A voir les conditions draconiennes auxquelles sont soumis les bénéficiaires de l'aide à l'habitat rural à Tizi Ouzou, l'on se rend compte que la mission primordiale de l'administration consiste décidément à priver le citoyen de ses droits et non pas à faciliter les procédures d'application des lois décrétées à haut niveau. Deux ans après le lancement de ce dispositif de subvention pour l'autoconstruction, 80% des 26 000 bénéficiaires de Tizi Ouzou se débattent toujours dans le labyrinthe des démarches administratives. Du certificat de possession jusqu'à l'obtention d'un permis de construire, le citoyen devra franchir d'innombrables obstacles administratifs et mettre plusieurs mois pour voir sa situation régularisée. Le parcours du combattant ne s'arrêtera pas là, puisque le bénéficiaire devra lancer les travaux sur ses propres fonds et débourser une moyenne de 100 000 dinars pour pouvoir percevoir la première tranche de sa subvention. En revanche, cette dernière exclut les couches défavorisées de l'aide à l'habitat rural. Lassés par les tracasseries administratives et confrontés à l'insurmontable problème de l'apport personnel, des dizaines de bénéficiaires, (les nécessiteux particulièrement), ont fini par déchanter et se désister du dispositif. Dans la commune de Bounouh, les élus ont avancé le chiffre de onze désistements enregistrés jusqu'ici et d'autres ne sont pas à écarter. Ne pouvant pas venir à la rescousse de ces démunis qui renoncent à leur droit, l'APC ne fait que remplacer ces désistements par d'autres postulants à l'aide à l'habitat rural, inscrits déjà sur des listes additives. Globalement, sur le quota de 310 aides de cette commune, il n'y a que 80 bénéficiaires qui ont commencé les travaux, dont une vingtaine seulement a perçu la première tranche des 500 000 DA. L'APC n'a pas dépassé le cap des 50% en matière de délivrance des permis de construire. Les mêmes blocages planent dans l'ensemble des localités. Cet état de fait risque ainsi de compromettre ce dispositif malgré les instructions du ministre de l'Habitat qui, par le biais du wali de Tizi Ouzou, a instruit les chefs de daïra de trouver des mesures d'allégement.