Le 11e Festival de la musique andalouse et des musiques anciennes s'est ouvert, mardi soir, à l'opéra Boualem Bessaïh d'Ouled Fayet, à Alger. Cette soirée inaugurale de la présente édition, qui s'étalera jusqu'au 25 de ce mois, a enregistré un nombre impressionnant de mélomanes, et ce, en dépit de la nouvelle domiciliation du festival. En effet, si habituellement cette manifestation se déroulait au niveau de la salle Ibn Zeydoun à Alger, avec la présence d'un public aussi nombreux, mardi soir, l'imposant Opéra d'Alger a été assailli par les convives. Preuve en est, l'immense parking affichait complet trois heures avant le début de la soirée. Des files additives de stationnement, ont été autorisées, à l'extérieur de l' édifice. C'est dire que ce festival a su s'imposer de par la qualité de sa programmation et de son professionnalisme. Prévu à 19h, le coup d'envoi du festival n'a été donné que vers 20h30. Devant cette attente interminable, le public a manifesté son mécontentement à plusieurs reprises en tapotant des mains. Le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, investit, enfin, la scène, en ne manquant pas de s'excuser pour ce long retard. Dans son allocution, le ministre a rappelé que l'Opéra d'Alger a été construit pour accueillir les travaux artistiques d'excellence. Il a, également, salué le commissariat du Festiv Algérie, qui a œuvré pour le bon déroulement de cette édition, sachant que le budget alloué, cette année, a été sérieusement amputé. De son côté, le commissaire de ce festival, Aïssa Rahmaoui, a soutenu que le festival a été conçu spécialement pour le public et que cette édition est placée sous le signe des hommages aux maîtres de la musique andalouse et à la mémoire du musicien et interprète Mohamed Fergani. La soirée débute par une intro de l'orchestre de l'artiste tlemcénienne Meryem Benallal. Cette dernière fait son entrée quelques minutes plus tard, sous des slaves d'applaudissements, pour interpréter quelques pièces musicales de la nouba Raml El Maya. De sa voix de velours, elle débute par un b'tayhi, un istikhbar, avant de poursuivre son répertoire par un insraf et deux inkhlassats du poète Ahmed Chawki. Meryem Benallal a terminé son tour de chant en apothéose, en interprétant un hawzi, signé du maître cheikh Ben Msayeh, et un Klass Mer-foud. L'ensemble turc, Goksel Baktagir, est programmé en deuxième partie de cette soirée. Le trio de musiciens prend place en plongeant l'assistance dans une atmosphère des plus agréables. Le compositeur et musicien turc, Goksel Baktagir, considéré dans son pays et dans le monde comme un innovateur exemplaire en matière de musique, dévoile une partie de ses propres compositions. Il est l'auteur de plus de 140 compositions, dont 35 vocales, et 105 œuvres instrumentales. Ce virtuose de la cithare et ses deux musiciens ont laissé livre cours à leurs talents. Avec leur parfait doigté, ils ont, à travers leurs instruments musicaux, constitués d'une cithare, d'un violon et d'un violoncelle, proposé des envolées lyriques parfaites. Pour exécuter les 14 partitions du compositeur Goksel Baktagir, inspirées du Maqam Hidjaz Ghrib-une pièce très répandue dans le Monde arabe- des jeux et des répliques d'instruments musicaux ont donné naissance à des exécutions qui oscillaient entre une cadence d'enchaînements de partitions. L'ensemble turc a concocté une surprise de taille aux présents, en conviant sur scène la jeune artiste algérienne Majda Bencherif, membre du groupe Ibn Sina d'Alger. Avec sa belle voix, elle interprète deux morceaux choisis. Le premier est un «mouwacheh» libanais, intitulé Lama Yada Yatelna, et le second est exhumé de l'incontournable chanson mythique du regretté artiste Dahmane El Harrachi, Ya Rayeh. La soirée s'est clôturée par le passage sur scène de la soprano Amel Brahim Djelloul. Si habituellement l'artiste chante la musique occidentale, cette fois-ci, elle innove en chantant le répertoire andalou. Son orchestre est constitué de Rachid Brahim Djelloul, son frère au violon et au chant, Noureddine Aliane, au luth et à la guitare, et Dahmane Khalfa, à la percussion, derbouka et tar. Comme à son habitude, de sa voix incomparable et inique à la fois, Amel Djelloul Brahilm captive l'assistance dans un silence des plus olympiens. Le temps se fige subitement pour laisser place à un ensorcellement certain. Le répertoire offert est un spectacle intitulé «Souvenir de l'Andalousie», déjà présenté auparavant. Un spectacle oscillant entre de la musique arabo-andalouse, du chant kabyle, des musiques espagnole, turque, tunisienne, et des influences marocaines. En marge du festival, le jeune musicien Belkacem Ben Alioua a donné une prestation en solo avec sa cithare, pour rendre hommage à son regretté père, le musicien Sid Ahmed Ben Alioua, à travers une composition intitulée Lettre à mon père. De même qu'un hommage a été rendu au musicien tlemcénien Boukli Hacene Salah. Il est à noter que le festival se poursuivra ce soir, avec comme tête d'affiche le trio grec, El Anadil El Djazaïr, avec un hommage à Mamad Benchaouch et l'ensemble des deux rives «Algérie, France et Italie ».