Je totalise plus de 35 ans d'ancienneté dans un des métiers les plus pénibles, à savoir celui de cheminot, et mon salaire de base ne fait que 14 mille dinars. J'ose à peine imaginer ma paye une fois parti en retraite ». Par ces mots on ne peut plus directs, le ton est lancé au niveau du dépôt de la SNTF de Sidi Mabrouk où des dizaines de travailleurs tiennent un piquet de grève depuis samedi 14 h. En effet, faisant tache d'huile à la grève initiée par le syndicat des travailleurs de la SNTF au niveau d'Alger et d'Oran, le personnel roulant ou agents de conduite et d'accompagnement de Constantine a immobilisé les trains, aussi bien de voyageurs que de marchandise. « Il n' y a pas de trains qui circulent depuis hier, et si vous en rencontrez un c'est qu'il est conduit par un briseur de grève », nous dira-t-on encore sur place. Pour en revenir à cette grève illimitée, le personnel exige une réhabilitation de la profession en passant par la revalorisation de certaines primes ainsi que l'obtention d'autres. « Nous avons aujourd'hui une prime de risque de 500 dinars par mois, c'est-à-dire à peine 12 dinars par jour. Les heures supplémentaires ne sont pas rémunérées du tout et la prime de relevage, en cas de panne de la locomotive, non plus. Que dire de la prime de traction, de la PRK et de l'IRDP, sinon que ce sont des primes qu'on ne donnerait pas à un gosse comme argent de poche », dira l'un des grévistes. Il faut dire que le métier de conducteur de train est des plus pénibles. Une brève visite à l'intérieur d'une locomotive nous renseignera sur les conditions de travail innommables. « La locomotive est ouverte à tous les vents. Imaginez l'état dans lequel se trouve le conducteur par une température glaciale et une vitesse qui avoisine les 100 km/h. Il y a aussi le risque de se faire « bombarder » par des gens inconscients. Risque réel car plusieurs conducteurs ont gardé des séquelles à vie. De plus, et si jamais l'un de nous se rend « coupable » d'un accident corporel, il est livré à lui-même en l'absence d'une prise en charge effective par le service du contentieux » nous avouera un conducteur de train, la trentaine à peine entamée. En attendant, les principales gares et stations de la SNTF à travers le pays sont paralysées et il n'est pas exclu que d'autres haltes en fassent de même, car on parle déjà de plusieurs cheminots de l'Est du pays qui rallieront le mouvement dans les toutes prochaines heures.
