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Ces bio-pirates qui écument la nature…
Publié dans El Watan le 30 - 11 - 2006


Un documentaire diffusé sur Arte révèle comment les multinationales de l'agroalimentaire tentent d'accaparer les cultures traditionnelles des pays du tiers-monde, selon ce concept encore à l'usage. Les exemples sont nombreux de cette nouvelle forme de spoliation qui s'appelle le biopiratage et par laquelle les firmes, essentiellement basées aux USA, font main basse sur le patrimoine végétal dont la nature est d'abord civilisationnelle. C'est le cas au Pérou par exemple où existent des plantes que les populations cultivent depuis des millénaires, à l'image de la maca qui est l'objet de fortes convoitises de la part de puissants groupes américains et européens. Le Pérou avait toujours assuré son autosuffisance alimentaire avant l'arrivée des conquérants espagnols qui, sous la conduite du sanguinaire Pizzaro, ont détruit les fondements de l'identité péruvienne, plus particulièrement encore son agriculture. Les colonisateurs espagnols avaient, en fait, totalement pillé le Pérou en pillant systématiquement ses ressources les plus vitales. Cela entraîna d'innombrables révoltes dont celle de Tupac Amaru, figure emblématique de la résistance péruvienne que les Espagnols réprimèrent avec la plus implacable férocité. Dans la continuité de l'effroyable bain de sang dont ils s'étaient rendus coupables, ils interdisent aux Péruviens de parler leur langue, le qetchua, et de pratiquer leur agriculture traditionnelle. Les Péruviens, avant l'irruption sanglante des Espagnols, maîtrisaient au plus haut point la flore dont ils connaissent les vertus. Les plantes leur servaient à subsister et à se soigner, dans le contexte de leur implantation géographique, les Andes, dont le climat était pleinement partie prenante de structuration de l'agriculture et de ses produits. En empêchant les Péruviens de continuer à exploiter leur patrimoine agroalimentaire, les colonisateurs espagnols ne visaient pas seulement à anéantir un peuple. Dès cette époque, ils s'étaient acharnés eux aussi — tout comme les multinationales d'aujourd'hui — à percer les secrets de la flore andine. Ils ne parvinrent pas à leurs fins, car les populations péruviennes ne cédèrent pas à cette entreprise de sape. Non seulement les secrets de fabrication furent jalousement préservés, mais les agriculteurs péruviens — pour une part primordiale les paysannes — continuèrent à faire vivre leur patrimoine végétal en le transmettant de génération en génération. A présent, un pays comme le Pérou est exposé à d'autres types d'agressions, sans doute moins violentes mais tout aussi ravageuses que l'avait été le colonialisme : les multinationales se sont tournées, depuis des années, vers ce pays dont le patrimoine végétal est une source considérable d'intérêt scientifique, mais aussi des occurrences évidentes de profits en termes de marché. Le commerce des plantes est, à cet égard, un gisement considérable pour les industries pharmaceutiques qui sont informées des qualités curatives de la flore dans ce pays andin. De véritables expéditions sont organisées pour explorer l'environnement végétal et identifier les éléments qui pourraient s'intégrer dans la filière du médicament. Le principe de ces bioexplorations se fonde sur l'observation du lien entre ces plantes miraculeuses et les populations qui les utilisent depuis les temps les plus reculés pour se soigner. Il suffit dès lors de prélever des spécimens de ces plantes et de les transporter en Europe ou aux USA pour les reproduire en laboratoire. Les multinationales, dans le souci d'intensifier les rendements, ont été jusqu'à reconstituer artificiellement le climat du pays d'origine de ces plantes désormais cultivées sous serre. Une firme américaine a été encore plus loin en faisant valider un brevet industriel sur un élément propre au patrimoine végétal péruvien. C'est cette fameuse Naca qui est l'objet de tous les enjeux depuis la période de la conquête coloniale espagnole. Cette dérive du biopiratage ne va, certes, pas sans susciter des contre-feux, plus précisément encore dans le sillage d'une nouvelle démarche économique, le commerce équitable, qui engage des distributeurs européens à écouler les produits de l'agriculture du Sud en contournant le monopole que tendent à installer les multinationales sur le domaine agroalimentaire. La lutte est inégale dans la mesure où les moyens mis en œuvre ne sont pas comparables. L'objectif à peine dissimulé des firmes multinationales est celui de spolier purement et simplement le patrimoine végétal d'un grand nombre de pays par le biais des brevets de propriété. Selon cette logique, un Péruvien pourrait se voir dire que telle plante, présente sur son sol depuis des lustres, appartient de plein droit à des industriels étrangers. C'est toute la législation internationale qui, sur ce chapitre, est à reconsidérer, car au risque de la spoliation s'ajoute celui des manipulations génétiques et du clonage. Aucun pays n'est vraiment à l'abri de ces risques, car les bioexplorateurs agissent sur des terrains multiples. C'est toute la flore qui peut être dupliquée et reproduite au pareil, sans que cela nécessite des investissements lourds dès lors qu'un individu peut, dans un pays donné, prendre des spécimens de plantes et les rapatrier sans difficulté. C'est donc un thème qui s'inscrit par excellence dans un rapport de confrontation entre le Nord et le Sud. Il n'y a pas que le Pérou qui soit dans le cas de figure d'être menacé du pillage de ses ressources végétales sans en recevoir la moindre contrepartie. Le biopiratage se manifeste aussi dans d'autres régions du monde, en Asie et en Afrique. Il y a également une caractérisation culturelle à donner au phénomène. C'est celle du transfert inégal de valeurs sur lesquelles bien des peuples de la planète ont bâti leur socle identitaire. Ne faudrait-il pas parler plutôt d'échange illégal ?

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