M. Ould Salah Zitouni, le nouveau wali de Bejaïa, a agréablement surpris la communauté scientifique. Il a très sérieusement pris en compte les travaux de recherche menés par une équipe du département de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa, en l'occurrence celle du docteur Ahmim Mourad, réputée pour ses travaux sur les mammifères volants. Il vient en effet d'instruire les maires, les chefs de daïra, la direction des services agricoles et celle des mines de prendre les dispositions pour la réouverture, autant que possible, de toutes les grottes afin de permettre aux chauves-souris de s'y installer en toute quiétude et sécurité. C'est, selon la note du wali, «la solution idoine pour lutter contre la prolifération des insectes volants nuisibles et de réduire par la même occasion l'usage des insecticides qui ravagent les élevages apicoles et de manière générale l'environnement». Les chauves-souris ont chez nous, à tort, une réputation tenace dans la culture populaire. On les dit maléfiques et suceuses de sang. C'est faux, clament à s'égosiller les chercheurs de Béjaïa et de Annaba, qui travaillent sur les seuls mammifères vivants connus. Les 25 espèces de chauve-souris d'Algérie sont toutes insectivores et ne s'attaquent ni à l'homme ni à ses animaux. Une étude récente publiée aux USA rapporte que les chauves-souris ont participé à une croissance de 1,4% des rendements agricoles de maïs en s'attaquant aux insectes nuisibles de cette céréale à la base de l'alimentation humaine et animale. Les chercheurs ont calculé que le gain généré par ces indispensables petites bêtes a atteint un milliard de dollars. Le wali de Béjaïa pose ainsi un jalon important dans la lutte biologique contre les insectes nuisibles qui doit, bien entendu, être étendue à la sensibilisation et à l'information du public ainsi qu'à l'adoption de méthodes modernes dans l'agriculture. En écoutant les spécialistes et les scientifiques et plus seulement ses fonctionnaires, le wali jette un pont dans les rapports entre recherche universitaire et développement local. Un exemple à suivre, particulièrement dans les wilayas qui se targuent de pratiquer l'écologie.