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Sur les pas de Roméo et Juliette : Bons baisers de Vérone
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Publié dans El Watan le 02 - 08 - 2015

Non, ce n'est pas un canular d'été. C'est sérieux. Nous avons bel et bien retrouvé la maison de Roméo et Juliette, ces deux tourtereaux éconduits par l'amour.
C'est dans le nord de l'Italie. Exactement à Vérone, cette ville industrielle et bourgeoise dont les rues respirent, nuit et jour, l'odeur du jasmin. C'est dans le centre historique de cette ville coquette, séparée en deux par le fleuve Adige qui coule depuis la frontière avec l'Autriche, que fut édifiée la maison de ce jeune homme et cette jeune fille dont l'impossible histoire d'amour a inspiré tant d'écrivains et d'auteurs, à commencer par William Shakespeare.
Nul besoin de demander l'adresse pour visiter ce temple de l'amour. Il suffit juste de suivre les cohortes de touristes qui se pressent pour découvrir la maison de la belle et le balcon depuis lequel elle attendait désespérément l'arrivée de l'élu de son cœur. Est-il arrivé ou pas ? Hommes de théâtre et de littérature se disputent les versions.
L'entrée se fait par un porche. Sur le mur, un grand tableau sur lequel sont postés des messages d'amour dans toutes les langues du monde. Certains touristes ont même pris le temps de dessiner deux cœurs traversés par la flèche de Cupidon, en prenant soin d'écrire leur prénom et la date de leur visite. C'est un peu comme le pont des Arts à Paris sur lequel sont accrochés des centaines de milliers de cadenas célébrant l'amour éternel, au cas où celui-ci existe.
A Vérone, Juliette possède un musée situé dans un palais d'origine médiévale (photo ci-contre), formé de nombreux édifices qui firent depuis le XIIIe siècle le siège effectif d'une famille Dal Cappello (d'où le nom Capulet, nom de famille de Juliette). Dans la cour, le visiteur est accueilli par la statue en bronze de Juliette, joliment dessinée par le sculpteur véronais Nereo Costantini en 1972.
La jeune fille brune, en robe longue, fixe les voyageurs arrivant du monde entier pour implorer l'amour. La statue trône dans le jardin de la maison et les touristes s'empressent pour la caresser, la toucher ou prendre une photo en sa compagnie. A Vérone, la légende dit que celui ou celle qui veut trouver l'amour doit embrasser Juliette sur les seins.
Un geste mille fois répété par les touristes qui n'hésitent pas à se prendre en photo en train de croquer la poitrine de la jeune femme. Cette dernière, lasse d'étreintes et de caresses, a presque perdu sa poitrine. Mais la maison de Roméo et Juliette n'attire pas que les touristes et les amoureux. Depuis l'époque romantique, l'édifice est une destination de pèlerinage d'illustres voyageurs, comme le célèbre écrivain anglais Charles Dickens qui en a d'ailleurs laissé une folklorique description.
Le balcon des retrouvailles secrètes
La demeure de Juliette n'a rien de particulier. Passé le porche et l'arcade, on se retrouve dans la petite cour où trône la statue de Juliette brunie par le soleil et les attouchements. A l'intérieur de la cour se trouve le fameux balcon des retrouvailles secrètes des deux amants.
En apercevant ce petit balcon en briques rouges, on ne peut s'empêcher de se remémorer les films de Roméo et Juliette dans lesquels cette dernière tend désespérément ses bras depuis ce balcon à son Roméo qui ne viendra pas… La maison transformée en musée offre un parcours unique. Il se déroule dans plusieurs salles équipées de meubles d'époque. On y trouve, par exemple, des fresques datant du XIIIe siècle ainsi que de nombreuses peintures dédiées aux malheureux amants. Mais c'est au dernier étage que la magie de Juliette prend toute sa forme.
C'est là où est exposée une précieuse céramique d'époque médiévale de la première renaissance véronaise. C'est de cet étage également d'où l'on peut jouir d'une vue spectaculaire. Et s'émerveiller de Vérone, de ses châteaux, ses vieux remparts et ses quartiers historiques dont chaque pierre raconte l'histoire de la civilisation romaine.
Roméo et Juliette, source d'inspiration de dizaine de cinéastes
L'itinéraire de la visite de la maison de Juliette ne peut se faire sans être accompagné par les épisodes très significatifs de la tragédie de William Shakespeare. On peut trouver aussi le lit d'origine utilisé par franco Ziffirelli dans sa version cinématographique et luxueuse de Roméo et Juliette tournée en 1968.
Dans une salle attenante, Juliette s'est mise à l'heure du multimédia puisqu'il est possible d'accéder via quelques clics aux informations et autres images relatives aux mythes des deux amants et à leur mémoire. Il est également possible d'écrire et d'envoyer des lettres à Juliette. Mais sans garantie de réponse de sa part, avertit Giusy Buemi, une guide internationale chevronnée. Pour cette Italienne native de Vérone, sa ville a trouvé un bon filon économique par le biais de Juliette. «Des millions de gens viennent ici rien que pour visiter sa maison.
Ils pensent qu'elle a vraiment existé et habité là. Or ce n'est que du marketing touristique à l'italienne», explique-t-elle à El Watan avec enthousiasme. Et d'enchainer : «Vérone est connue pour la maison de Juliette. C'est le premier site que les touristes visitent à leur arrivée, même si la ville est riche sur le plan architectural, comme le musée de l'histoire du Moyen-Age, ou le théâtre antique en plein air, les arènes de gladiateurs ou la dizaine de ponts qui relient une partie de la ville à l'autre.»
Venise à une heure de train
Vérone est un joyau architectural. Ses maisons aux tuiles rouges, ses jardins ombragés et son fleuve font d'elle la destination des amateurs d'art et des amoureux de l'Italie antique, à l'instar de ses voisines Florence ou Venise. On ne se lasse pas de sillonner à vélo à travers ses ruelles serrées faites de pierres antiques ou de dalles anciennes.
Assis face au fleuve Adige à l'ombre des bougainvilliers, des pins maritimes et des platanes, les touristes aiment savourer les pizzas traditionnelles dès leur sortie du four, servies dans des assiettes en carton. Quant aux locaux, pour se rafraîchir, rien de mieux qu'un verre de Spritz (une liqueur avec de l'apérol et à base d'herbes et d'orange amère, le tout mélangé avec un alcool à 11°) trempé dans une montagne de glaçons et servi avec de grosses olives vertes et des petits gâteaux apéritifs italiens. On pourrait rester des heures sur les nombreuses terrasses ombragées que compte la ville. Mais si l'envie de bouger vous prend, pas de problème, Venise n'est pas loin, juste à une heure en train.


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