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«Je crois qu'il y a un besoin pour les jeunesses des deux rives de mieux se parler et circuler»
Marie-Christine Saragosse. Présidente de France Médias Monde
Publié dans El Watan le 01 - 11 - 2015

Marie-Christine Saragosse, présidente de France Médias Monde regroupant RFI, Monte-Carlo Doualyia (radios) et France 24 (TV), native de Skikda, était à Alger pour présenter son nouvel ouvrage Temps ensoleillé avec de fortes rafales de vent au Sila.
Affichant un sourire communicatif, jovial et gorgé de soleil, elle nous parlera de son mission, ses projets, de son affection pour son père, et nous racontera l'anecdote avec Abdelmalek Sellal, Premier ministre.
L'invité d'honneur du Salon international du livre d'Alger est la France. Une édition particulière…
Justement, on a compris que ce n'était pas anodin comme geste. Comme nous sommes partout dans le monde (France médias Monde), nous courons la chose.
Tout le monde voit le geste de l'Algérie, quoi ! Je trouve le fait d'inviter la France comme un geste d'affection culturel. Il y a tellement de points communs, d'effets de miroirs quand vous mettez un écrivain français et auteur algérien ensemble, il y a une alchimie, une interaction (rire)… Bien sûr qu'il y a la Belgique, la Suisse, le Québec qui pratiquent le français. Mais c'est l'Algérie le plus grand pays francophone après la France.
Quelle est l'anecdote avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal lors de l'inauguration du SILA ?
Vous savez, Sellal est constantinois. Je suis née à Skikda (Algérie). Quand il m'a vue, il a carrément traversé une allée pour venir me saluer. «Alors, Madame Saragosse, toujours en vie…», m'a-t-il lancé avec une pointe d'humour. Je lui ai répondu «Je survis, je survis, M. le Premier ministre».
Alors, il m'a dit : «Alors, qu'est-ce que ça donne cet accord avec l'ENTV ?» Il m'a posé cette question parce qu'il m'a vu signer cet accord devant lui et Jean-Marc Ayrault (alors Premier ministre français.), en 2013.
On était dans la salle des ministres, ici, à Alger. Et l'on venait d'annuler un rendez-vous à l'ENTV. Je crois que c'était un jour particulier : la date d'anniversaire du recouvrement de la souveraineté de la radio et de la télévision algériennes, le 28 octobre 1962. «Ils viennent d'annuler tous les rendez-vous, je ne peux pas les voir».
Et pour me taquiner, il me dira comme ça : «Parce que vous les avez insultés». Un trait d'humour. Et je vois la tête de Fleur Pellerin, ministre de la Culture, surprise parce qu'elle ne le connaissait pas.
Et de la rassurer : «Madame la ministre, vous avez affaire au Premier ministre qui a le plus d'humour que tous les Premiers ministres du monde». Aussi a-t-elle ri de cette situation. Si vous voyez les images, vous verrez que nous étions en train de rire. M. Sellal m'appelle même la «même Saragosse».
Du coup, tous les Français qui se trouvaient derrière moi me disaient : «Hey, dis-donc, tu connais le Premier ministre et tout ça». C'était gentil de sa part. Je ne m'attendais pas à ce qu'il dévie du cortège pour venir me dire bonjour.
Vous avez un lien filial et affectif avec l'Algérie…
Bien évidemment ! Parce que je suis née à Skikda (Algérie). Mes parents, des enseignants, et moi y avons vécu jusqu'en 1964. Mais mes grands-parents sont restés à Skikda jusqu'en 1979. Mon grand-père, malade, avait été rapatrié d'urgence en France où il est mort. Même mes tantes et mes oncles sont restés assez longtemps en Algérie.
Je suis retournée à Skikda quand j'étais adolescente. Mais je suis restée longtemps sans y retourner. Jusqu'en 2014 où j'avais été invitée par l'Institut français de Constantine pour présenter mon livre édité en France.
Et c'est là que j'ai rencontré Yassine Hanachi, directeur des éditions Média-Plus. Et qui a édité le livre en 2015 avec un prix abordable. C'était une grande joie pour moi. Et du coup, je lui ai promis de venir présenter cet ouvrage au SILA 2015.
Le roman Temps ensoleillé avec de fortes rafales de vent parle de votre père…
Au départ, j'avais écrit ce livre sans penser à le publier. J'ai commencé à écrire quand mon père a contracté une maladie qui lui a fait perdre la voix. On était dans sa maison de santé et une infirmière s'était adressée à lui comme s'il était un infra-humain d'une manière condescendante parce qu'il était tombé de son fauteuil roulant dans un ascenseur en voulant éviter une marche. Mon père était un beau gosse, musclé, professeur de gymnastique. Et il avait fondu.
Cela m'a énervé qu'elle fasse cela. Alors, j'avais dit à l'infirmière : «Ce n'est pas que je suis malade que je suis stupide. Mais mes neurones, elles, fonctionnent !». J'avais fait comme si c'était lui qui parlait à la première personne du singulier. Et j'avais vu les yeux de mon père, il avait souri. Il me donnait sa parole.
Je voyais qu'il était malheureux, très triste. Je sentais qu'il allait partir. Alors, je lui ai annoncé que j'allais raconter sa vie. Et ce, en parlant à sa place. Et j'ai commencé à écrire comme ça. Au début, j'étais en colère de voir mon père rongé par la maladie, sa condition humaine… Que c'était injuste et qu'il allait mourir jeune. Un jour, j'avais fait lire à mon mari ce que j'écrivais et il s'est mis à pleurer. Aussi m'a-t-il encouragé à continuer.
Etre présidente de France Médias Monde, une lourde responsabilité, une ambition…
France Méedias Monde regroupe RFI, Monte-Carlo Doualyia (radios) et France 24 (TV) dans les trois langues (français, arabe et anglais). Ce qu'on fait est exaltant ! La qualité des journalistes de 65 nationalités avec lesquels on travaille.
Le fait qu'on parle 15 langues. De grands reporters allant sur le terrain chercher l'information. La liberté d'informer qui est un élément de la démocratie. Et ce, à l'échelle planétaire. Car il s'agit de diversifier les points de vue. Parfois, je regarde les chaînes internationales, je me rends compte que chacun a un prisme. Un prisme culturel, identitaire…
L'objectivité n'existe pas en matière d'information. Ce qu'on peut essayer d'être, c'est d'être honnête. Par exemple, à France 24, l'on peut voir des journalistes des trois langues, trois cultures différentes, discuter du même sujet. Cela oblige à se décentrer loin des stéréotypes. Je trouve cela passionnant.
Même si mon métier est lourd à porter, il a du sens. Et quand je me lève le matin, je ne doute pas de l'intérêt que je fais. Bien que des fois j'ai envie de partir en vacances (rire).
Est-ce que France Médias Monde est indépendant dans sa ligne éditoriale par rapport au politique, à l'état et des contingences financières ?
Alors là, totalement indépendant ! Même financièrement. Puisque la recette qui nous finance, c'est la redevance. C'est-à-dire une taxe affectée. L'Etat peut la répartir et ne peut l'utiliser pour d'autres fins.
Et il ne peut nous l'ôter non plus. Même notre financement est fléché pour nous donner notre indépendance. Il n'y a qu'à voir comment les chaînes françaises traitent les pouvoirs publics, les ministres et les élus. Il n'y a pas de concessions, pas de cadeaux. Mais bon, c'est une conception extrême de la liberté de la presse.
Comment affichez-vous votre différence ?
On est justement très différent des chaînes nationales. Souvent, des gens vont regarder des chaînes de télévision privées d'information comme BFM TV. Et puis, il viennent élargir l'information avec nous.
Et inversement, ce que j'entends souvent, c'est que France 24 n'est pas franchouillarde. Cela parle du monde et pas que du nombril de la France. Même après l'attentat contre Charlie Hebdo, c'était compliqué.
Les gens demandaient ce que voulaient dire la laïcité, la liberté d'expression, mais le blasphème ? Cela veut dire quoi le blasphème ?
L'écrivain Régis Debray qui est présent au Sila résume cela d'une manière magistrale, je le cite toujours.
Il a dit : «On est libre de blasphémer, mais on n'est pas obligé de le faire». C'est de décider humainement de ne pas le faire… Même les journalistes anglophones sont allés dans les médias expliquer ce que voulait dire la laïcité. Ce n'est pas du tout le refus de la religion. C'est le respect de toutes les religions.
Mais il n'y a pas de religion d'Etat. Tout le monde a le droit de pratiquer sa religion. Mais personne ne doit être inquiété pour sa religion. Personne ne doit être montré du doigt à cause de sa religion.
Quel est ce projet de chaîne publique d'informations en continu prévu en 2016 ?
Vous savez, en France il y a trois sociétés nationales de programmes : Radio France, France Télévisions et France Médias Monde pour l'international. Et il n'y a pas de chaîne d'information en continu à France Télévisions. C'est probablement le seul service public européen qui n'a pas de chaîne d'information continue. L'idée, c'est qu'il y a une place pour une chaîne de service public nationale.
Un peu différente des chaînes privées existantes. Une chaîne qui sera beaucoup moins dans l'émotion mais plus dans la compréhension capitalisant tout le savoir-faire du service public français. Pour délivrer au citoyen et non pas au consommateur une information qui donne les clés de la compréhension des grands enjeux, y compris en France.
Il y a l'idée de regrouper les forces pour faire une chaîne différente et pas du tout linéaire. Mais une plateforme numérique de contenu en français écrivant différemment l'actualité. C'est cela le projet qui est en cours et sur lequel on travaille pour essayer d'être prêts en septembre 2016.
Existe-il un échange d'expérience et d'expertise entre la France et l'Algérie dans le domaine de l'audiovisuel ?
Nous avons pas mal de choses avec la Radio nationale en matière de formation, de coproduction ou encore en assistance technique. Nous avons reçu des journalistes de l'ENTV à France 24 il y a une semaine.
Un stage en collaboration avec l'INA. Nous avons dans nos deux accords-cadres avec l'ENTV et la Radio nationale plusieurs volets relatifs à la coproduction, à l'échange d'images et de sons, d'assistance technique et de formation. Et là, on a reparlé avec Mme Fleur Pellerin, ministre de la Culture et son homologue algérien de la communication.
Et moi, j'ai discuté avec mes homologues de la radio et télévision algériennes, notamment dans le domaine du numérique et la jeunesse. Car les jeunes consomment différemment les médias. On ne peut pas laisser la moitié de la population se désintéresser des médias.
Donc, il faut aller les chercher. On a réfléchi à cela et on a parlé de la possibilité de s'asseoir autour d'une table pour avoir un plan de formation dans le temps.
Il y a un autre sujet personnel, c'est l'apprentissage de l'arabe à partir du français en France. Et que l'apprentissage par la radio peut être ludique.
C'est ce que nous avons fait avec RFI dans beaucoup de langues. Et ce, à travers une fiction, un jeu, un carnet de voyage en Algérie. Par exemple, deux jeunes nés en banlieue française qui viennent en Algérie et apprennent l'arabe à travers leurs découvertes d'une manière comique. Et on a fait l'inverse avec un étranger arrivant à Paris où il est perdu.
Aussi, retient-il le vocabulaire qu'il rencontre. Après, il y a une extension pédagogique, des exercices à faire sur internet. Je crois qu'il y a un besoin pour les jeunesses des deux rives de mieux se parler et circuler.


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