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Les photographies de Germaine Tillion et Thérèse Rivière
Société traditionnelle aurésienne des années 1930
Publié dans El Watan le 06 - 02 - 2018

Le travail iconographique effectué par deux ethnologues dans les Aurès en 1935 n'a jamais été exposé de cette manière. Ce sera chose faite à partir de demain, et ce, jusqu'au 1er avril prochain.
Témoignage de la pratique ethnographique des années 1930, les photographies prises par Thérèse Rivière et Germaine Tillion au cours d'une mission conduite sur plusieurs années dans les Aurès donnent à voir une société traditionnelle encore préservée et la différence des regards que chacune des deux chercheuses porte sur elle.
Elles ramènent également à la source des engagements algériens de Germaine Tillion, après 1954, et à sa pensée d'ethnologue», affirme Christian Phéline, commissaire de l'exposition. Elle sera à visiter du 7 février au 1er avril 2018 au Pavillon populaire, espace d'art photographique de la ville de Montpellier.
Cette exposition présente ensemble, pour la première fois, une sélection de photographies prises par les deux jeunes chercheuses, Thérèse Rivière et Germaine Tillion, lors d'une mission ethnographique conduite à partir de 1935 dans les Aurès. A la différence d'autres régions d'Algérie, cette zone n'a pas subi massivement l'expropriation coloniale des terres indigènes et a longtemps fait figure de «montagne rebelle».
«Lieu, en 1916, d'un soulèvement contre la conscription militaire, elle sera, dès le 1er Novembre 1954, l'un des épicentres de la lutte indépendantiste. L'armée française y expérimentera alors la politique de ‘‘regroupement'' des populations villageoises, qui achève de déstabiliser une société dont Germaine Tillion avait déjà observé la nette ‘‘clochardisation'' entre 1935 et 1954», écrit encore Christian Phéline dans la présentation de l'exposition.
De même que la célèbre mission Dakar-Djibouti (1931-1933), conduite par Michel Leiris et Marcel Griaule en Afrique subsaharienne, ou l'expédition en Amazonie de Claude Lévi-Strauss (1934), la longue enquête des deux chercheuses est menée au nom du musée d'ethnographie du Trocadéro (qui deviendra en 1937 le musée de l'Homme).
Thérèse Rivière s'y est plutôt consacrée à l'étude des activités matérielles et de l'économie domestique et Germaine Tillion à celle des relations de parenté et de pouvoir dont traiteront par la suite ses ouvrages Le Harem et les cousins (1966) et Il était une fois l'ethnographie (2000)
«Longtemps oubliée, la masse des images fixes et animées, des relevés graphiques, des enregistrements sonores, des notes de terrain alors réunies et le millier d'objets versés par elles dans les collections du musée, donnent la mesure de la tâche exceptionnelle d'observation accomplie.» Outre les photographies, on trouve aussi dans l'exposition une série de fac-similés des dessins recueillis par Thérèse Rivière parmi les enfants et les adultes de plusieurs villages de la région.
Pour le commissaire, «sans épuiser la richesse documentaire du fonds Rivière-Tillion, le choix s'est arrêté ici sur des images qui ont paru manifester le mieux le rapport établi par les deux observatrices avec leur environnement humain». Cela permet de «redécouvrir le visage d'une société traditionnelle bientôt bouleversée par les affrontements de la période 1954-1962, en même temps qu'elle restitue désormais ces images dans une histoire tant esthétique que sociale de la photographie».
Thérèse Rivière : une formation documentaire et muséologique
Thérèse Rivière est née à Paris en 1901 d'un père haut fonctionnaire municipal d'origine ariégeoise, et d'une mère domestique venue de Picardie. Elle a pour oncle le collectionneur, graveur et photographe Henri Rivière. Elle occupe plusieurs emplois de dessinatrice industrielle, puis entre en 1928 comme secrétaire au musée d'ethnographie du Trocadéro, où son frère, Georges-Henri Rivière, futur fondateur du Musée des arts et des traditions populaires, vient d'être nommé.
Elle y acquiert une solide formation documentaire et muséologique. Après avoir suivi les cours de Marcel Mauss à l'Institut d'ethnologie et ceux de l'Ecole du Louvre, elle participe en 1934 à la préparation d'une exposition sur le Sahara et devient responsable du nouveau département «Afrique blanche et Levant».
A ce titre, elle est nommée à la tête de la mission organisée dans les Aurès avec le soutien de l'International Institute of African Languages and Cultures. Elle y fait équipe avec Germaine Tillion, leurs collègues, Jacques Faublée et Paule Barret, les rejoignant à plusieurs reprises.
En 1937, elle participe au transfert des collections d'ethnographie dans le nouveau palais de Chaillot. Pendant une dizaine d'années, elle alterne son travail au musée de l'Homme, des séjours officiels ou à titre personnel, dans les Aurès et divers épisodes d'hospitalisation psychiatrique. En 1943, elle prépare avec Jacques Faublée l'exposition les Aurès, qui restera en place jusqu'à la libération, et son catalogue. Trois ans plus tard, elle monte le film L'Aurès, tourné en 1935-1936. A nouveau internée au début de 1948, elle subira un long enfermement jusqu'à son décès, fin 1970, à l'hôpital de Plouguernével.
Germaine Tillion : Sa thèse sur les Aurès a disparu
Germaine Tillion est née en 1907 dans la Haute-Loire, d'un père magistrat et d'une mère qui sera longtemps rédactrice aux Guides bleus. Après le baccalauréat, elle obtient notamment les diplômes de l'Institut d'ethnologie et de l'Ecole du Louvre.
Aux côtés de Thérèse Rivière lors de la mission dans les Aurès, de 1935-1936, elle prolonge jusqu'en 1940 des recherches centrées sur les rapports de parenté et de pouvoir chez les Beni Melkem et les Ouled Abderrahmane. Membre du groupe de résistance du musée de l'Homme, elle est arrêtée en août 1942, emprisonnée à Fresnes, puis déportée à Ravensbrück, où elle conserve avec elle les matériaux sur les Aurès réunis en vue de sa thèse.
Libérée en avril 1945, sans pouvoir récupérer ses documents, elle se consacre alors à l'étude et à la mémoire des camps de concentration. Une mission d'observation lui est confiée au lendemain du 1er Novembre 1954, qui la ramène dans les Aurès et lui inspire la thèse de la «clochardisation» qu'elle exposera en Algérie en 1957. Elle décède en 2008, à l'âge de 101 ans.


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