Une conférence sur l'enfance abandonnée et la génétique sera donnée le 3 décembre prochain à l'université de Sidi Bel-Abbes par Mohamed- Cherif Zerguine. Contacté, ce dernier a souligné que l'histoire des enfants abandonnés est complexe et délicate et cela depuis la nuit des temps. « Elle est jalonnée de périodes cruelles et seule la foi en Dieu en réduit le calvaire » a-t-il noté. M. Zerguine a rappelé qu'après l'injustice incarnée par le verdict du destin subi à la naissance, l'enfant est confronté à l'humiliation provoquée par les différents qualificatifs employés à son égard : adultérin, illégitime... « Tous ces mots finissent par le réduire à une chose humaine : coupable d'être né ! » fera-t-il observer. M. Zerguine a estimé qu'il s'agit de rendre le sourire à l'orphelin, redonner espoir à l'adolescent évoluant dans les établissements pour enfants privés de famille, déculpabiliser la jeune femme, le jeune homme à qui on a séquestré toute information les concernant. Une proposition d'un projet de texte législatif relatif à la Kafala a été présentée par M. Zerguine. Celui-ci tend à amender l'article 125 de la loi n° 84-11 du 9 juin 1984 portant code de la famille, et autorisant l'insertion au sein du livret de famille d'une nouvelle page intitulée « Kafil-Mekfoul » et la transcription sur celle-ci du nom de l'enfant Mekfoul. « La Kafala est un mode de recueil prévu par le Coran et reconnu par l'article 20 de la Convention internationale des droits de l'enfant, comme une mesure pérenne de protection de l'enfant sans famille. Les enfants en Kafala sont des enfants sans famille, recueillis légalement pour la plupart d'entre eux, par des familles venues leur apporter équilibre psychoaffectif et prise en charge matérielle » a-t-il indiqué. Le régime de la Kafala en Algérie, selon M. Zerguine, est fixé par quelques articles sommairement édictés dans le code de la famille de 1984. « Il institue et cadre le recueil légal, mais reste très insuffisant et loin d'être une garantie inviolable pour l'enfant. D'ailleurs, on s'aperçoit aisément, à la lecture de ce texte, de la très lourde absence de mécanismes protecteurs et la réalité du terrain nous le confirme. Par ailleurs, le statut juridique des naissances sous X en Algérie, n'existe pas » a-t-il mentionné, tout en précisant que l'enfant né sous x n'est pas un objet, il a une histoire et des droits inaliénables d'un être humain à part entière. Constatant que la Kafala telle que définie aujourd'hui par la législation en vigueur reste très archaïque et profondément insuffisante à l'endroit de l'enfant, M. Zerguine a cité plusieurs propositions entre autres la démarche de recueillir un enfant ne doit pas être prise à la légère. Celui-ci a précisé que la Kafala doit incarner une garantie inviolable à l'endroit de l'enfant Mekfoul. « Il est temps d'ouvrir le dossier en souffrance, qualifié d'épineux, par une duplicité de détracteurs. Il est de notre devoir à tous en notre qualité de citoyen musulman intègre, de travailler sur un consensus qui, indépendamment de l'aspect matériel, permettrait la protection de l'enfant lorsque le Kafil décède, tout en lui garantissant une famille et un toit » notera-t-il. Concernant la traumatisante « Attestation de naissance », délivrée par les DAS (Direction de l'action sociale), tenant lieu d'acte de naissance original, M. Zerguine estime sa suppression pour les enfants recueillis en Kafala. « Il serait plus pratique d'insérer une nouvelle page dans le livret de famille, intitulé « Kafil-Mekfoul », et d'y transcrire le nom concordant de l'enfant Mekfoul. L'institution de la Kafala ne doit pas être provisoire, elle doit être définitive » a-t-il souligné. Mohamed Medjahdi Il est à rappeler que M. Mohamed Cherif Zerguine est auteur, militant des droits de l'enfant, qui défend la cause de l'enfance abandonnée. Lui-même né de parents inconnus, il publie au mois de mars 2009 son témoignage sur la condition de l'enfant abandonné : « Pupille de l'Etat-La Peur de l'inconnu », afin de sensibiliser la société. Au mois de mars 2011, il publie « Nés sous X dans le monde arabo-musulman ». Ce questionnement à l'endroit des exégètes religieux revendique le recours à l'ADN pour établir la filiation de l'enfant né hors mariage quand le géniteur est identifié.