Edendène, d'une tradition ramadhanesque séculaire à Béchar, est un veilleur qui déambule dans les ruelles du ksar et des quartiers en jouant du tambourin pour annoncer l'heure du s'hour aux dormeurs. Ce métier existe encore dans certains pays du Moyen Orient mais a totalement disparu du paysage du Sud algérien à une date récente au grand regret de la population. Les ramadhans se succèdent et se ressemblent mais ne sont plus ce qu'ils étaient autrefois. Qui ne souvient avec nostalgie des veillées nocturnes tardives où des familles se rendaient visite pendant le mois de piété, de réconciliation et de retrouvailles autour d'une meïda spécialement bien garnie? Aujourd'hui, les veillées du Ramadhan que l'on juge insipides se résument souvent à des séances télé où plusieurs chaînes nous abreuvent de programmes médiocres et qui nous plongent de surcroit dans l'anxiété. Ici à Béchar, le charme de ces belles nuits de jadis était fait par le son du tambourin d'Edendène qui annonçait aux paisibles dormeurs fatigués par les journées de jeûne que l'heure du s'hour était arrivée. Après son passage, les ménagères se pressaient de réchauffer la «seffa» aux raisons secs arrosée de «l'ben» que d'autres accompagnaient de fruits de saison où de thé à la menthe. Edendène faisait partie des nuits du Ramadhan à tel point qu'on ne pouvait ne pas penser à lui. Du quartier de Manougat en passant par les ruelles sinueuses du quartier populaire de Débdaba, le son de son tambourin brisé la grande accalmie jusqu'aux confins de la ville. Den-den-den était le son de l'instrument à percussion d'où l'appellation de Edendène. Un artiste peintre de Béchar, Salhi Fodil, toujours aux aguets pour immortaliser dans ses œuvres les charmantes petites choses qui font notre quotidien, chercha il y a quelque temps à faire le portrait du Den-Den en pleine action. Il le poursuivit de ruelle en ruelle et de cette rencontre naquit alors un des plus beaux chefs d'œuvres de l'artiste. L'œuvre fut acquise par la femme d'un haut responsable lors d'une exposition dans la capitale. Hélas, la décennie noire ne le ménagea point lui aussi. Les tristement célèbres «layajouze» qui commencèrent par éliminer tout ce qui a trait à la tradition ancestrale, ont fini par avoir le dessus et la cessation du métier Edendène fut reçue comme une humiliation par l'ensemble des habitants de ces quartiers habitués au charme du son de son tambourin.