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Sans égalité de développement entre les régions, la marginalisation continuera
Tahar Belabbès et Aïbek Abdelmalek. Ex-leaders du Comité national pour la défense des droits des chômeurs
Publié dans El Watan le 04 - 03 - 2016

Le 24 février dernier, anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, des chômeurs de Ouargla se tailladent le corps pour protester contre la politique de l'emploi dans cette wilaya pétrolière. Tahar Belabbès et Aïbek Abdelmalek, ex-leaders du mouvement des chômeurs, reviennent sur ce drame et analysent pourquoi peu de choses avancent sur ce dossier.
- Les chômeurs de Ouargla ont franchi un cap dans la violence contre eux-mêmes : aujourd'hui ils se cousent la bouche ou s'auto-mutilent. Est-ce que vous comprenez ce qui se passe ?
Tahar. Même si nous n'aurions jamais utilisé ces moyens d'expression extrêmes, on les comprend, bien sûr, et surtout, nous sommes solidaires avec eux. Ils en sont arrivés à un stade de désespoir absolu. Parce qu'ils voient bien que l'Etat a réprimé tous les mouvements pacifiques, qu'il a détruits par le noyautage et la corruption. Au point qu'aujourd'hui, il n'y a plus personne pour encadrer ces chômeurs, il n'y a plus d'espace où ils pourraient militer «normalement», pacifiquement, sans excès et sans en arriver à s'auto-mutiler.
Alors ils se disent qu'ils n'ont pas d'autre solution pour se faire entendre, attirer l'attention de ceux, les autorités notamment, qui ne veulent pas les écouter, qui ne veulent pas les voir. Mais nous, jamais nous n'aurions demandé à des chômeurs de se faire du mal. Au contraire, nous avons toujours dit à nos militants de se battre avec l'administration avec des moyens intelligents et s'imposer comme interlocuteurs incontournables.
- Quand on entend que les chômeurs de Ouargla «ne veulent pas travailler», qu'est-ce vous répondez ?
Tahar. C'est faux. Mais il est vrai que l'on incite les jeunes à travailler dans les sociétés nationales en priorité. C'est la seule option pour éviter les contrats esclavagistes. Dans le privé, les salaires représentent le quart de la moyenne des salaires dans le public, sans aucun avantage. Et la charge de travail est beaucoup plus importante, en contradiction avec la réglementation.
Certains employés peuvent travailler sept semaines d'un coup et ne se reposer que deux semaines. Dans une société nationale, tu as droit à la sécurité sociale et à la retraite, ce sont des choses auxquelles les jeunes pensent maintenant. D'ailleurs, l'Etat devrait imposer aux sociétés privées ou étrangères le respect du code du travail par des mesures fortes afin d'éviter ces contrats esclavagistes.
- Trois ans après la melioniya du 14 mars, 80% des chômeurs qui avaient protesté avec vous ont trouvé un travail. Est-ce que vous considérez que vous avez réussi ?
Aïbek. Oui, la plupart ont trouvé du travail mais on ne peut pas s'arrêter à ça. Pendant un an, ça a bien marché, il y avait une véritable surveillance interne de la politique de l'emploi. Comme le mouvement était très médiatisé, les plus hautes autorités du pays, à commencer par Sellal, ont pris le dossier des chômeurs au sérieux et des mesures. Mais les autorités locales ont gâché la dynamique du 14 mars. Par exemple, un centre de formation Sonatrach a été ouvert pour les soudeurs. Mais la première promotion ne travaille pas parce que l'entreprise n'a pas besoin de ces profils-là. Et la surveillance interne des agences locales de l'emploi n'est plus effective depuis plusieurs mois.
Tahar. Notre véritable victoire, notre plus grand acquis, a été d'imposer le droit à manifester même sous état d'urgence. Et de créer un sentiment de solidarité, qui n'existait pas avant, entre les différentes couches et segments de la société autour du mouvement des chômeurs. C'est quelque chose qu'il faut préserver pour l'avenir, parce que tout cela dépasse le droit au travail ou le droit au logement et les autres droits, disons, «matériels».
- Mais on ne vous entend plus beaucoup aujourd'hui…
Aïbek. En diabolisant notre mouvement et en achetant les gens, le pouvoir a fait fuir les gens du véritable militantisme pacifique. Le Comité n'a toujours pas le droit d'avoir un agrément, alors que depuis 2013, le ministère de l'Intérieur ou les autorités locales ont agréé d'autres associations qui sont dans l'allégeance et la corruption. La seule réponse qui leur reste est une réponse répressive. Difficile donc de militer dans ce climat-là.
Tahar. On s'est retirés pour passer le relais à d'autres. Si on nous entend moins, c'est d'abord parce que la majorité d'entre nous a pu recouvrir ses droits. Mais aussi parce que le Comité a beaucoup souffert du noyautage. Le pouvoir a vu qu'on était devenu une sorte de front social parallèle, que nous étions d'authentiques syndicalistes, ancrés dans les véritables conditions de vie dramatique des chômeurs et qui refusent le chantage ou la corruption. Le pouvoir a donc tout fait pour nous barrer la route. Malgré cela, on peut toujours mobiliser ceux qui travaillent, justement parce que notre situation sociale s'est améliorée.
On peut mieux s'organiser. Par exemple, notre base discute aujourd'hui de la nécessité de dépasser la problématique du chômage pour débattre de la participation aux mécanismes de décision et de la redistribution équitable des richesses. Ce qui nous conduit à réfléchir autour d'une idée centrale, celle qui préside à toutes ces problématiques : la bonne gouvernance.
- Le mouvement est en train de se politiser, donc, alors que vous refusiez l'étiquette politique...
Tahar. A partir du moment où on demande l'équité, la justice, le développement local, on sait que tout ce que l'on fait est politique. Mais on ne veut pas se «politiser» au sens où vous l'entendez, au sens partisan. Nous avons été soutenus par des mouvements politiques, des islamistes à la gauche, certains ont tenté de nous récupérer. Mais nous leur avons bien expliqué que nous faisions la distinction entre la solidarité des combats et l'adhésion à telle ou à telle mouvance.
- A travers le combat des chômeurs et sa dynamique, quelle leçon peut en tirer la société civile qui peine à s'organiser ailleurs dans le pays ?
Tahar. Je ne veux pas croire que si nous, à Ouargla, avons réussi à créer toute cette dynamique à partir du néant, dans d'autres villes où existent déjà une élite, une tradition de militantisme, des espaces de mobilisation… il ne se passe rien.
Aïbek. La société civile, à travers le pays, bouge beaucoup, s'active et propose des solutions, même si cela n'est pas trop visible. Nous avons beaucoup d'espoir justement parce qu'on voit que les citoyens s'impliquent et cherchent à militer dans le cadre d'une société civile dynamique.
- Comment voyez-vous l'avenir ?
Aïbek. La situation s'est envenimée. Cela va empirer à cause du discours du pouvoir qui reste enfermé dans l'idée que les chômeurs sont manipulés. Le pouvoir tente de faire face à la situation en distribuant des calmants un peu partout pour contenir la colère de la société, mais il ne distribue ces tranquillisants que selon des critères d'allégeance. Donc ça ne marche pas. Sans égalité de développement entre les régions, la marginalisation continuera.
Tahar. Le problème des autorités, c'est qu'elles n'ont plus aucune alternative. Il ne leur reste que la répression. D'ailleurs, ce 14 mars, comme par hasard c'est l'anniversaire de notre melioniya de 2013, un de nos camarades passera devant la justice pour rassemblement non autorisé ! Les autorités ont consommé toutes les vieilles recettes, notamment la diabolisation du mouvement, la «main de l'étranger», etc. Tout cela c'est un discours de fiction, comme si les chômeurs n'existaient pas réellement. Mais les autorités oublient que la répression provoque la tempête. Elles n'ont pas retenu la leçon. Sauf que cette fois-ci, à cause la conjoncture économique et de l'incertitude politique, ce sera pire.


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