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Les édifices des XIXe et XXe siècles, un patrimoine à euthanasier ? (1re partie)
Publié dans El Watan le 26 - 01 - 2008

Au moment où la conscience nationale redécouvre l'importance du patrimoine bâti historique dans sa participation à la qualification de son environnement urbain, après une longue léthargie envers l'héritage historique dans son acception la plus large ;
au moment où la société civile, à travers son organisation en associations à caractère culturel fondées sur la protection et la revalorisation du patrimoine matériel et immatériel, foisonne à travers tout le pays ;
au moment où l'Etat se fait l'interprète de ce nouveau besoin de récupérer le patrimoine, promulgue une loi manifestement au-delà des attentes par son caractère anticipateur sur la prise en charge de l'ensemble des catégories de ce patrimoine ;
au moment où l'intérêt pour la qualité urbaine commence à s'imposer dans la production du bâti comme exigence au point de constituer une préoccupation majeure pour le président de la République jusqu'à souligner, amèrement, dans son discours inaugural à l'occasion des dernières assises sur l'architecture, les ratés des nouvelles constructions architecturales et urbaines, et la reconnaissance de la cohérence de l'héritage bâti ;
au moment où un grand nombre de nos villes bénéficient de crédits pour mener des opérations d'« embellissement », qui témoignent par les dépenses publiques l'engouement pour l'aspect esthétique du cadre urbain ;
au moment où des APC et des wilayas engagent des opérations de restauration et de réhabilitation de monuments, parfois non protégés par la loi mais par quelque chose de plus profond de l'ordre de la sensibilité culturelle ;
au moment où les guides d'Alger brisent la frontière établie autour des casbahs pour présenter, sans aucun complexe, les valeurs architecturale et urbaine des bâtiments des XIXe et XXe siècles…
au moment où, disons-le, nous vivons une nouvelle phase de notre histoire dominée par le sentiment collectif marquant la préférence pour le goût esthétique à travers une myriade de signes qui ne peuvent nous laisser indifférents, telle la création toute récente du Musée des Arts contemporains au cœur de la capitale… Un des bâtiments les plus significatifs du patrimoine architectural et urbain de la ville d'Alger est en prise avec la violence des pioches et des marteaux-piqueurs ! Une pancarte, visible de loin, portant l'emblème de la piraterie de l'Europe d'antan, indique le danger pour toute personne qui s'en approcherait. Ironie du sort, l'un des immeubles les plus attractifs et socialisants d'Alger est devenu subitement répulsif par simple évocation de la mort, de cette chose bien naturelle que certains veulent transformer en une règle à imposer à tout un peuple.
Débat ou cas d'école ?
Auprès des passants et des hommes de l'art, cette démolition suit, de près, celle de l'hôtel d'Angleterre et du grand bâtiment de Sidi M'hamed. Si pour ces deux immeubles, les raisons de la disparition sont connues — le premier condamné par la barbarie des hommes, le second par l'ordre de la nature après le séisme — en revanche, aucune raison évidente et convaincante ne transparaît dans la décision de mettre à terre le joyau de La Parisienne. Aussi, il parait tout à fait naturel que le citoyen s'adonne à des questionnements et qu'un débat tente de s'installer avec le précieux soutien des médias. Mais, s'agit-il d'un débat ou précisément d'un débat d'école ? La confrontation des « oui » et des « non », de « d'accord » et « pas d'accord » n'est pas, dans la présente situation, un élément indicateur suffisant pour affirmer l'existence de points de vue propres à un débat d'école. Depuis la déplorable apparition de la question de La Parisienne, les termes usités, bien qu'empruntés au débat, opposent en réalité un architecte à une communauté sur la base d'une considération de fond. Pour s'affranchir des équivoques malheureux, il convient de ramener la situation vers la question suivante : pourquoi démolir l'immeuble La Parisienne ? Lors d'une discussion sur le trottoir d'en face de cet immeuble, un confrère architecte n'a pas manqué de déclarer hâtivement sur un ton révolté : « L'argent, c'est le seul et sale enjeu. » Peut-être, mais il n'est plus suffisant aujourd'hui de balancer son point de vue. Il est dans l'obligation de chacun de nous, contre ou pour, de produire un argumentaire convaincant. C'est ce que nous essaons de faire en nous appuyant essentiellement sur le témoignage de l'immeuble La Parisienne et, à la limite, sur des cas précédents. D'emblée, au vu de la qualité architecturale et urbaine de ce bâtiment, il n'est pas recevable d'avancer des explications d'ordre économique sans le préalable d'une analyse critique qui soit conforme à la nature réelle du jugement que tout être sensé doit porter sur les choses constituant son environnement. En ligne générale, la démolition et la reconstruction d'un autre bâtiment de la même envergure revient plus cher que sa réhabilitation. Dans le cas contraire, c'est bien les valeurs esthétique et historique qui trancheront. Pour cela, en principe, l'immeuble n'a pas besoin d'être protégé par la loi ; la sensibilité culturelle de l'architecte ou du maître de l'ouvrage doit les éclairer en tant qu'hommes d'affaires pour tirer profit de la plus-value offerte par les aspects architecturaux et historiques. Le critère économique est certainement un argument sérieux, mais l'appliquer sans considération des autres aspects, telles l'utilité, la durabilité et l'esthétique authentique, nous renvoie vers une période révolue durant laquelle, tout le pays a cru que le bien-être n'était possible qu'à travers les quantités et l'épargne économique. L'erreur de ce point de vue est aujourd'hui manifeste : de grands ensembles sans âme (pour lesquels des plaques lapidaires ont été érigées pour sublimer le nombre, la quantité, telles les cités des 1000 Logts, des 500 Logts…), ainsi que des équipements sans amarres (hôpitaux, écoles, universités, hôtels, etc.), autrefois légitimés par des chiffres pompeux, révèlent aujourd'hui peu à peu leurs laideurs morale et esthétique. Si hier nos dirigeants ne se souciaient guère des nuances et de la qualité de nos villes et de leurs architectures, il faut admettre que de nos jours, le débat — quand il se déclare — porte avant tout sur la qualité. Une qualité qu'il serait incorrect de limiter à des formes esthétiques. Car la qualité n'est telle que si évidemment elle fait siennes, les instances de l'utile et de l'économique. A défaut, placée dans des mains désinvoltes, la qualité peut facilement produire le « gâchis ». Revenons à l'immeuble La Parisienne. Une simple analyse de visu de l'état de la structure, effectuée par un technicien averti ne permet pas de conduire au verdict de la démolition. Rien, mais franchement rien de raisonnable ne laisse envisager l'élimination de ce grand et beau bâtiment de la capitale. Tout porte à croire qu'on a agi comme celui qui, voulant se débarrasser d'une mouche posée sur la tête d'un individu, n'a pas hésité à faire l'usage démesuré d'un marteau. Tel est le sort de La Parisienne. C'est sans doute le propre de notre époque, dominée par le trouble et l'incertitude, que de s'empêtrer de paradoxes en préjugeant l'ancien à l'avantage du neuf (et vivement la société de consommation !) et en faisant passer la différence pour de la nouveauté (et vivement le « trabendo ») sans se soucier de l'avenir (et adieu le développement durable). Notre grande peur est que ce comportement insensé, constaté dans tous les domaines, et même dans les pratiques sociales, économiques, scientifiques, techniques et politiques, s'érige définitivement en règle instituée. A titre indicatif, beaucoup de voix se sont élevées, bien que légitimement, pour alerter du caractère fortement sismique du site d'Alger. Cependant, certains se sont hâtés de condamner le bâti ancien d'Alger, sans distinction des époques, en s'appuyant sur des modèles théoriques empruntés au Japon et aux Etats-Unis d'Amérique. Tout semble correct, du fait que les caprices de la terre sont comparativement identiques, si ce n'est la différence fondamentale existant entre les typologies du bâti. Le modèle de calcul et de vérification des comportements des structures existantes ou à projeter dans le contexte japonais s'applique naturellement à des bâtiments à ossature (bois, métal et béton). Soumettre le bâti algérois aux outils de vérification japonais, c'est mettre le patrimoine algérois dans le « lit de Procuste » ; autrement dit, le résultat ne peut être qu'alarmant en raison de l'incompatibilité objective entre le modèle théorique japonais et la réalité du cadre bâti ancien d'Alger. Donc, il parait plus judicieux de se référer à un pays proche se trouvant dans les mêmes conditions sismiques qu'Alger et ayant un bâti de consistance similaire à celle de nos centres historiques. (A suivre)
L'auteur est architecte restaurateur- Enseignant à l'EPAU ; Chef de projet pour la réhabilitation de La Casbah d'Alger au titre du ministère de la Culture


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