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Depuis nos indépendances, nous n'avons pas réussi à mettre en place un Etat de droit à la hauteur des ambitions populaires
Mehdi Alioua. Sociologue à Sciences-Po Rabat et président du Gadem
Publié dans El Watan le 04 - 11 - 2016

- Une semaine après la mort du jeune Rifain Mohcine Fikri, broyé par une benne à ordure vendredi dernier, les sit-in se poursuivent. Pensez-vous que ces rassemblements ont réuni tout les Marocains ?
Si l'émotion est immense ici et qu'elle a poussé des milliers de Marocain(e)s dans la rue, de tous âges et de toutes origines sociales, cela reste tout de même assez limité en nombre. L'indignation est généralisée et c'est tout à fait logique face à cette mort horrible dans laquelle les autorités sont impliquées, mais son expression en termes de manifestation est limitée, et c'est logique car l'Etat marocain a réagi très sainement en diligentant très rapidement une enquête et en laissant la colère s'exprimer. Le roi lui-même a réagi avec clarté et fermeté et rapidement plusieurs personnes, dont des policiers, ont été écrouées. Cela a diminué le nombre de manifestants, mais je pense que les Marocains se souviendront encore longtemps de ce drame et de Mohcine Fikri.
- Pensez-vous que ce soulèvement spontané et populaire exprime un ras-le-bol généralisé ou une prise de conscience afin de dire stop aux violences policières ?
Il est le résultat d'une longue histoire qui a commencé dans le combat pour l'indépendance et qui a permis de transformer les Marocains en citoyens alors qu'ils n'étaient que des membres de tribu, des «sujets» et des «indigènes». C'est ce que nous appelons ici la «révolution du roi et du peuple» qui a permis d'élaborer un Etat-nation où les citoyens sont égaux en droits et en dignité. Sauf que dans les faits et les pratiques, nous n'avons pas encore achevé cette transition. Nous avons fait des avancées assez significatives, mais cela est encore insuffisant.
Et les citoyens en ont conscience. C'est pour cela que face à un tel drame, ils ne restent pas silencieux. Le problème, dans ce cas, est l'abus de pouvoir des autorités qui n'ont pas respecté les procédures, voire pire, mais seule l'enquête nous révèlera la vérité. Or, nous avons tous ici, à un moment ou un autre, vécu un abus de la part des agents de l'Etat. C'est pour cela que nous nous sentons proches de la victime, indépendamment de nos origines sociales et régionales. Pourtant nous croyons avoir définitivement tourné la page de l'autoritarisme après le mouvement du 20 Février et la Constitution de 2011.
- Pensez-vous que les manifestations ont donné des sueurs froides à la monarchie ?
Ecoutez, je n'en ai strictement aucune idée ! Mais il faut bien comprendre qu'au Maroc la stabilité est le fruit d'un compromis historique et d'un équilibre politique que l'on nomme «révolution du roi et du peuple» devant mener à une monarchie parlementaire, démocratique et sociale. Il semble que la majorité écrasante des Marocains adhère pleinement ou en partie à ce projet depuis 1994 et au rééquilibrage des pouvoirs entre la monarchie et le peuple.
Alors, malgré les profondes inégalités sociales qui rongent notre pays, les injustices qui bafouent cet équilibre, les sécessionnistes égarés du Polisario qui tentent de troubler la cohésion nationale, nous continuons d'avancer ensemble. En cela, il semble que la monarchie soit sereine et sache bien gérer les crises. En tant que sociologue, je sais bien que cela ne fonctionne que parce qu'elles trouvent un écho dans la société. Pour le dire autrement, la monarchie, tout comme le peuple, sont passés par des épreuves autrement plus difficiles.
- Un mot ressort de toutes les manifestations: hogra. Un mot qui parle aux Algériens comme au Tunisiens...
Oui, dans nos pays la hogra est une réalité quotidienne ! Depuis nos indépendances, nous n'avons pas réussi à mettre en place un Etat de droit à la hauteur des ambitions populaires ni un Etat-providence à la hauteur des immenses besoins sociaux. Et face à cela, pour pouvoir vivre et/ou pour répondre aux besoins et pallier aux manques, toute une partie de nos sociétés est gérée dans une semi-clandestinité.
Je m'explique. Nous avons des pans entiers de l'économie et du monde du travail qui n'entrent pas dans la régularité administrative, voire même dans la légalité : vendeurs de rue (fruits, légumes, cigarettes, alcool, etc.) femmes de ménage, chaouch, etc. Pas de contrat de travail, pas de sécu, pas de patente, commercialisation illicite de produits licites, voire illicites, etc. Cela met en face-à-face une partie importante de nos concitoyens avec les autorités censées faire respecter la loi et l'ordre public.
Or, dans ce cas, dans nos pays, pour faire respecter l'ordre public, il ne faut pas faire respecter la loi ! Ce sont des situations explosives qui favorisent la corruption, le népotisme, les abus de pouvoir, les mafias locales, bref la hogra ! Ce n'est pas tout de demander aux policiers de respecter l'Etat de droit, il faut aussi que les citoyens le fassent ! Mais à cause des injustices sociales et des inégalités, à cause de la pauvreté, nous sommes incapables de le faire…
C'est un cercle vicieux et nous n'arrivons pas à en sortir. Il va falloir beaucoup de travail et de patience. Je fais partie de optimistes et je pense que la plus grande conscience politique qu'ont aujourd'hui les peuples maghrébins permettra progressivement d'en sortir : plus de militantisme des citoyens et plus d'exemplarité des autorités, c'est de cela dont nous avons besoin.


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