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80% du corps enseignants est titulaire de grades professeurs et docteur ès sciences
Docteur Ahmed Lallouche. Professeur-chercheur en biotechnologie à l'université ITMO de St-Pétersbourg
Publié dans El Watan le 24 - 06 - 2015

Comment se fait-il que la Russie attire de plus en plus d'étudiants algériens, malgré l'obstacle de la langue ?
La langue russe est une langue de sciences par excellence, expressive et belle, elle permet également de percer le mystère des grandes œuvres classiques russes en version originale ; savez-vous que la langue russe est la langue officielle de l'espace ? Tous les cosmonautes l'apprennent avant leur voyage en orbite.
En fait, les études supérieures en Russie garantissent une haute qualité d'enseignement. Le corps enseignant a une grande qualification, puisque 80% des formateurs sont titulaires des grades Professeurs ès sciences et Docteur ès sciences. Il s'agit aussi d'une formation supérieure mondialement reconnue ; plus de 250 000 étudiants étrangers venus de 200 pays du monde suivent actuellement leurs études en Russie.
Après la chute de l'Union soviétique, la communauté algérienne en Russie a diminué d'une manière substantielle. A partir de 2009, grâce au programme «Racus» qui a donné l'opportunité aux jeunes bacheliers et diplômés universitaires algériens de s'inscrire aux universités d'Etat de Russie dans différentes filières, le nombre d'étudiants algériens n'a cessé d'augmenter.
La Russie leur offre l'opportunité de se former dans n'importe quel domaine et dans tous les cycles universitaires à des tarifs abordables. Ce beau et grand pays qui ouvre ses portes sans restriction de visa et accueille dans un climat de fraternité les étudiants algériens atteste de la grande amitié et la grande histoire qui le lient à l'Algérie.
Comment intervient votre organisation dans l'inscription et l'insertion des nouveaux étudiants algériens en Russie ?
Les étudiants algériens (filles et garçons) qui s'inscrivent dans les universités d'Etat de Russie par le biais de Racus sont pris en charge en Algérie par le représentant de cet organisme et assistés dans le traitement de leur dossier d'inscription jusqu'à l'obtention du visa et leur départ en groupe. Il est à signaler qu'il existe une parfaite coordination avec l'ambassade de Russie à Alger et le consulat général à Annaba.
Chaque groupe d'étudiants est accueilli à son arrivée à l'aéroport de Moscou ou Saint-Pétersbourg par les agents de Racus et transféré à son lieu de résidence universitaire. Un représentant de cette organisme travaille dans chaque ville universitaire pour assister les étudiants jusqu'à la fin des études. Je tiens également à saluer le rôle important que joue l'ambassade d'Algérie à Moscou dans l'aide et l'assistance à nos étudiants installés dans les différentes villes de la Fédération de Russie.
Réussissent-ils aisément à s'intégrer et poursuivre leurs études en toute quiétude ?
Parfaitement, les étudiants algériens vivent dans des cités universitaires, dans des chambres de 2 à 3 places, ils disposent de cuisines aux étages qui leur permettent de préparer à manger sans frais supplémentaires d'électricité ou de gaz. Toutes les chambres ont accès à l'internet, moyennant des frais dérisoires.
Les aires de sport des universités permettent aux étudiants de pratiquer le sport de leur choix, ce qui leur donne la possibilité de pratiquer la langue avec les étudiants russes, et par conséquent s'intégrer dans la société sans aucune difficulté.
Les universités organisent des programmes culturels réguliers qui offrent aux étudiants des moments de loisir et d'épanouissement et leur permettent de découvrir les habitudes et cultures de chaque nation. Les étudiants bénéficient également de tarifs spéciaux pour les musées, théâtres, cinémas, salles d'expositions, cafés, parcs et complexes de sports et de loisirs, lieux où l'on peut se rencontrer avec les amis et se distraire.
Les étudiants algériens en Russie ont-ils des origines socio-économiques équivalentes ? Et outre les parents qui financent les études, existe-il d'autres sources de financement, est-il possible de travailler là-bas pour payer ses études ?
La Russie offre également des bourses d'études, mais même si l'on finance ses propres études soi-même, cela reste très abordable comparativement à d'autres destinations.
L'âge moyen des étudiants algériens est d'environ 21 ans, les moins âgés sont les nouveaux bacheliers -17 à19 ans, les plus âgés sont les diplômés universitaires -21 à 30 ans. Pratiquement, ils sont originaires de toutes les wilayas du pays, leurs parents sont des fonctionnaires, commerçants et autres.
Les étudiants qui poursuivent des études non médicales peuvent se permettre de faire de petits boulots pendant leur temps libre pour se faire un peu d'argent, d'autres décident de travailler quelques années pour cumuler de l'expérience avant de retourner au pays.
Plusieurs médecins généralistes partent en Russie pour faire le résidanat et retournent immédiatement en Algérie pour combler le manque flagrant de médecins spécialistes dans les différents domaines médicaux. Les spécialités choisies par nos médecins : ophtalmologie, traumatologie, neurologie, cardiologie…
Des médias occidentaux relayent fréquemment des actes racistes en Russie, œuvre des groupes nationalistes, ou même de groupuscules néo-nazis ; qu'en est-il en réalité de ce phénomène ? Est-il inquiétant pour la communauté algérienne ?
Mais pourquoi ne pas évoquer que 160 nationalités et les représentants des principales religions mondiales vivent en paix et en harmonie en Russie ? Personnellement, je peux vous affirmer qu'aucun Algérien n'a été victime d'acte de ce genre.
Certes, la Russie a traversé une période difficile durant les années 90' (Perestroïka), mais aujourd'hui ce pays vit en paix avec lui-même et avec les autres. Pour ne citer que mon exemple, j'ai poursuivi mes études de doctorat à Saint-Pétersbourg et à aucun moment je ne me suis senti rejeté par la société russe ; bien au contraire, je me sens parfaitement bien dans un environnement instruit.
Après avoir soutenu ma thèse de doctorat, l'administration de l'université m'a proposé un travail que j'ai accepté. Je donne des cours et des conférences en langue russe et je fais de la recherche scientifique. En Russie, toutes les religions cohabitent, nos étudiants pratiquent notre religion sans difficulté, ils font carême à l'aise, ils achètent le produit hallal et préparent le f'tour en groupe, parfois en compagnie de Russes musulmans.


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