Elle a de qui tenir, elle a une voix généreuse et radieuse et elle a tout d'une grande. Et de surcroît, elle a du talent à revendre, un caractère entier car elle est vraie. Sans flagornerie aucune, elle sait ce qu'elle veut en matière d'exigence et autres choix musicaux. Samira vient de publier son tout premier album. Et c'est de la « bombe », comme dirait un rappeur. Sorti en France, en septembre 2006, son premier jet est intitulé Naïliya, renfermant onze titres aussi poétiques qu'oniriques et protestataires. Pourquoi Naïliya ? Samira Brahmia, vivant en France, explique : « Ouled Naïl, ce sont mes origines mais c'est aussi le côté nomade... ». C'est un rude et laborieux labeur ayant pris deux ans de préparation. C'est dire de la discipline d'airain qu'elle s'est assignée. Pour ce faire, Samira Brahmia qui est auteur, compositeur et interprète, s'est entourée de Khliff Mizialloua, guitariste de Diwan Gaâda de Béchar -qui n'est autre que son mari à la ville-, l'instrumentiste Karim Zyad et Michel Petri (batterie), Youcef Boukella et Lois Manress (basse), David Obayle (clavier), Amar Chaoui (percussions), Alain Debioussa et Manu Leouezek (section cuivre). Et ce, sans aucune aide substantielle d'un major ou autre maison de disques. Naïliya est un album autofinancé et a coûté 15 000 euros pour l'enregistrement studio, mixage et mastering. « Je ne suis pas confinée dans un moule. J'assure mon indépendance musicale...Je ne veux pas être enfermée dans des contingences formatées. On (elle et les musiciens) voulait se faire plaisir, être affranchi et assumer une liberté de ton et de travail... Pour ce qui est du CD, on ne fait pas dans la neurochirurgie. Cet album est imprimé d'états d'âme et de ‘moods'. Je pense que c'est un héritage filial du terroir algérien. Mon grand-père était poète, mon père, gendarme en retraite, est de Chlef et ma mère est originaire de Bou Saâda... Ils m'ont donné la chance d'apprendre des cours de guitare et de solfège ». Naïliya est mâtiné de sonorités saharienne, maghrébine (Maroc), salsa, celte, raï, rock, et r'n'b fluide et bien galvanisées. Ce qui donne une certaine brillance à cet album. Dans le titre Un fabuleux destin, Samira est politiquement incorrecte en dénonçant le prosélytisme religieux, l'obscurantisme et l'intolérance en Algérie. Jdoudna est un hymne africanisant, kabyle et maghrébin, Feel The Light est une ballade mystique et Indy et Fly Away, une plage franchement r'n'b où Samira exhibe son étendue vocale dans la langue de Shakespeare. Cependant, avec Ahmed Djadarmy (Ahmed le gendarme) dans laquelle elle rend hommage à son père - ayant exercé à Sebdou, Oued R'hiou et Chlef - à travers un espéranto orchestral et linguistique (arabe dialectal de l'Oranie et anglais) mêlant gasba (flûte de roseau), raï électro de Sidi Bel Abbès, en l'occurence de Raïna Raï, M'chaheb du Maroc et ce son rock. Un morceau de bravoure ! A propos de ses textes et de sa musique, Samira nous confiera : « Je vis mon morceau de musique. Je n'ai pas honte de passer de l'anglais à l'arabe et au français... ». Quant à son absence des scènes nationales, elle déclarera : « Je suis ouverte à toute proposition. J'ai envie de me produire en Algérie. Au moins une fois par an. Le meilleur public est algérien. Il est attendrissant (h'nin) quand on sait le respecter. Et il vous le rend bien. J'adore la scène. Cela me régénère. L'avenir est ici, en Algérie. L'inspiration est aussi en Algérie. Il faudrait créer des studios d'enregistrement (aux normes internationales). Il faut bien travailler sur une création. Il existe un manque flagrant techniquement parlant. On a hérité de la bureaucratie française. Les Anglo-saxons sont plutôt pragmatiques. Il faut penser à créer de véritables écoles d'art ainsi que des échanges avec l'Afrique, notamment avec Youssou N'dour, à Dakar (Sénégal)... ». L'album Naïliya devrait sortir en Algérie sous le label Belda Diffusion. Un bon disque de chevet et auto-radio ! Contact/écoute www.samirabrahmia.com www.peex.fr/samirabrahmia www.peexstudio.com www.undergroone.com www.planet-dz.com