Quel salaire pour quelles dépenses ? Une question qui s'impose en cette période où la capacité des ménages à faire face à la hausse des prix des biens et services fait débat. En 2011, l'enquête de l'Office national des statistiques sur les dépenses des ménages avait évalué la dépense d'une famille de petite taille (1 à 2 personnes) à 40 795 DA contre 78 101 DA chez les ménages de grande taille (plus de neuf personnes) avec 40% des dépenses dédiées au volet alimentaire (sachant que plus de 80% de la population sont issus de ménages dont la taille dépasse 4 personnes). Ce qui n'a fait que baisser le niveau d'épargne des ménages en prenant en considération les autres dépenses (soins, transport, habillement…). Entre-temps, que de changements en matière de prix ! Ces derniers ont évolué plus rapidement que les salaires. Le taux d'inflation de 6,2% enregistré en novembre 2016 illustre bien la situation. Concernant les salaires, l'évolution reste faible. Selon la même source, le salaire net moyen en 2015 était de l'ordre de 39 200 DA. Il était de 54 700 DA dans le secteur public et de 32 100 DA dans le secteur privé. Des montants bien loin des dépenses des ménages de 2011. Pour une famille dont les deux parents travaillent, la compensation ou la complémentarité est possible. Mais dans le cas où l'un des deux est inactif ou occupe un emploi précaire, la situation est difficile à gérer face à l'érosion galopante du pouvoir d'achat. «Pour un couple avec 2 enfants, il lui faut au minimum 60 000 DA avec la hausse des prix. Imaginez un employé qui touche 30 000 DA : comment peut-il payer un loyer de 20 000 DA ? Peut-il subvenir aux besoins de sa petite famille avec ce salaire dérisoire, quand on sait que le kilo de lentilles atteint les 220 DA et que les pois chiches sont cédés à 250 DA au minimum, puisque ce sont des sachets de 800 grammes qu'on nous vend ?» Ce sont autant de questions que se pose Nabil Ferguenis, chargé de communication du Syndicat national autonome des travailleurs de la Fonction publique (Snapap). Le syndicaliste donnera comme exemple la hausse du prix du gasoil fixée à 1,25 DA, alors que les transporteurs ont décidé dans certaines régions urbaines d'augmenter le prix du ticket de 20 à 25 DA. «Il y a aussi les soins qui coûtent cher. Les examens de radiodiagnostic sont à des prix prohibitifs et ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale», enchaînera-t-il, comme pour illustrer la lourdeur des charges et l'insignifiance des salaires actuels. La solution réside pour le représentant du Snapap dans la production de la richesse et de sa redistribution équitable. «Il faut aussi que les salaires soient indexés sur une grille mobile qui intègre les augmentations des prix et les dévaluations de notre monnaie», proposera-t-il dans le même sillage. Un point que relève Bachir Hakem du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), pour qui le salaire national minimum garanti devrait être de 45 000 DA. «Avec la nouvelle année 2017, celui-ci ne devrait pas être à moins de 60 000 DA.» «Il ne faut pas oublier la réalité, nous importons tout ! Nous sommes payés en dinar, alors que nous achetons en euro», précisera-t-il.