« Evidemment, nous voulons réduire autant que possible la pression sur nos forces sur le terrain, tout en reconnaissant que ce qui a été accompli reste mince et demeure fragile dans de nombreux domaines », a déclaré le général David Petraeus. La situation en Irak demeure inchangée, malgré la baisse de la violence, toute relative il est vrai. Rien n'indique, en effet, que le pays s'achemine vers une meilleure situation encore qu'il faille décrire une telle perspective, car ce qui l'est pour les uns, ne l'est pas forcément pour les autres. Il s'agit bien entendu des différentes communautés propulsées sur le devant de la scène politique locale à la suite de l'invasion américaine en 2003, et la chute de Saddam Hussein et de son régime. C'est pourquoi chaque déclaration doit être rapportée à son contexte. Et c'est visiblement ce que vient de faire le général David Petraeus, plus haut gradé américain en Irak, qui a salué, dimanche, les progrès réalisés sur le plan de la sécurité dans ce pays, tout en les jugeant « fragiles » et en mettant en garde contre un retrait trop rapide des troupes américaines. « Evidemment, nous voulons réduire autant que possible la pression sur nos forces sur le terrain, tout en reconnaissant que ce qui a été accompli reste mince et demeure fragile dans de nombreux domaines », a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne de télévision Fox News. Les attaques menées par les insurgés et les pertes de l'armée américaine ont nettement diminué ces derniers mois, a-t-il souligné, rendant possible le projet de retrait de cinq unités combattantes l'an prochain. Mais l'accord passé avec le secrétaire à la Défense, Robert Gates, qui envisage des retraits supplémentaires, reste « sous conditions » et dépendra du fait que les violences continuent à diminuer, a-t-il dit. Le retrait programmé de ces cinq unités combattantes ramènerait le nombre de soldats américains en Irak de 160 000 à 130 000. Environ 30 000 soldats supplémentaires ont été envoyés dans le pays depuis le début de l'année dans le cadre de la stratégie controversée de renforts du président Bush, soutenue par le général Petraeus. Selon un rapport publié mardi par le Pentagone, cette stratégie a été payante et des « progrès significatifs » ont été accomplis en matière de sécurité : le nombre d'attaques a baissé de 62% depuis mars 2007. Le général Petraeus a, en outre, répondu par la négative à la question de savoir si Washington faisait pression en faveur d'un redéploiement des troupes de l'Irak vers l'Afghanistan, où le regain de violences des talibans a fait de l'année 2007 la plus sanglante depuis 2001. Il a dit comprendre « l'impatience » des critiques, qui, à Washington, estiment qu'en dehors des succès militaires, peu de progrès ont été accomplis par le gouvernement irakien. Cette impatience « est partagée par les dirigeants irakiens. Je ne pense pas qu'en interrogeant les dirigeants irakiens, on puisse en trouver un seul qui se dise satisfait du rythme des progrès » accomplis, a-t-il dit. Le général Petraeus a cependant noté que le budget irakien pour 2008 prévoyait de partager de manière « très équitable » les revenus du pays, en particulier ceux tirés du pétrole, entre autres mesures visant à réconcilier les différentes communautés. Quatorze passagers d'un car, tous chiites et parmi lesquels figurent des femmes et des enfants, ont été enlevés hier près de Baqouba (60 km au nord-est de Baghdad). Baqouba est la capitale de la province de Diyala, l'une des régions les plus dangereuses d'Irak. Voilà qui relativise le moindre constat. Bien entendu, ce n'est là que le point de vue du militaire, sur une situation qui relève de son champ de compétence. Le volet politique a bien été abordé, mais de manière succinte, et même incomplète, mais il a abordé l'essentiel, soit les rapports entre les différentes communautés irakiennes. En préconisant une réconciliation, mais celle-ci passe-t-elle uniquement par le partage de la rente pétrolière, ou plus encore par celui du pouvoir ? Toute la question est là.