chéraga, Sidi Fredj, Souidania, Zaâtria, Knafda, Sidi Abdallah… tous affichent complet. Les plus sollicités, aujourd'hui, sont ceux de Sidi Lahbib à Zéralda, Ouled Fayet, Bouchaoui, Aïn Melha et Sidi Ben Mesbah de Mahelma. Leur taux d'occupation est de 10 à 25% seulement. Dans les cimetières saturés, plus personne n'a le droit d'enterrer qui que ce soit.
Dans certains d'entre eux, plus aucune autorisation d'enterrement n'est délivrée par l'APC ou l'Entreprise de gestion des pompes funèbres et cimetières d'Alger (EGPFC). Dans d'autres, vers lesquels se déporte la demande, il est encore possible, grâce à une dérogation exceptionnelle, de procéder à l'ouverture d'une ancienne tombe. «Mais les conditions sont strictes», affirme Rabah Gormit, chef du département finances et administration à l'EGPFC. La personne décédée doit être un ascendant ou un descendant de l'occupant de la tombe.
Il faut aussi, selon la loi sur la gestion des cimetières de mars 1975, que le premier enterrement ait été effectué depuis cinq ans ou plus. Autrement dit, il est possible d'enterrer plusieurs personnes dans une même tombe à condition de respecter un intervalle de… 5 ans. Mais comment en est-on arrivé à cette situation ? D'abord, il faut savoir que seuls deux cimetières, Jenane Sfari et Haouch Megnoun, ont été ouverts depuis l'indépendance. Notre pays s'est contenté des cimetières de l'époque coloniale dont il a hérité aussi de la gestion.
En 1995, à la création de l'EGPFC, les cimetières que le Conseil populaire de la ville d'Alger gérait depuis 1962 ont été systématiquement transférés sous la tutelle de cet établissement sans que les autres, gérés par les communes, ne soient concernés. «C'est maintenant que le vase déborde que les autorités réfléchissent à d'éventuelles solutions», affirme encore Rabah Gormit. «La capitale aurait dû réfléchir à cette problématique depuis des années», dénonce aussi Abderrahmane Boussoualim. C'est en septembre 2014 que le gouvernement a décidé de changer la gestion. Tous les cimetières d'Alger sont désormais gérés par l'EGPFC alors que ses prérogatives se limitaient à 20 grands sites, dont El Alia, El Kettar ou Sidi M'hamed.
Il a fallu, selon certaines indiscrétions, que le Premier ministre attende l'enterrement de sa cousine dans un cimetière géré par une APC pendant que le cercueil arrivait dans une autre pour qu'un Conseil interministériel décide, quelques semaines plus tard, d'un programme d'action. Douze projets de cimetières sont lancés à Hammamet, Ouled Fayet, Baraki, Boudjamaâ Temmin à Draria, Douéra, Zéralda, Bordj El Bahri, Tessala El Merdja, Aïn Benian, Aïn Taya et Rouiba. «Un programme d'urgence a été entamé en septembre 2014 pour rattraper le retard, affirme M. Boussoualim. Toutes les EPIC de la wilaya d'Alger s'y mettent. Un plan de recrutement est également lancé, en plus d'importants équipements mis en place.»
Donation
Aussi à l'origine de cette saturation : l'accès au foncier. Tous les projets lancés pour pallier le manque de place attendent, par exemple, l'approbation du Conseil interministériel puisqu'il est question de procéder à un déclassement des terres agricoles. «Une procédure administrative longue, en partant du principe qu'il n'y aura pas d'opposition, nuance Mohamed Bouras, directeur général de l'EGPFC.
Ce genre de problème ne se pose pas dans d'autres régions du pays, comme la Kabylie où des particuliers font donation de leurs terres pour des cimetières et où chaque famille ou arch a son cimetière.» Actuellement, dix dossiers de déclassement de terre agricoles attendent l'approbation du Conseil interministériel, validée par la commission de wilaya. Deux projets ont tout de même déjà avancé, dont le nouveau cimetière d'El Achour de 3 hectares. «Nous sommes au stade du choix de l'entreprise réalisatrice. Le choix de l'assiette foncière a été validé en 2007», explique M. Boussoualim.
Pour celui de Cheraga, de 3 hectares aussi, les travaux ont été entamés. «Nous réfléchissons aussi à la possibilité d'extensions de certains cimetières existants», ajoute-t-il. «La démarche a commencé auprès des communes, reste à savoir si ces dernières mettront de la bonne volonté à dégager des assiettes», affirme-t-on à la wilaya d'Alger. La saturation des cimetières est aussi liée à la mauvaise gestion. Le gouvernement peut en effet, par simple décision, décider de transférer le foncier qui se libèrera très bientôt du regroupement des cimetières chrétiens au profit des Algériens.
Car selon un arrêté ministériel de juin 2009, la France, en partenariat avec l'Algérie, procédera au regroupement de restes mortuaires dans trois grands cimetières chrétiens d'Alger. Cinq cimetières seront regroupés (Reghaïa, Aïn Taya1, Bordj El Bahri, Bordj El Kiffan et Dar El Beïda) dans celui de Belfort, à El Harrach ; seize autres le seront regroupés à Mont d'Or (El Biar) ; il s'agit de Aïn Benian, Baba Hacen, Birtouta, Bouzaréah, Chéraga, Dely Ibrahim, Draria, El Achour, Kheraicia, Mahelma, Ouled Fayet, Rahmania, Saoula, Souidania, Staouéli et Zéralda. Et enfin, les cimetières de Birkhadem et Bir Mourad Raïs seront regroupés dans celui du boulevard des Martyrs.
Chaque cimetière équivaut à au moins 2 hectares, ce qui fera des centaines d'hectares libérés, affirme t-on à EGPFC. A qui profitera cette nouvelle assiette foncière ? Pourquoi le gouvernement déclassera des terres agricoles dans la mesure où des cimetières viennent d'être libérés ? Des questions auxquelles l'EGPFC n'apporte aucune explication ni réponse. Au contraire, pour l'EGPFC, cette récupération de foncier représente une solution «rapide, facile et moins coûteuse».
La lettre du directeur général adressée à la wilaya pour évoquer cette éventualité de récupération est sans réponse depuis déjà des mois. Ces cimetières concernés par le regroupement, que l'EGPFC est chargée de coordonner entre la partie algérienne et française, n'ont pas besoin d'aménagement. Les allées, les accès, les clôtures et les conduites sont en parfait état, même si certaines tombes sont recouvertes d'herbes sauvages vu que les familles ne viennent plus. Car selon la loi, l'entretien de la tombe et sa proximité est exclusivement réservé à la famille du défunt.
Abandon
Autre raison à cette crise des tombes, il n'y a pas eu de «vision». Les maires ne s'occupaient pas des cimetières. «C'est le dernier de leur soucis», affirme-t-on à l'EGPFC. «Les 118 que nous avons récupérés des APCsont dans un état lamentable, constate Mohamed Bouras. Ils sont dans un état d'abandon total.» L'EGPFC attend aussi un renfort de la part du ministère de la Solidarité dans le cadre du programme Blanche Algérie, en matière d'agent polyvalents, dont 185 sont déjà recrutés depuis septembre. «Désormais, tout est à refaire ou à perfectionner», ajoute Mohamed Bouras. «Nous sommes dans une période de transition», affirme un responsable à l'EGPFC.
Cette dernière commence à peine les travaux de réaménagement des cimetières qu'elle vient de récupérer. Si la place manque dans nos cimetières, il faut aussi en chercher la cause dans l'attachement «excessif», selon Mohamed Bouras, des Algériens à leur lieu de naissance. Les résidents et les natifs de La Casbah ont du mal à accepter l'idée que leur cimetière soit saturé et qu'ils seront enterrés ailleurs. «Je suis natif de La Casbah, il n'est pas question que je sois, moi ou un membre de ma famille, enterré à Khraïcia ou à Douéra.
C'est ici que nous sommes nés et c'est ici que nous devons êtres enterrés», s'énerve Houcine, venu chercher l'autorisation d'enterrement de son oncle à l'APC de La Casbah. Comme lui, ils sont nombreux à réagir de la sorte. «C'est vrai que j'ai été relogé à Larbaâ, mais je suis venue d'Alger. Toute ma famille vit dans la capitale. Un jour, lorsque le destin frappera à la porte, je ne pense pas que j'accepterais d'être enterrée en banlieue. J'espère que les autorités pourront trouver une solution», nous confie une dame.
Pour Mohamed Bouras, cet entêtement a provoqué, comme dans le cimetière d'El Kettar, une désorganisation totale. «On a même enterré des gens dans les allées !», témoigne-t-il. Naïma Dhina, présidente de l'APC de Belouizdad, ajoute : «C'est vrai que notre cimetière de Sidi M'hamed est saturé, mais les citoyens affichent une certaine compréhension et décident d'enterrer leurs proches ailleurs. Nous gérons la situation.» Mais ce n'est pas le cas pour toutes les APC. D'autant que dans les nouvelles cités, il n'y a parfois pas de cimetière.
Morgue
«Un cimetière doit être considéré comme un équipement au même titre que l'école ou le centre de santé dans les nouvelles cités», explique Rabah Gormit. Enfin, il faut dire aussi que la décennie noire a accentué l'état des lieux. «On a enterré précipitamment les victimes sans même prendre en considération certains aspects religieux, comme par exemple l'orientation de la tombe, qui doit être en direction de La Mecque», reconnaît Mohamed Bouras.
Résultat : dans certains cimetières, les tombes ont été improvisées au détriment des règles d'inhumation. «Les morts, se souvient le directeur de l'EGPFC, étaient tellement nombreux que les familles et les autorités enterraient n'importe où et n'importe comment.» C'est à partir de cette expérience, puis des inondations de 2001 et du séisme de 2003, que le gouvernement a décidé enfin de construire une morgue «digne d'une capitale», selon Mohamed Bouras.
Ensuite, la prise d'otages de la base gazière de Tiguentourine a mis à nu les dysfonctionnements de la morgue d'El Alia lors de la réception des victimes. C'est cette morgue qui sera agrandie pour accueillir jusqu'à 900 corps et comprendra une salle de catastrophe d'une capacité de 120 corps. Un laboratoire d'expertise, d'autopsie et d'autres labos d'analyses spécifiques seront aménagés. L'appel d'offres sera bientôt lancé pour le choix du bureau d'études.


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