- Pensez-vous que les campagnes de sensibilisation aux risques liés à la contraction du VIH lancées ces dernières années en Algérie ont un réel impact sur les jeunes ? La sensibilisation des populations jeunes et/ou adolescentes est d'une importance capitale dans la prévention du VIH. Les statistiques ont prouvé que la population jeune est la plus touchée par l'infection, car la plus active sexuellement. Il s'agit là du rôle non seulement des associations de lutte contre le sida, mais également d'acteurs qui peuvent contribuer à cette sensibilisation : les journalistes, les médias, les artistes et même les imams ; chacun a son influence sur son public et peut contribuer à la réduction des risques selon son approche. On doit admettre, et des études l'ont démontré, que les jeunes ne connaissent pas tous les modes de transmission du VIH et les moyens de prévention, le VIH étant souvent lié aux rapports sexuels et demeure un sujet tabou tant au sein de la famille qu'à l'école. Des initiatives ont été lancées en Algérie en formant des jeunes sur la santé sexuelle et les IST/VIH-sida (on les appelle des éducateurs pairs), il s'agit d'une démarche efficace, car le message passe mieux du jeune vers le jeune, sans tabou... - Ces campagnes et initiatives ciblent-elles le bon public ? Le domaine associatif en Algérie est impliqué dans la riposte et active tout au long de l'année avec même des actions en partenariat avec les pouvoirs publics (ministères de la Santé, de la Jeunesse...) et avec un appui du bureau de l'Onusida Algérie qui joue le rôle de fédérateur des associations thématiques qui activent chacune dans sa zone dans un pays aussi vaste que l'Algérie. L'épidémie du VIH en Algérie comme celle de la région MENA (Meadle East & North Africa) est de type concentré, c'est-à-dire que la prévalence chez la population générale est faible, tandis que chez les populations vulnérables (ou mieux populations-clés) elle est plus élevée. Cette particularité doit pousser les acteurs de la lutte contre le sida à continuer la prévention et la sensibilisation chez la population générale, mais surtout d'essayer de toucher les populations les plus exposées au risque (travailleurs et travailleuses de sexe, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les usagers de drogues injectables...). Une autre population particulière mérite une attention particulière, il s'agit des migrants subsahariens, tout en évitant les amalgames (Noirs = sida), sans stigmatiser les Subsahariens, mais en prenant en considération le fait que la migration est elle-même un facteur de risque dans le sens où les personnes, surtout les femmes, sont souvent confrontées à des violences physiques et sexuelles, au travail du sexe volontaire ou imposé, à des changements de partenaires pour retrouver un certain sentiment de protection masculine... Il s'agit là d'un rôle que peuvent jouer les organisations de la société civile qui sont plus proches de ces populations et ayant un accès plus facile, complétant ainsi les actions menées par le secteur de santé et de prévention, créant une synergie et une approche intersectorielle de la riposte. On doit appliquer le Plan national stratégique de lutte contre le sida, qui considère les associations de lutte contre le sida et des personnes vivant avec le VIH comme des acteurs à part entière dans la riposte. - Qu'en est-il de la première mesure de prévention qu'est le dépistage ? Les statistiques de l'Onusida ont révélé que malgré les efforts considérables dans la lutte contre le sida en Algérie, beaucoup de personnes séropositives ignorent qu'elles le sont parce qu'elles ne se sont pas fait dépister. Le dépistage est la clé de l'élimination du VIH : une personne dépistée positive sera prise en charge médicalement, le traitement est gratuit pour tous les patients algériens et même étrangers. L'Algérie est l'un des rares pays qui offrent la trithérapie gratuitement, ce qui démontre l'engagement de haut niveau au ministère de la Santé et des acteurs de la santé. Le traitement est aujourd'hui tellement efficace qu'une personne séropositive sous traitement peut avoir une charge virale indétectable et, par conséquent, ne plus transmettre le virus à d'autres personnes et aura une qualité et une espérance de vie équivalentes à une personne séronégative. En résumé, plus on dépiste, plus on traite, plus on évite de nouvelles contaminations, plus on évite aux PVVH le stade «sida maladie», les complications et le décès.