« Le président est avec des membres de la garde présidentielle dans un camp militaire de Kati, une ville garnison à 15 km au nord-ouest de Bamako et dirige le commandement », déclare son entourage, rejetant ainsi les rumeurs donnant le Général Amadou Toumani Touré, réfugié dans l'ambassade américaine ou en route pour un pays voisin. Le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat, (CNRDR), qui a mis, selon ses déclarations, « fin au régime incompétent » d'ATT, a décrété la dissolution de « toutes les institutions », annoncé un couvre-feu nocturne, fermé les frontières du pays jusqu'à nouvel ordre, cueilli chez eux les candidats à l'élection présidentielle, prévue le 29 avril et les caciques du régime et sommé les fonctionnaires de reprendre, mardi prochain, le travail, tient d'autres propos. Selon le CNRDR, qui promet d'installer « dans les prochains jours » un gouvernement d'union nationale que pourrait rejoindre Oumar Mariko, le président du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l'indépendance et de remettre le pouvoir à un nouveau gouvernement démocratiquement élu, dès que le pays sera réunifié et que son intégrité ne sera plus menacée, ATT n'est plus le chef de l'Etat. Il a été, explique son président, le capitaine Amadou Sanogo, destitué pour « mauvaise gestion de la rébellion dans le nord du pays ». « Il sera remis prochainement, avec les dirigeants du régime qui sont sains et saufs, à la justice malienne », dit-il. Qui dit vrai ? Selon les analystes, ce putsch, qui a commencé par inadvertance, mercredi, lorsque des soldats se sont mutinés pour réclamer plus de moyens pour faire la guerre à la rébellion du nord, est une conséquence de l'afflux d'armes et d'activistes de la Libye. « Sous-équipée, mal préparée, l'armée malienne acceptait mal son incapacité à mater la rébellion du 23 mai appuyée par Al-Qaïda au Maghreb islamique, Ansar Din et le Mouvement national de libération de l'Azawad dont la plupart des membres étaient des mercenaires en Libye », disent-ils avant de rappeler qu'ATT a été confronté à deux jours d'émeutes, les 2 et 3 février, à Bamako et dans les villes abritant des garnisons, Kayes, Ségou et Kati. Conséquence de cette incompétence ou de ce refus d'ATT d'être « assez belliciste » depuis la chute le 12 mars de la ville de Tessalit, dans l'Adrar des Iforas, selon les rebelles, « repli stratégique de l'armée » pour des raisons humanitaires, selon Bamako : plus de 206.000 Maliens ont fui leurs maisons. Mais qu'est-ce qui pourrait changer avec l'avènement de ces officiers subalternes ? Rien ou presque. « La crise dans le nord constitue 70% des causes de notre soulèvement », reconnaît le chef des mutins promettant de lutter contre la cherté et les autres difficultés qui affectent le citoyen, donner une éducation de qualité aux élèves, du travail aux chômeurs et de « bonnes conditions de vie, de travail, de traitement salarial » aux militaires. Avec quels moyens ? Il ne le dit pas. La Commission européenne a annoncé, hier, la suspension des opérations de développement « jusqu'à ce que la situation se clarifie », indique le commissaire au Développement, Andris Piebalgs. La Banque mondiale et la Banque africaine de développement ont conjointement annoncé, jeudi, avoir suspendu leurs opérations de développement au Mali « à l'exception de l'aide d'urgence ». Le MNLA annonce qu'il poursuivra son offensive pour « déloger l'armée malienne et son administration de toutes les villes de l'Azawad ».