Drôle de situation dans laquelle se retrouve l'athlétisme algérien avec le début des épreuves, vendredi dernier, dans ces JO-2016 de Rio de Janeiro. Une cacophonie, des tergiversations et un manque flagrant de coordination entre athlètes et les différentes structures de la Fédération, notamment sa direction technique nationale (DTN), frôlant à peine la polémique. En cause : le cas Taoufik Makhloufi, puisqu'il convient de l'appeler ainsi, avec tout ce qui se passe autour de sa «fameuse» participation ou non aux épreuves du 1500m pour défendre son titre olympique. Champion olympique en titre donc du 1500m, il est annoncé partant pour l'épreuve, avant que le concerné n'apporte une précision de taille, à la limite du démenti au sujet de cette «décision définitive» sur sa participation aux deux épreuves du demi-fond (800 et 1500m). Un démenti, si on considère que la sortie de Makhloufi, vendredi dernier en zone mixte au Stadio Olympico de Rio de Janeiro, juste après le premier tour éliminatoire du 800m, où il annonce n'avoir «toujours pas pris de décision concernant le 1500m», qui va à contresens des dires d'Ahmed Boubrit, le DTN de la Fédération algérienne d'athlétisme. Face à la presse, la veille de l'entrée en lice de Makhloufi, Boubrit affirmait que Makhloufi, en concertation avec son entraîneur français, Philipe Dupont, «a opté pour le 800m, mais aussi le 1500m», expliquant que les deux épreuves ne se chevauchaient pas, avec la finale du 800m prévue pour demain lundi, alors que les éliminatoires du 1500m débutent le lendemain, mardi, avec les demi-finales programmées jeudi prochain, et la finale 48 heures après. Même le chef de mission de la délégation algérienne à Rio, et néanmoins ancien entraîneur d'athlétisme, Ammar Brahmia, avait convoqué les médias algériens présents à Rio, tard dans la soirée de mercredi, pour annoncer «la bonne nouvelle», et apportant même son soutien à Makhloufi pour sa participation à une double épreuve. 48 heures plus tard, Makhloufi tergiverse une nouvelle fois, mettant ainsi sa fédération et ses responsables dans l'embarras, elle qui annonce une chose un jour, et son contraire le lendemain. On se souvient d'ailleurs que juste avant le déplacement à Rio, la FAA, et à travers son site officiel, annonçait que Makhloufi allait s'engager sur les 800m à Rio, avant de rectifier le tir, dès le lendemain, en précisant que l'enfant de Souk Ahras sera finalement présent aussi sur 1500m. Par la suite, il y a eu l'épisode de la venue de Makhloufi à Rio. Là aussi, c'était la panique dans le camp algérien, car personne au niveau de la fédération et de la délégation algérienne à Rio ne connaissait la date exacte de l'arrivée du champion olympique au Brésil, avant que l'athlète ne débarque il y a une semaine, sans pour autant lever le voile sur ses intentions dans ces JO de Rio et ses objectifs en compétition. Une semaine de suspense qui semblait avoir connu son épilogue mercredi dernier, après l'annonce de Brahmia, suivie de celle du DTN le lendemain, avant que Makhloufi ne brouille de nouveau les cartes. Stratégie ou manque flagrant de concertation entre l'athlète et sa tutelle directe (la FAA, ndlr), il n'en demeure pas moins que personne ne sait si Makhloufi va finalement défendre ou pas son titre olympique sur 1500m acquis à Londres (JO-2012) presque jour pour jour, même si tout porte à croire que si Makhloufi hésite, c'est qu'il fait du 1500m une sorte de roue de secours, un joker qu'il utilisera en cas d'échec sur le 800m, ce que personne ne lui souhaite. Il faudra en outre signaler que l'épisode de 2012 à Londres, où Makhloufi a dû renoncer à sa participation au 800m, sur fond de polémique, ne risque pas de se produire à Rio. Le DTN a accompli l'engagement préliminaire, mais les engagements finaux seront pris à la veille du 1500m, et ce, lors de la réunion technique qui permettrait à Makhloufi de se retirer du 1500m, mais en espérant avoir décroché avant une médaille pour l'Algérie et procuré encore de la joie aux Algériens, comme il l'avait fait à l'été de 2012.