Nous organiserons une tournée dans trois autres villes du littoral et la prochaine étape sera Alger-centre. Nous souhaitons concrétiser le 21 septembre à l'équinoxe d'automne», a indiqué l'organisateur. Malek Tayeb, étudiant en master à l'institut Insim, distribue des badges aux animateurs. Il les regarde à peine en tendant les épinglettes. Ses yeux balaient la scène, scrutant le moindre défaut sur les équipements sonores susceptibles de faire capoter le coup d'envoi du festival. Tout le monde le consulte. On lui demande un avis sur tout. C'est le pivot du collectif d'artistes qui l'ont rejoint pour monter le premier Holi festival, ou la fête des couleurs en Algérie. Plusieurs centaines de jeunes se sont donné rendez-vous, ce samedi 13 juin, à la plage Saket, sur la côte ouest de Béjaïa, à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya. Munis de petits sacs de poudre de différentes couleurs, des groupes de jeunes des deux sexes, dont la moyenne d'âge varie entre 15 et 35 ans, affluent sur la plage où se tiendra le premier Holi Time en Algérie, le deuxième du genre en Afrique après celui qui a été organisé en Tunisie. Dans les coulisses, c'est le remue-ménage. «Nous sommes en retard ; 10 minutes !» crie un animateur à l'endroit des techniciens qui s'affairaient à mettre en place la scène. «Nous avons vu l'ampleur et l'écho favorable qu'a connus cette fête des couleurs à l'international. Puis, nous nous sommes dit que ça serait intéressant d'adapter le concept à notre culture algérienne et organiser quelque chose de semblable dans notre pays», explique Malek. Car, enchaîne-t-il, «chez les hindous, ce rituel est en partie religieux, mais en ce qui nous concerne, c'est le côté social et festif qui nous a attiré. Des jeunes issus de différentes wilayas se rencontreront ici pour faire la fête. En Inde, ce rite a brisé les barrières sociales, toutes les classes, hommes et femmes se mélangent dans une ambiance bon enfant». Le Holi Festival of Colors débarque à Béjaïa, sur la plage de Saket. D'origine hindoue, le Holi est un cérémonial à la fois religieux et festif qui marque le retour du printemps, ainsi que la victoire du bien sur le mal. Les Algériens lui donnent une autre conception et d'autres objectifs, où les couleurs prennent d'autres significations. L'ancien DJ professionnel estime que parmi les objectifs assignés à cette activité est celui de nourrir le sens de responsabilité et de pousser les jeunes à s'acquitter de tâches dans le mouvement associatif. Sur place, de nombreux clubs sportifs et associations caritatives ont organisé des expositions aux côtés des sponsors. D'entrée, les participants sont chauffés à blanc par une musique envoyée à forts décibels depuis une scène installée à l'occasion. DJ, chanteurs amateurs, danseurs, ils étaient une dizaine d'artistes à se produire dans cette matinée. Il s'agit de jeunes filles et garçons inconnus du mouvement associatif, mais qui dégagent une jeunesse avide de distraction. Le compte à rebours est enclenché ; les fêtards se préparent au premier jet de couleurs. Galvanisés par la musique, essentiellement du rock et de la techno, le pan de plage réservé à cet événement est transformé en un véritable défouloir, où un nuage de couleurs recouvrait la foule qui est devenue à peine visible. La réussite bien que mitigée de ce festival a donné de la poudre multicolore dans les ailes des organisateurs. Prochaine cible : Alger-centre. «Nous allons organiser une tournée», ambitionne Malek. «Et la prochaine étape sera Alger-centre. Il ne nous reste plus qu'à contacter une association très active dans la capitale pour qu'on puisse réaliser ce projet», précise-t-il. Pour revenir à l'esprit hindou de la cérémonie, le collectif table sur une période charnière entre deux saisons : le 21 septembre à l'équinoxe d'automne.
