L'Asie du Sud-Est est au bord de la catastrophe humanitaire après les pluies diluviennes qui se sont abattues sur l'Inde, le Bangladesh et le Népal. La mousson, d'une violence inédite cette année, a déjà fait des centaines de morts et des dizaines de millions de sans-abri dans ces trois pays fortement éprouvés par le déchaînement de la nature. Des scènes insoutenables de destruction et de désespoir illustrent cette véritable tragédie dont seule une large solidarité internationale pourra prendre la mesure. Un pays comme le Bangladesh ne pourra pas seul faire face aux urgences qu'impose le véritable drame des inondations. Des appels à dons ont d'ailleurs déjà été lancés par des ONG qui sont sur le terrain. Il est capital de donner à manger aux rescapés, de les soigner, mais aussi de mettre en place les parades pour gérer la décrue des eaux. Le risque de graves épidémies est souligné avec inquiétude par les équipes qui se sont rendues au secours des populations jetées hors de chez elles par la pluie dans un décor d'apocalypse. En Inde, mais plus encore au Bangladesh, les superficies agricoles ont été en grande partie englouties, exposant du même coup les deux pays au spectre de la disette. Il sera toujours temps pour les experts de s'interroger sur la violence inhabituelle de la mousson et d'en attribuer les causes aux dérèglements climatiques qui affectent la planète. Ce serait pour l'ensemble de l'humanité un avertissement à prendre en compte. Mais il est évident que pour le moment, les trois pays touchés ont besoin d'aides immédiates. Car il s'agit de prendre en charge des dizaines de millions de personnes qui ont été précipitées dans l'exode et qui manquent à présent de tout, après avoir perdu leurs maisons et le petit lopin qui leur permettait tant bien que mal de survivre. Pour toutes ces populations déplacées, la mousson aura été une épreuve dramatique dont les conséquences, aussi terribles que celles d'un tsunami, interpellent la communauté internationale. La plus grande nécessité est d'alléger le fardeau qui pèse sur les gouvernements locaux dont il est permis d'imaginer qu'ils accueilleront favorablement toutes les aides qui leur seront apportées. Les sommes colossales qu'exige la situation humanitaire en Inde, au Bangladesh et au Népal viendront sans aucun doute des donateurs anonymes, ces citoyens du monde qui ont ce réflexe fraternel et secourable face aux tragédies. Le financement d'actions humanitaires de si grande envergure devrait pourtant venir des pays nantis auxquels incombe la mise en place d'une telle caisse de solidarité universelle. A l'échelle du monde aussi, gouverner, c'est prévoir, et les dirigeants de la planète, tout au moins les plus puissants d'entre eux, n'ignorent pas les dangers auxquels sont confrontés nombre de pays du fait du réchauffement climatique dans lequel leurs industries ont une part de responsabilité. Une telle caisse serait mieux employée à aider ceux qui, dans le monde, ont en besoin qu'à voir des milliards consacrés à la course aux armements et à l'entretien de durables conflits.