Amoins de 100 kilomètres au sud de Batna en longeant l'oued Ighzer Amellal (la rivière blanche), un site millénaire, en l'occurrence les balcons du Ghoufi, exhibe tout le savoir-faire de l'autochtone qui y vivait en sédentaire pendant plus de quatre siècles, bravant Rome et ses légionnaires, Byzance et ses chars, les tribus belliqueuses en provenance d'Arabie qui avaient juré de faire campagne sans encadrement religieux, et enfin les contingents de l'armée coloniale. Des habitations troglodytes faites de pierres taillées, de palmiers séchés, d'un mélange de terre et de matériaux du terroir, des sentiers sinueux qui mènent vers un regroupement distinct mais se rencontrent dans une sorte de carrefour. D'autres constructions donnent carrément sur des abîmes de plus de 700 mètres, voire 1000 mètres de hauteur, semblent sortir des entrailles de cette terre-gouffre faite aussi d'opuntia et de plusieurs autres plantes sauvages qui ont plus d'une vertu. On imagine aisément qu'en période de guerre, toute incursion ennemie était sanctionnée par l'échec et que ces innombrables cafouillis permettaient aux guerriers de l'époque de mener une résistance farouche au conquérant et qu'en cas de retraite la poursuite était quasiment impossible. L'hôtel construit en 1902 par une compagnie touristique française sera détruit en 1955 par l'armée de l'ALN. Un événement inscrit sur le compte de la maturité des résistants des Aurès qui avaient réussi à transmettre à travers leur acte héroïque, toute la symbolique du Ghoufi. Classé deux fois par l'Unesco, le site n'est pas au firmament en matière d'exploitation touristique. Arrivé ce matin du mois de décembre avec un groupe de visiteurs, tous ébahis par la splendeur du paysage et la richesse historique du lieu, on se demandait, surtout, si les centaines d'agences touristiques implantées à travers le pays étaient conscientes de cette aubaine qu'est le tourisme culturel. La première réflexion a été faite par un visiteur de la wilaya d'El Tarf : «J'imagine ce site, que je viens personnellement de découvrir, entre les mains d'un pays voisin !» Accompagnement artisanal A l'entrée principale du site, l'activité artisanale trouve pignon sur rue malgré un nombre on ne peut moins encourageant des touristes. «J'ai demandé à mon frère, confectionneur de tableaux artistiques réalisés à la main, de proposer ses œuvres à la vente et je crois que çà va produire l'effet escompté car la majorité des visiteurs du site demandent tout ce qui est local et authentique», a expliqué l'un des commerçant. A quelques mètres, un sexagénaire vend des effets vestimentaires traditionnels et des poteries et ne se prive guère d'accompagner les acheteurs avec des chants et danses au rythme de la musique locale. Des ustensiles, des objets ornementaux, des gadgets et des mets de la région pavent déjà le chemin d'un commerce florissant pour que le département de Amar Ghoul fasse appel aux professionnels du secteur. C'est tout ce qui manque.